2009 : rude première année, pour Pôle emploi
Chargé de gérer les conséquences sociales de la crise, l'ex-ANPE a connu une hausse extrêmement rapide et brutale du nombre d'inscriptions de demandeurs d'emploi, inconnue depuis le début des années 1990.
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 septembre 2010.
Avec une perte brute de 321 500 emplois entre 2008 et 2009, le taux de chômage global est passé à près de 10 % des actifs. L'emploi salarié a reculé dans l'ensemble des régions de l'hexagone, à l'exception de la Corse (qui connaît une hausse des emplois de 0,9 %) et tous les secteurs économiques sont impactés. Premier secteur touché : l'industrie, avec une diminution de 5,2 % de l'activité (en tenant compte des missions d'intérim). La construction, avec une baisse de 2,4 % des emplois impactés a également souffert, mais le secteur tertiaire, ayant connu des destructions d'emploi à hauteur de 0,9 %, a aussi subi les conséquences de la crise. Ainsi, en décembre 2009, 2,65 millions de personnes étaient indemnisées par Pôle emploi contre 2, 33 en 2008. Selon les observations du Bureau international du travail (BIT), le taux de chômage français s'élevait à 9,6 % pour la métropole, 10 % en tenant compte des départements d'outre-mer. Toutefois, les mauvais chiffres ont tendance à s'atténuer en fin d'année 2009. Le quatrième trimestre semble ainsi marquer un arrêt de la dégradation tant du point de vue économique (+ 0,6 % de PIB) que de celui de l'emploi salarié (+ 0, 2 %). L'intérim a également connu un regain, avec près de 40 000 postes nouveaux.
Avec 6 millions d'inscriptions dans l'année et une moyenne de 380 000 appels quotidiens au 39 49, Pôle emploi a enregistré son premier record d'affluence dès l'année même de sa création. Il a mis en place un plan de mobilisation afin de garantir la continuité du service public de l'emploi : nouvelles embauches, renouvellement du système d'information, accompagnement du plan de relance et appel à des opérateurs privés de placement.
“Les valeurs du Pôle emploi sont au nombre de trois, indique Christian Charpy, président du conseil d'administration de l'institution, “la simplicité, car il faut garantir aux demandeurs d'emploi et aux entreprises la facilité et la fluidité d'accès de notre offre de services. L'équité afin d'offrir à chacun un service personnalisé qui corresponde à sa situation et à ses besoins spécifiques, de façon égale sur l'ensemble du territoire. L'efficacité, enfin, pour rendre le meilleur service possible en mobilisant toute notre compétence et nos expertises".
Le successeur de l'ANPE et des Assedic a prolongé les conventions qui liaient l'ANPE aux Missions locales (pour les jeunes) et à l'Agefiph (pour les personnes en situation de handicap) avec pour objectif de réinsérer dans l'emploi 150 000 jeunes et 70 000 personnes handicapées. Par ailleurs, afin d'accompagner le suivi du RSA, créé en 2009, Pôle emploi a signé un accord-cadre avec l'Assemblée des départements de France visant à fixer les règles des partenariats pouvant être conclus avec les conseils généraux dans le cas où ces derniers souhaiteraient confier l'accompagnement des bénéficiaires du RSA au service public de l'emploi. Actuellement, 78 conseils généraux ont d'ores et déjà signé des conventions d'orientations et d'accompagnement avec le Pôle emploi.
Enfin, la création de Pôle emploi s'est concrétisée par la création (ou l'adaptation) de sites mixtes réunissant les compétences et les personnels autrefois dévolus à l'ANPE et aux Assedic. Fin 2009, 841 de ces sites étaient déployés sur un total de 910. Si le changement de signalétique a été bien perçu par les partenaires de l'institution, le Pôle emploi a tout de même été contraint de s'adapter à une comptabilité relevant désormais entièrement du droit privé et ce, sans retarder le versement des presque deux milliards d'euros d'allocations mensuels. Si 2009 a constitué la première année d'existence de cette nouvelle institution du service public de l'emploi, la crise fit qu'elle s'avèra également être celle du baptême du feu pour 49 000 agents du Pôle emploi répartis au sein des 27 directions régionales.
UNE CAMPAGNE DE RECUEILS D'OFFRES
À partir de juin 2009, après plusieurs mois de baisse sensible du nombre d'offres d'emploi recueillies, Pôle emploi a lancé une grande campagne pour renforcer le recueil d'offres. Environ 500 000 entreprises, dont la moitié ne faisait pas - ou très peu - appel aux services de Pôle emploi, ont été contacté suite à une opération de mailing, puis par téléphone. Cette campagne marketing visait notamment les entreprises détectées comme ayant un potentiel de recrutement malgré la crise. Menée avec l'appui des forces de prospection de Pôle emploi, cette opération a permis de redynamiser la relation entreprise et d'enrayer la baisse des offres en recueillant, entre juin et août, environ 400 000 offres auprès des entreprises ciblées.