Entretien avec Hassina Hadj, “tuteur projet professionnel" du Gepsa (Gestion établissements pénitenciers - Services auxiliaires)

Un bilan de compétences intitulé “bilan évaluation-orientation"

Par - Le 01 janvier 2010.

Quelle est la nature de votre travail ?

Mon travail consiste à élaborer avec une quinzaine de détenus un projet professionnel, d'autant plus qu'ils sont très éloignés de l'emploi. Généralement, ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire. La construction du projet professionnel est également réalisée avec un psychologue du travail. Nous effectuons ensemble un bilan de compétences intitulé “bilan évaluation-orientation". Par exemple, si la personne est axée sur la communication ou la dynamique corporelle, elle sera orientée vers les métiers de la vente. Si elle a un profil dit conventionnel (personne manuelle), elle pourra opter pour la mécanique ou la restauration. Les personnes sont dirigées vers les métiers en tension (restauration, bâtiment, vente, etc.) et accessibles au public très éloigné de l'emploi.

Qu'en est-il du contact avec l'extérieur ?

Je prends un rendez-vous, pour le détenu, avec un employeur ou un centre de formation (Afpa, Gréta, CFA, etc.), suite à l'obtention d'une permission de sortie, dont le délai varie de trois semaines à un mois. Je prépare le candidat à l'entretien auprès de l'employeur ou du centre de formation. Auprès de l'employeur ou du centre de formation, je mets en avant la motivation et les compétences du détenu tout en évoquant la nécessité d'une formation (par le biais d'un contrat de pré-qualification, d'un contrat de professionnalisation, etc.).

Quand le projet d'insertion professionnelle est défini, le détenu peut bénéficier d'un aménagement de peine et terminer celle-ci à l'extérieur dans le cadre de mesures judiciaires (semi-liberté, liberté conditionnelle, etc.). Tout se passe toujours très bien, l'idéal étant de proposer cette démarche au détenu dès qu'il a effectué la moitié de sa peine. En tant que tuteur, nous nous portons garant de ces jeunes dont la peine est “aménageable", à la condition de justifier d'une entrée dans l'emploi ou dans un centre de formation. Au Gepsa, nous établissons un lien entre l'institutionnel (administration pénitentiaire) et le privé (les entreprises). En ce qui concerne l'expérimentation lancée en 2007 dans le quartier “courtes peines" de Fleury-Mérogis, notre intervention complète, par notre connaissance des entreprises et des dispositifs de formation, celle du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) (composé de travailleurs sociaux), axée sur l'application des mesures d'aménagement de peine. Sur le terrain, le Spip facilite la mise en œuvre du dispositif de préparation à la sortie et s'appuie sur notre réseau.