Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail et des Solidarités, devant la commission des affaires sociales du Sénat, le 28 octobre 2025.

Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail et des Solidarités, devant la commission des affaires sociales du Sénat, le 28 octobre 2025.

PLF et PLFSS 2026 : « Notre intention n'est pas de mettre à mal l'apprentissage » (Jean-Pierre Farandou)

Face aux sénateurs, Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail et des Solidarités, réaffirme la priorité donnée à l'apprentissage. Certaines coupes prévues dans le projet de budget 2026 pourraient être revues une fois connus les chiffres officiels de la rentrée 2025.

Par - Le 30 octobre 2025.

Donné perdant dans le projet de budget 2026, l'apprentissage n'a pas encore rendu les armes. Au cours de son audition par la commission des affaires sociales du Sénat le 28 octobre, Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail et des Solidarités, a affirmé que l'intention du gouvernement n'était « pas de mettre à mal l'apprentissage ». Mais l'heure n'est plus à « une pratique extensive » de cette filière. « Globalement, cette politique est un succès, mais elle a été très fortement financée par l'État, avec un pic à 16 Md€ en 2024. » Un premier ajustement a été entrepris par l'État en 2025, que le ministre souhaite renouveler en 2026. Tout dépendra cependant des chiffres sur la rentrée 2025 qui seront disponibles « dans deux ou trois semaines ».

Un bouclage financier non finalisé à ce stade

« L'indicateur de performance, c'est le nombre d'apprentis. On sait que l'an dernier, il y a eu une petite décrue d'environ 3%. Cette année, on ne sait pas encore. Nous serons donc très attentifs aux chiffres qui vont être publiés », déclare Jean-Pierre Farandou. « Ce projet de budget, dans sa dotation initiale, anticipe un peu sur une baisse des volumes de manière non dite. Si on tient dans le budget, cela voudra dire qu'il y aura une baisse. À l'inverse, comme on peut le souhaiter, si on n'assiste pas à un déclin trop important, là il y aura un problème budgétaire. Attendons encore quelques semaines pour voir dans quel scénario nous nous trouvons. »

1,3 Md€ d'économies recherchées sur l'apprentissage

La prévision de financement de la branche « Travail et emploi » du budget 2026 s'élève à 17,65 Md€, soit une baisse de 2,36 Md€ par rapport à l'an dernier. Les économies recherchées du côté de l'apprentissage représentent 1,3 Md€ (970 M€ sur les aides aux entreprises qui seront réajustées, 320 M€ sur l'exonération de cotisations salariales pour les apprentis, et 36 M€ grâce à la suppression de l'aide au permis de conduire des apprentis). Le projet d'élargissement de la taxe d'apprentissage aux associations notamment relève d'une autre branche du budget 2026. Pour le ministre du Travail, les échanges à venir au Parlement seront déterminants pour boucler le financement de l'apprentissage, que le gouvernement affirme maintenir parmi ses priorités. Il se dit par ailleurs ouvert à « travailler avec l'ensemble de l'écosystème pour en renforcer l'efficience et la qualité ».

Un manque de cap politique

Pour la sénatrice (LR) de l'Isère, Frédérique Puissat, rapporteur de la branche « Travail et emploi », ce projet de budget illustre un manque de cap politique sur l'apprentissage. « On repart sur une baisse d'à peu près 1 Md€ pour les entreprises alors que nous étions convenus de ne pas toucher à l'aide cette année », indique-t-elle au Quotidien de la Formation. Il faut dire qu'entre temps, le ministre a changé. Ce revirement n'est pas sans risque, prévient la sénatrice : « Si l'on n'a pas de trajectoire claire sur des budgets qui irriguent tout un écosystème, on risque de casser la dynamique. » À l'issue de l'audition de Jean-Pierre Farandou, elle se déclare optimiste sur son sens de l'écoute.

Toucher plutôt au PIC

Parmi les propositions qu'elle porte figure l'ajustement du PIC (Plan d'investissement dans les compétences) et des Pric (Pactes régionaux d'investissement dans les compétences). « Je serai intraitable sur ce point, dit-elle. Il s'agit d'un dispositif qui n'est pas piloté et qui a été largement abondé alors qu'il n'a pas montré son efficacité notamment sur les formations infra bac ». Pour Frédérique Puissat, supprimer la contribution de France compétences au PIC s'élevant à 800 M€ (rapport d'activité 2024) serait une première étape vers le retour à l'équilibre de l'établissement public.

Rediscuter de l'apprentissage dans le supérieur

À propos du développement de l'apprentissage dans le supérieur, Jean-Pierre Farandou se dit prêt à étudier des pistes de « recentrage et d'efficience ». L'ambition de la réforme était d'ouvrir davantage l'apprentissage au supérieur. « Cela a-t-il été maîtrisé ? Peut-être pas. Est-ce que cela a donné lieu à une sphère d'économie discutable, à marge excessive ? Peut-être », reconnaît-il. Pour lui, « cela fait partie des thèmes d'optimisation à poursuivre ».

De son côté, Frédérique Puissat souhaite relancer le débat sur la question des coûts contrats à l'université. « Ce n'est pas normal que les mêmes coûts s'appliquent aux CFA (centres de formation d'apprentis) et aux universités. En effet, ce ne sont pas les coûts contrats qui financent les salaires des enseignants ni les murs des universités, alors que c'est le cas dans les CFA », dit-elle.

 

Revoir l'audition du ministre du travail et des solidarités.