« Avant il y avait un marché relativement segmenté... cette époque est révolue » (Michel Clézio, Synofdes)

Le Synofdes et le CNEA, qui regroupent des employeurs de l'économie sociale et solidaire, achèvent une tournée pour informer leurs adhérents sur les conséquences de la loi du 5 septembre 2018 qui réforme profondément la formation professionnelle. Après Caen, Nantes, Lyon, Strasbourg, Besançon et avant Paris et Lille, ils se sont arrêtés à Toulouse le 5 avril. 

Par - Le 09 avril 2019.

Michel Clézio, président du Synofdes [ 1 ]Syndicat national des organismes de formation de l'Économie sociale, qui regroupe environ 200 organismes., a évoqué à Toulouse les conséquences de la réforme sur l'activité des prestataires de formation lors d'une réunion organisée avec le CNEA [ 2 ]Conseil national des employeurs d'avenir, qui regroupe quatre branches (l'animation, le sport, le tourisme social et familial et les foyers et services pour jeunes travailleurs) et environ 12 000 structures.. Les organismes de formation souhaitant bénéficier de financements publics ou de fonds mutualisés ont jusqu'au 1er janvier 2021 pour être certifiés, selon de nouvelles modalités. La certification qualité est donc leur porte d'entrée dans cette réforme, le chantier prioritaire, la condition nécessaire. Les OF en ont saisi l'enjeu puisque la première réunion d'un nouveau cycle  d'information centré sur la certification qualité, prévue à Paris le 18 avril, a déjà fait le plein avec 400 inscrits.

« Nous attirons l'attention de nos adhérents sur le changement de culture et de perspective qu'induit cette loi, explique le président du Synofdes. On a trop tendance à considérer les éléments techniques (la monétisation du CPF [ 3 ]Compte personnel de formation, l'application numérique, le développement de l'alternance...). Mais ces éléments imposent un changement de perspective en matière d'ingénierie de formation, de communication de notre offre de formation et d'évaluation. »

Des opportunités

Pour lui, le recentrage des dispositifs au service des politiques de l'emploi et le développement de l'alternance sont une opportunité pour ses adhérents. Mais elle les oblige à élargir leur offre. « Avant il y avait un marché relativement segmenté : des gens qui faisaient du contrat pro, des CFA qui faisaient de l'apprentissage, des organismes de formation comme nous qui intervenaient beaucoup dans le cadre de politiques publiques de formation et d'accompagnement, d'autres OF plutôt sur le champ de l'entreprise. Cette époque est révolue », affirme-t-il.

L'assistance a été convaincue de cette nécessaire révolution. « Il faut qu'on acquière de nouvelles compétences, qu'on se réforme, qu'on se réorganise, avec une transition pas facile, confirme, non sans inquiétude, une participante, Sophie Baudriller, déléguée régionale de l'UFCV en Occitanie. On avait une certaine typologie de clients, un marché, et tout cela va changer. C'est énorme. Cela va dans un sens positif, pour favoriser la formation des demandeurs d'emplois et des salariés des PME, mais c'est tellement brutal que ce n'est pas sûr que ça marche au départ. »

Des risques

Michel Clézio ne cache pas les risques pour les organismes les plus modestes, qui auront du mal à suivre les changements d'ingénierie de formation, de révision de l'offre, de communication, d'intégration d'un système documentaire qualité. « Tout cela a un coût non négligeable qui sera plus ou moins bien supporté selon la taille des OF, leur dotation en service RH, le système documentaire qualité qu'ils ont déjà… », pointe-t-il, suggérant qu'on assistera peut-être à des regroupements de petits OF ou de recentrage sur leur territoire et leur niche de compétence.

 

Notes   [ + ]

1. Syndicat national des organismes de formation de l'Économie sociale, qui regroupe environ 200 organismes.
2. Conseil national des employeurs d'avenir, qui regroupe quatre branches (l'animation, le sport, le tourisme social et familial et les foyers et services pour jeunes travailleurs) et environ 12 000 structures.
3. Compte personnel de formation