Jérôme Despey, nouveau président du Fafsea : “Renforcer nos services aux très petites entreprises, en mobilisant toutes les ressources disponibles"
Par Sandrine Guédon - Le 01 juillet 2010.
Vous venez de prendre vos fonctions de président du Fafsea, quelles sont vos priorités ?
En qualité de président, et en partenariat étroit avec le secrétaire général, il nous appartient de mettre en application ces orientations et ces priorités du conseil d'administration paritaire. Ce qui nous attend pour nos deux années de mandat est important : en premier lieu, la mise en œuvre du projet de décret relatif à la gestion des Opca, même si le Fafsea a déjà, depuis de nombreuses années, une couverture territoriale importante, des frais de gestion maîtrisés, et un niveau de collecte dépassant très largement les 100 millions d'euros. En second lieu, c'est de renforcer nos services aux très petites entreprises, car elles représentent 93 % de nos 174 000 entreprises adhérentes, qui ont souvent souffert, au cours des deux dernières années, de la crise qui a frappé toutes les productions agricoles. Notre mission est aussi d'accueillir de nouveaux secteurs ou de nouvelles entreprises qui ont ou qui vont décider de rejoindre le Fafsea, comme viennent de le faire le secteur des jardineries et des graineteries. De façon plus générale, ce que nous voulons, c'est apporter encore plus de services aux entreprises et à leurs salariés, en mobilisant toutes les ressources disponibles. De même, notre objectif est de poursuivre notre effort en faveur des salariés les moins qualifiés. Nous consacrons aujourd'hui une large partie de nos fonds à la formation des salariés les moins qualifiés (niveau V et infra). Nous poursuivrons cet effort au cours des deux prochaines années. Enfin, dans nos relations avec l'État, nous souhaitons être exemplaires dans la mise en œuvre des fonds du FPSPP dont la mobilisation a été confiée au Fafsea au titre des activités agricoles.
Le Fafsea affiche une hausse très importante des financements, comment l'expliquer ?
Les ressources du Fafsea sont en effet en progression. Il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau. Nous étions à 87 millions d'euros de collecte en 2000. Nous atteignons en 2009 le niveau de 181,4 millions d'euros, soit plus qu'un doublement en neuf ans. Ceci dit, la progression est moins forte en 2009 qu'au cours des années précédentes et ceci pour deux raisons : la crise a touché tous les secteurs et l'État a arrêté de compenser les exonérations de cotisations pour les entreprises de 10 à 20 salariés. Nous partions donc en début de campagne avec un handicap. Quant à la progression elle-même, elle s'explique par plusieurs phénomènes. L'offre se services du Fafsea, en permanente évolution, continue de rendre attractive l'adhésion à notre Opca et chaque année de nouvelles entreprises nous rejoignent, dans le respect des textes réglementaires et conventionnels. De nombreuses entreprises ont profité de la crise économique pour former leur salariés afin d'être mieux parées pour affronter la reprise. Une donnée est à cet égard révélatrice : le nombre d'heures financées dans les entreprises de moins de 10 salariés a progressé de 40 % en 2009.
Le secteur agricole étant “hors champ", quels sont vos rapports avec le FPSPP ?
Le Fafsea est en effet “hors champ" et nous sommes assujettis, comme tous les autres Opca, à collecter les 13 % au titre du FPSPP. Ce qui nous différencie des autres Opca réside dans le fait que le législateur, sur proposition du gouvernement, a décidé de confier aux partenaires sociaux de l'Agriculture (avec le Fafsea comme opérateur) la mise en œuvre de 50 % du FPSPP au titre des activités agricoles. C'est à la fois une juste reconnaissance par le Gouvernement de la spécificité agricole, de ses très petites entreprises, de leur dissémination sur tout le terrain, de ses besoins particuliers mais aussi une ardente obligation pour les partenaires sociaux de réussir la mise en œuvre de ces fonds, dans le cadre de la convention que nous venons de conclure avec l'État. Pour le reste rien ne différencie le Fafsea des autres Opca et nous ne nous interdisons absolument pas de répondre aux appels à projets du FPSPP. L'avenir nous dira si l'absence de représentation du “hors champ" dans la gouvernance du FPSPP est un handicap ou non.
L'Adema a bénéficié du FPSPP, quels sont vos autres projets susceptibles d'en profiter ?
L'Adema est en effet la mesure phare est la plus connue des mesures bénéficiant du financement du FPSPP. Rappelons en quelques mots qu'Adema est un dispositif innovant qui s'adresse aux demandeurs d'emploi intéressés par les métiers agricoles, qui passe par une phase d'immersion en entreprise et leur permet de construire un parcours professionnel, bâti au vu de cette première expérience en immersion. L'année 2010 sera la première année d'application. Nous nous sommes fixés un objectif de plus de 1 000 Adema avant le mois de décembre prochain. Mais Adema n'est pas la seule mesure. Les fonds du FPSPP serviront également à développer le congé de formation professionnalisant, autre mesure conçue par les partenaires sociaux, les congés individuels pour les saisonniers notamment, les contrats de professionnalisation en insertion, la lutte contre l'illettrisme, en collaboration avec l'ANLCI. Toutes ces mesures ont un objectif précis de développement de l'emploi et de la qualification, correspondant à de réels besoins des secteurs. Au total, c'est un objectif de plus de 8 millions d'euros que nous nous sommes fixés, dépassant très largement les fonds du FPSPP qui nous ont été laissés en gestion.
[(Adema “est une opportunité à saisir pour des demandeurs d'emploi peu ou pas qualifiés", selon le Fafsea. Pôle emploi proposera aux demandeurs d'emploi d'entrer dans ce dispositif, dont l'Opca finance les coûts pédagogiques des formations, à hauteur de 12 euros par heure et 652 euros pour la totalité du stage des demandeurs d'emploi en fin de droits. Le stagiaire se déroule en trois étapes : acquisition des connaissances de base sur les métiers en quatre jours dans un centre de formation ; immersion de quinze jours au sein d'un entreprise agricole ; formation de trois jours pour dresser le bilan individuel en vue d'une orientation professionnelle : soit directement en embauche, soit un contrat de professionnalisation, soit un Cif.)]