Renaud Lemaire, dirigeant associé d'Icédap.

Renaud Lemaire, dirigeant associé d’Icédap.

Les organismes de formation face à leur responsabilité sociétale

Les organismes de formation peuvent être séduits par l'adoption d'une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises). L'exercice réclame une longue réflexion en amont, à tous les niveaux de l'entreprise, mais peut ouvrir la porte à de nouveaux marchés. Un webinaire de EdTech Grand Ouest était consacré au sujet.

 

Par - Le 21 novembre 2025.

« Adopter une démarche RSE [responsabilité sociétale des entreprises] n'est pas réservé aux grosses structures », désamorce Renaud Lemaire, dirigeant d'Icédap, organisme de formation (OF) en e-learning « très implanté dans le domaine de la banque et de l'assurance. »

Codifiés au sein de la norme internationale ISO 26 000, les grands principes de la RSE s'articulent autour de sept piliers : droits de l'Homme, gouvernance de l'organisation, relations et conditions de travail, environnement, loyauté des pratiques, questions relatives aux consommateurs, communauté et développement local.

Pourquoi un OF se lancerait-il dans l'aventure ? Renaud Lemaire témoigne de sa propre expérience. « Déjà c'est une conviction des dirigeants. Si elle n'est pas partagée, la démarche risque d'être médiocre voire inefficace. Nous avions aussi besoin de créer un collectif plus fort, de transversalité entre les collaborateurs autour de sujets porteurs, avec un vrai besoin de les comprendre. »

 Ne pas négliger la réalité économique

Véronique Hilaire, responsable marketing et RSE d'Icédap, joue franc jeu : « le cheminement est assez long. » Renaud Lemaire prévient, « attention à ne pas tomber dans un côté trop militant au détriment de la réalité économique de l'entreprise. Il faut se concentrer sur ce qui est responsable et rentable. »

La responsable marketing retrace, dans les grandes lignes, la méthode adoptée par son organisme de formation en 2022. « En nous intéressant de plus près à la RSE, nous avons eu très peur car la notion est très vaste et très dense. Décision a été prise d'avancer petit pas par petit pas. Nous avons interrogé nos collaborateurs sur la façon dont ils percevaient le sujet. Cette enquête nous a permis de faire un bilan de l'existant et ce qu'on pouvait rattacher à la RSE. »

Entre la première étape, et la restitution à la direction, six à huit mois ont été nécessaires selon elle. « C'est une très mauvaise idée de déléguer la mise en place de la RSE à un alternant ou à un unique salarié. Il faut fédérer un collectif dédié. Tout le monde, des dirigeants à l'ensemble des salariés, doit y travailler ».

Les entreprises partenaires, déjà engagées sur la thématique, ont aussi été mises à contribution. Un travail de longue haleine ayant permis à Icédap d'enclencher des actions concrètes : bilan carbone, hébergement écoresponsable, actions de mécénat, etc.

 Des bénéfices économiques bien réels

Loin de se limiter à la beauté du geste, l'adoption d'une démarche RSE est bénéfique pour l'entreprise. A commencer par l'avantage concurrentiel. « Vous êtes plus facilement référencés auprès des grands comptes. Ils exigent quasi systématiquement le détail [de votre démarche RSE]. Donc si vous voulez travailler avec eux, voire répondre à certains appels d'offres, c'est obligatoire. Économiquement, vous pouvez gagner ou perdre des marchés. »

Des labels existent, pour gagner en crédibilité / visibilité sur les marchés, à l'image de Lucie. « Une démarche de labellisation coûte environ 10 000€ sur quatre ans », précise le directeur.