89 % des salariés ayant suivi une formation par le biais d'un Cif ont obtenu leur diplôme (enquête de l'Observatoire des transitions professionnelles des Fongecif).
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 septembre 2010.
Les Fongecif ont pour mission d'accompagner les parcours de transition professionnelle. Parmi les dispositifs permettant cette évolution, le congé individuel de formation (Cif), n'avait jusqu'à présent fait l'objet que de peu d'études concernant les retours sur les formations effectuées. Avec la parution de l'étude « Les parcours de transition professionnelle des salariés » établie de 2007 à 2010 par l'observatoire des transitions professionnelles des Fongecif, ces derniers disposent désormais d'un document chiffré sur la portée du congé individuel de formation.
Débutée en 2007, cette étude, réalisée par l'Observatoire des transitions professionnelles, et a été dirigée par Marie-Odile Lenhardt, directrice du Fongecif Alsace, Renée Husson, directrice du Fongecif Rhône-Alpes, et Dominique Crochu, directeur du Fongecif Bretagne concernait 5596 salariés, répartis dans les trois régions concernées. L'objectif de l'étude visait à identifier les parcours les plus couramment constatés par les Fongecif. A ce titre, le métier d'origine des salariés concernés a été sélectionné en guise de point de départ de l'enquête. Si l'étude portait sur 99 domaines professionnels différents, près de 46 % des salariés interrogés (soit 2601 collaborateurs) n'appartenaient qu'à 13 branches de métiers.[ 1 ]Personnels de conduite du transport routier, Secrétariat et assistance, Mécanique, travail des métaux et outillages, Magasinage, manutention des charges et déménagement, Grande distribution, Commerce non-alimentaire et de prestations de confort, Service et personnel de cuisine, Professionnels médico-techniques, Force de vente, Alimentaire, Sécurité privée, Systèmes d'informations et de télécommunication, Aide à la vie quotidienne.. Même si le poids de chacune de ces professions est différent d'une région à l'autre (à titre d'exemple, les métiers de l'informatique ne représentent que 2 % du panel breton contre 5 % en Rhônes-Alpes, du fait, notamment de la présence du technopôle grenoblois), aucune disparité réellement notable ne transparaît des résultats de l'enquête.
Transport, santé et bâtiment: les choix prioritaires des salariés en reconversion
A l'observation des formations choisies au titre du Cif, trois domaines professionnels se taillent la part du lion. Ainsi, 25 % des demandes de Cif portent sur des formations liées au transport, à la manutention et au magasinage (au sein de cet échantillon, près de 65 % des salariés en formation effectuent un apprentissage de conducteur routier), 17 % concernent les domaines de la santé et du travail social (où le métier d'aide-soignant est plébiscité par 39 % des salariés en Cif) et 10 %, le bâtiment (le métier d'installateur sanitaire et thermique concerne 33 % des stagiaires). Quant aux autres formations, elles concernent, ex-aequo, l'enseignement, la formation et l'animation ou les autres spécialités d'échanges et de gestion, à hauteur de 6 % chacune. En queue de peloton, on peut trouver des formations ne connaissant que peu de demandes comme l'accueil, l'hôtellerie et le tourisme (1 %), les technologies industrielles (1 % également) et, plus étonnant en cette époque où le développement durable et la consommation d'énergie eco-responsable ont le vent en poupe, les formations dans le domaine de l'énergie et du génie climatique ne sont suivies que par 1 % du panel.
Quatre domaines de formation pour les femmes contre deux pour les hommes
Il ressort de cette étude que les salariés les moins diplômés sont ceux qui diversifient le moins leurs choix de formation. Ainsi, les niveaux infra V choisissent à 36 % de se former dans le domaine du transport, 15 % dans le secteur de la santé et du travail social et 11 % dans le bâtiment. A l'inverse, 26 % des salariés de niveau III choisissent de suivre des apprentissages dans le domaine de la comptabilité et de la gestion, 9 % dans celui de l'enseignement et 7 % dans l'informatique. Ils sont également 6 % à faire le choix d'une formation liée au développement personnel, domaine totalement absent chez les salariés dont le niveau de qualification est en deça du niveau V. L'étude montre également que les femmes font des choix de formation moins uniformes que les hommes : 57 % d'entre elles privilégient quatre domaines d'apprentissage (transport, bâtiment, santé, mécanique) là où 55 % des hommes se concentrent sur seulement deux (transport, santé).
Les motivations de la seconde carrière
La reconversion dans un domaine éloigné de son métier d'origine est motivée pour de multiples raisons : un premier travail purement alimentaire ne correspondant plus aux aspirations du salarié, des difficultés de santé obligeant la reconversion, une lassitude croissante face aux conditions de travail, etc. Pour les vendeurs, télévendeurs, caissiers et personnels de cuisine, la première motivation du changement de profession est généralement le rejet du métier de départ. En ce qui concerne les vendeurs souhaitant entamer une deuxième carrière, 20 % se tournent vers les métiers de la santé et du travail social, 16 % vers l'esthétique et la coiffure et 14 % dans le domaine de la gestion et de la comptabilité. Les ouvriers de l'industrie agroalimentaire plébiscitent eux aussi la santé et le domaine social lors de leurs reconversions (26 %), mais, poussés par leurs faibles qualifications de départ, se tournent aussi vers le transport (17 %), le bâtiment (13 %) ou l'agroalimentaire (8 %). L'enquête révèle qu'il fait en moyenne 14 ans à un salarié avant que ce dernier n'envisage de quitter son premier emploi en vue de changer de carrière. Cependant, si les personnels de cuisine et les serveurs ne conservent leur emploi que 11 %, d'autres métiers plus impliquants, comme celui d'auxiliaire de vie, se satisfont de leur carrière initiale pendant 16 ans.
Des accompagnements adaptés
Avant d'entrer dans la période de Cif proprement dite, le Fongecif accompagne le salarié lors de la mise en place de son projet de formation pendant un certain nombre de mois, en fonction du niveau de qualification de ce dernier. Ainsi, pour les niveaux III et plus, il se passe environ 10 mois entre le premier contact avec le Fongecif et l'entrée en Cif. Cette durée s'élève à près de 13 mois pour les niveaux V, mais seulement 12 pour les niveaux Infra V. Les salariés qui s'éloignent radicalement de leur métier d'origine mettent davantage de temps à entrer en formation. A titre d'exemple, les chauffeurs sont accompagnés pendant 9 mois par le Fongecif là où un ouvrier de l'agroalimentaire connaîtra une période de 15 mois avant d'être mûr pour son apprentissage. En règle générale, plus le choix de reconversion est éloigné du métier de départ et plus le temps d'élaboration du projet sera long. Afin de faciliter la mobilité, le Fongecif recommande l'instauration de bilans de compétences ainsi que d'étapes préalables (acquises, par exemple, au titre de la VAE) avant l'entrée en formation proprement dite.
89 % des salariés ayant suivi une formation par le biais d'un Cif ont obtenu leur diplôme
Selon les résultats publiés par l'observatoire des transitions professionnelles, 89 % des salariés ayant suivi une formation par le biais d'un Cif ont obtenu leur diplôme. 65 % changent de métier ou d'entreprise moins de six mois après leur sortie de formation (là encore, des disparités sont constatées en fonction des métiers choisis). Dans la même proportion, 65 % des salariés trouvent, par la suite, un emploi en lien avec la formation suivie, ce qui tend à prouver qu'en dépit de la crainte très légitime que peut susciter l'idée d'un changement de carrière à 180 °, l'assistance du Fongecif et les dispositifs prévus dans le cadre du congé individuel de formation sont souvent de bonnes garanties de reconversion réussies.
Notes
1. | ↑ | Personnels de conduite du transport routier, Secrétariat et assistance, Mécanique, travail des métaux et outillages, Magasinage, manutention des charges et déménagement, Grande distribution, Commerce non-alimentaire et de prestations de confort, Service et personnel de cuisine, Professionnels médico-techniques, Force de vente, Alimentaire, Sécurité privée, Systèmes d'informations et de télécommunication, Aide à la vie quotidienne. |