Etude du Cedefop : “Pour lutter contre l'inadéquation entre l'emploi et les compétences, il faut déterminer les besoins plus tôt"

Par - Le 01 septembre 2010.

Améliorer le niveau des compétences, c'est bien, mais ça ne suffit pas. L'Europe est face au défi qui consiste à les faire coïncider avec l'emploi. Le Cedefop s'est penché sur le phénomène à travers son étude The skill matching challenge : analysing skill mismatch and policy implications.

À l'horizon 2020, précise le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle, 31,5 % des emplois nécessiteront des qualifications de niveau supérieur que 34 % de la population active possédera. La moitié des emplois requerront des qualifications de niveau moyen qu'à peu près 48 % de la population active possédera. Environ 18 % de la population active sera peu ou non qualifiée, pour 18,5 % des emplois qui exigeront peu ou pas de qualifications.

Mais, comme le précise l'étude, “un bon équilibre de l'offre et de la demande signifie également que les travailleurs doivent occuper des emplois bien adaptés" et il est également prévu qu'en 2020, le marché du travail connaîtra un excédent de certaines compétences et une pénurie d'autres. Le défi consiste donc à faire coïncider compétences et emploi.

Le rapport décrit plusieurs situations d'inadéquation (voir encadré). Quand l'économie est en croissance, on peut assister à une pénurie de compétences, c'est-à-dire : pas assez de postulants pour un même poste. Elle peut être liée à des phénomènes de “sous-éducation" et/ou “sous-compétences". Une situation qui appelle une réponse en termes de formation, pour permettre aux travailleurs d'effectuer toutes les tâches requises. Si, à l'inverse, les pénuries surviennent quand les travailleurs sont en position de “suréducation" ou “surcompétences", cela indique que l'éducation et la formation ne sont pas en phase avec le marché du travail et qu'il faut les rééquilibrer, estime le Cedefop.
En période de crise, on trouve plutôt des personnes surqualifiées occupant des emplois de niveau inférieur. Ce qui peut constituer un avantage pour les entreprises, mais les personnes justement qualifiées pour ces postes sont évincées.

Pour les auteurs de l'étude, l'inadéquation des compétences est due à plusieurs causes : le manque d'information sur le marché du travail, le défaut de services de placement efficaces, le sous investissement dans la formation et la non réactivité des systèmes. La question la plus épineuse est : dans quelles compétences investir ? Des “compétences génériques" pour préparer à différents types d'emploi ? Des “compétences spécifiques" à même de réduire la pénurie de compétences dans un emploi directement lié, mais qui rendront vulnérable aux changements économiques ou technologiques ?

Pour équilibrer ces deux options, le Cedefop estime qu'il faut déterminer plus tôt et plus précisément les besoins de compétences émergents. Ce qu'aident à faire les prévisions au niveau national, mais ce qui pèche dans les entreprises. Mais, au vu des résultats de l'enquête Employer-provided vocational trainig in Europe, les entreprises renâclent à organiser des formations car elles n'en voient pas l'utilité. Surtout, elles n'évaluent pas leurs besoins. Seulement 26 % de celles qui proposent des formations ont évalué leurs futurs besoins en compétences.

L'étude estime qu'il faut définir les moyens de mesurer l'inadéquation et les aspects à mesurer : faut-il évaluer la sous ou la surcompétence, la sur ou la sous-qualification ? Pour ce faire, il est nécessaire de disposer de meilleures données à l'échelle européenne pour élaborer des politiques visant à améliorer l'adéquation des compétences avec les besoins de l'économie. Elle suggère l'introduction d'un module supplémentaire dans les enquêtes existantes
Des procédures à mettre en place rapidement. Les retombées de la crise de 2008-2009 vont aggraver le problème de l'inadéquation : elles accélèrent les changements concernant le contenu des emplois et les compétences requises.

TERMINOLOGIE

Le document relève toutes sortes d'inadéquations : pénuries, déficits ou excédents de compétences, “suréducation", “sous-éducation", surqualification, sous-qualification, “surcompétence", “sous-compétence", obsolescence économique des compétences, obsolescence physique ou technique, “inadéquation verticale" (le niveau d'éducation ou de compétences est plus élevé ou plus faible que le niveau requis), “inadéquation horizontale" (le niveau est adapté à l'emploi, mais le type de compétences ou de compétences ne l'est pas), déclassement ou “éviction vers le bas".