Le Centre de formation de la profession bancaire renforce son offre de formation anti-blanchiment

Par - Le 16 septembre 2010.

La question est sensible : entamée en début d'année, la “formation à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme" répond à un impératif : “Conformer le secteur bancaire français à la troisième directive européenne sur ce sujet, qui modifie sensiblement les dispositifs existants et implique une obligation de formation de tous les personnels", explique Gilles Macchia, directeur “recherche et développement" au Centre de formation de la profession bancaire (CFPB).

Ainsi, sous l'égide de la Fédération bancaire française (FBF) et le concours de l'Association française des marchés financiers pour les professionnels de la bourse et de la finance (Amafi) et de la cellule Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins (Tracfin) de Bercy, l'organisme de formation a pris l'initiative, en 2009, de construire un programme de formation “dont la réalisation a mobilisé plus de 70 collaborateurs de différents établissements et organismes, tous spécialisés, soit dans la lutte anti-blanchiment de capitaux, soit de la formation professionnelle", pour “former en deux ans 400 000, voire 700 000 collaborateurs d'organismes bancaires français et de leurs filiales à l'étranger".

“L'originalité de cette formation modulaire est qu'elle s'adapte à tous les publics, dans un sens plus proactif et ludique, en privilégiant une pédagogie inductive et les bonnes pratiques de prévention identifiées par la profession", précise Jean-Yves Le Custumer, responsable “Formations réglementaires" de la banque Natixis[ 1 ]Membre du groupe BPCE, issu de la fusion des groupes Caisse d'Épargne et Banque populaire. www.natixis.com , qui a aussi participé à la construction du programme.

Il s'agissait, explique-t-il, de “construire un dispositif reposant sur deux bases de contenus pédagogiques constituées de séquences d'apprentissage pour connaître, comprendre et appliquer (savoirs et savoir-faire en termes de réglementation, enjeux et obligations), ainsi que de cas pratiques issus de situations réelles". Ainsi, “un responsable de formation, peut, en fonction des besoins de son entreprise, de ses activités et métiers, et des collaborateurs concernés, construire les modules à sa convenance, explique-t-il. De plus, le programme concernant également les filiales à l'international, il peut, depuis juin dernier, recourir aussi à des modules en versions en langues étrangères (anglais, italien, etc.)".

Des flexibilités pédagogiques et techniques rendues possibles grâce à l'“Application de gestion et d'actualisation des modules" (Agam), qui permet à chaque établissement de “personnaliser la formation en y insérant ses propres messages et de procéder à des actualisations des contenus en fonction des différents décrets d'application et de l'évolution de la réglementation, sans avoir à toucher à l'ensemble du programme".

Serious game et jeu de rôle

Selon Gilles Macchia, la pédagogie adoptée donne “une place importante à l'attractivité, car pour nous, c'est l'une des conditions d'efficacité de la formation, surtout dans le domaine de la réglementation réputée trop sérieuse". Les concepteurs du programme ont donc choisi d'“utiliser des messages simples et concis, mettant en premier plan le rôle du collaborateur" et de “s'inspirer de la dynamique du serious game afin d'impliquer plus facilement le stagiaire, qui joue un collaborateur d'une banque imaginaire (la Fictive Banque, créée pour les besoins de la formation) devant résoudre des problèmes inspirés de faits réels". Il s'agit pour celui-ci d'“effectuer les diligences nécessaires dans le cadre de la lutte anti-blanchiment, de l'identification de l'opération atypique jusqu'à la transmission d'un relevé d'indices à sa hiérarchie".

“Les modules, ajoute Gilles Macchia, sont construit selon une approche pédagogique qui s'appuie sur la méthode PQER (présentation, questionnement, explication, à retenir)."

Jean-Yves Le Custumer ajoute : “Nous avons choisi une approche pédagogique inductive qui permet d'immerger le stagiaire dans son univers professionnel tout en lui apportant la distanciation nécessaire à l'apprentissage ludique et le droit à l'erreur."

LE CFPB

Organe de formation de l'ensemble de la profession bancaire, le CFPB, qui exerce ses missions en concertation étroite avec les instances de cette dernière (FBF, CSF, etc.), accueille annuellement 30 000 stagiaires (dont 11 000 en formations diplômantes). Il intervient notamment dans l'intégration des jeunes collaborateurs par l'alternance. Le CFPB est à la fois organisme formateur (170 000 heures de formation en 2009) et certificateur (26 diplômes et certifications professionnelles en 2010). L'organisme revendique quelques 450 entreprises bancaires et financières clientes sur les trois dernières années, et 43 millions d'euros de chiffre d'affaires. Il dispose d'un réseau de 11 délégations régionales et de 14 CFA Banques, et est présent dans sept départements d'Outre-mer, ainsi que dans 24 pays du Maghreb et d'Afrique Subsaharienne.

Notes   [ + ]

1. Membre du groupe BPCE, issu de la fusion des groupes Caisse d'Épargne et Banque populaire. www.natixis.com