Erasmus+ pour tous et partout, l'exemple des MFR d'Auvergne-Rhône-Alpes

Depuis 2002, la fédération régionale des Maisons familiales rurales (MFR) d'Auvergne-Rhône-Alpes déploie avec succès des projets de mobilité internationale. Premier épisode d'une série consacrée à une sélection d'initiatives territoriales soutenues par Erasmus+ alors que s'ouvre la programmation 2021-2027.

Par - Le 21 juillet 2021.

Au même titre que les autres projets qui composent le recueil de bonnes pratiques que vient de publier l'agence Erasmus+ France / Éducation Formation, le projet de mobilité européenne déployé par la fédération régionale des MFR Auvergne-Rhône-Alpes sur la période 2017-2019 est une « source d'inspiration », estime dans son édito Laure Coudret-Laut, directrice de l'agence : de quoi permettre « aux acteurs de ces territoires de s'inscrire dans la dynamique créée par l'augmentation du budget de 80 % sur la période 2021-2027 au bénéfice de ceux qui y vivent », espère-t-elle.

Dans un entretien accordé au Quotidien de la formation, Sébastien Thierry, directeur général adjoint de l'agence Erasmus+, confirme en insistant sur la dimension « modèle » qui caractérise selon lui le projet des MFR :  avec quelque 138 alternants et 48 encadrants [ 1 ]13 accompagnateurs et 35 formateurs, maîtres d'apprentissage et administrateurs. bénéficiaires, le projet présente l'intérêt d'« équilibrer » la mobilité des jeunes et des professionnels. Pourquoi est-ce important ? Parce que « les encadrants jouent un rôle de prescripteurs », explique-t-il.

Des maîtres d'apprentissage « ambassadeurs »

Pour Charlotte Mestre, adjointe technique à la fédération régionale des MFR Auvergne-Rhône-Alpes, l'expérience internationale des maîtres d'apprentissage est d'autant plus importante pour la dynamique des programmes de mobilité qu'ils jouent à leur retour un « rôle d'ambassadeur auprès de la profession, alors qu'ils sont parfois à l'origine réticents à laisser partir les jeunes », témoigne-t-elle. Un deuxième intérêt est à rechercher dans les caractéristiques propres au réseau des MFR : avec une présence forte en zone rurale et péri-urbaine, les MFR « incarnent et symbolisent l'enjeu territorial », en démontrant qu'Erasmus+ est bel et bien un « programme de mobilité pour tous », souligne Sébastien Thierry.

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Progression de la mobilité

Portrait de Charlotte Mestre, adjointe technique à la fédération régionale des MFR Auvergne-Rhône-Alpes

Charlotte Mestre, adjointe technique à la fédération régionale des MFR Auvergne-Rhône-Alpes

De plus en plus médiatique avec l'implication de l'ex-député européen Jean Arthuis, désormais président d'Euro App Mobility, le sujet de la mobilité des apprentis n'en est pas moins une « longue histoire » au sein des MFR, témoigne Denis Amblard, coordinateur du pôle Pédagogie Éducation de la fédération régionale. De fait, la pratique des programmes européens remonte à 2002, avec un projet Leonardo de mobilité internationale qui a majoritairement bénéficié à des CAP, « à une époque où il y avait très peu de mobilité internationale pour la formation professionnelle en général et encore moins pour l'apprentissage », se souvient-il.

Depuis cette date, la fédération n'a jamais cessé de porter des programmes de mobilité qu'elle met à la disposition des MFR, avec un succès croissant : « Plus on avance, plus la mobilité est populaire, jusqu'à devenir un critère de sélection des établissements pour les familles », affirme Charlotte Mestre. Des familles qui ont de plus en plus de choix, avec pas moins de 55 MFR embarquées dans des programmes de mobilité sur la période 2014-2020, dont 13 dans le cadre du projet 2017-2019 mis en lumière par l'agence Erasmus+.

Révélateur de compétences

« Ce projet a permis à des MFR qui n'étaient pas encore impliquées de s'initier aux démarches de mobilité », se félicite Denis Amblard. Pour les jeunes, l'objectif était de développer leurs compétences professionnelles, linguistiques et comportementales. Selon Charlotte Mestre, les premières sortent renforcées, les secondes bénéficient d'une forte amélioration de l'aisance orale et les troisièmes sont marquées d'un net gain en matière d'autonomie, d'adaptabilité et d'ouverture à l'inter-culturalité. « Les jeunes qui réalisent ces séjours n'ont pas souvent beaucoup d'expérience de séjours internationaux », rappelle Denis Amblard, « aller vivre trois semaines à l'étranger – durée minimale d'immersion pour obtenir des résultats -- leur montre qu'ils sont capables de franchir le pas. » Et, surtout, d'en revenir auréolés d'une nouvelle confiance : « Le séjour de mobilité a souvent une fonction de révélateur des compétences possédées, soit qu'ils ne les mesurent pas, soit qu'ils les sous-estiment. »

Nouvelles ambitions pour 2021-2027

À l'orée de la nouvelle programmation Erasmus+ 2021-2027, la fédération régionale des MFR Auvergne-Rhône-Alpes entend bien poursuivre sur sa lancée. « L'objectif est que chaque MFR vive une expérience de mobilité », annonce Charlotte Mestre. Alors que la fédération travaille à la formation des référents mobilité et à la mise en place de stratégies mobilité dans chaque établissement, les projets ne manquent pas : poursuite des mobilités courtes et montée en puissance des mobilités longues, essor des mobilités virtuelles et développement des sections européennes sont au programme.

À quoi s'ajoutent de nouvelles ambitions autour de la reconnaissance des compétences acquises en mobilité, tant par les jeunes que par les professionnels. Au-delà des mécanismes de reconnaissance traditionnels du type Europass Mobilité dont bénéficient déjà les jeunes, le réseau réfléchit à la création d'« open badges » pour reconnaitre les compétences des professionnels.


Erasmus+ dans les territoires, recueil de projets Erasmus+, 2021 :

Erasmus+ dans les territoires

Notes   [ + ]

1. 13 accompagnateurs et 35 formateurs, maîtres d'apprentissage et administrateurs.