Une formation de formateur pour l'accessibilité des transports publics au handicap : l'initiative de Transdev

Transdev, quatrième opérateur privé de transport public en Europe et filiale de la Caisse des dépôts, a lancé, du 21 au 23 avril derniers, une première formation de formateurs visant à sensibiliser les conducteurs de bus et de cars à l'accessibilité des personnes handicapées. Cette première session de formation a concerné sept personnes et s'est déroulée sur le réseau de la Semtao, filiale orléanaise de Transdev.

Une formation à l'accessibilité des personnes en situation de handicap dans un réseau de transport public s'accompagne obligatoirement d'une adaptation des équipements de ce même réseau. Installation d'ascenseurs dans les véhicules ou mise en place de bus à planchers plats adaptés conformes aux besoins de personnes handicapées sont les préalables techniques indispensables aux formations d'accueil par les conducteurs proprement dites. « Les entreprises de transports publics n'ont pas attendu la loi de 2005 pour mettre en place des commodités d'accueil favorables aux personnes handicapées », souligne Pierre Moïse, responsable marketing et innovation chez Transdev, en charge des problématiques d'accessibilité. « Dès 2000, des initiatives facilitant l'accès des personnes en situation de handicap avaient déjà été prises. Comme, par exemple, au sein du réseau des transports grenoblois. » La mise en œuvre de cette accessibilité nécessite néanmoins un travail sur chaque maillon de la chaîne, ainsi, la session de formation complète comprend trois phases de sensibilisation : la première consacrée à l'encadrement, la deuxième, aux personnels en contact avec la clientèle et la troisième aux encadrants directs des conducteurs.

« Si nous avons choisi le site d'Orléans pour cette première session », indique Pierre Moïse, « c'est pour deux raisons : la première est que la municipalité est déjà très active avec son tissu associatif sur la question du handicap, et la seconde est que la région orléanaise est dotée d'un double réseau de transports publics, comprenant à la fois bus et cars. » La formation en elle-même s'est déroulée sur trois jours. Quatre demi-journées ont ainsi été consacrées à un type de handicap particulier menée, à chaque fois, par un représentant d'une association. « L'Association des paralysés de France (APF) s'est chargée de sensibiliser les sept personnes en formation sur le handicap moteur, la Fédération des aveugles de France (FAF) a pris en main la question du handicap visuel, le Mouvement des sourds de France (MSF) a consacré sa session aux problèmes de surdité et l'Union nationale des parents d'enfants handicapés (Unapei) a effectué une information au sujet des personnes atteintes de handicaps cognitifs », souligne Pierre Moïse. Le dernier tiers de la formation, quant à lui, a consisté en une sensibilisation, à la fois en salle et dans les véhicules, à la manipulation des dispositifs techniques chargés d'aider les handicapés à se mouvoir dans les bus et les cars de la Semtao.

« Nous souhaitons que ces conducteurs deviennent prescripteurs et formateurs à leur tour », signale le responsable marketing et innovation de Transdev. « Notre objectif est que le module consacré au handicap soit intégré dans la formation des conducteurs, particulièrement au sein des petits réseaux interurbains. Après, en fonction des besoins, ce module peut être scindé en sous-modules adaptés aux besoins locaux comme la conduite souple, la sécurité, la relation avec les clients, etc. A terme, d'ici 2011, nous souhaitons que le module intègre le corpus de la formation légale obligatoire pour les chauffeurs de cars et de bus. »

Les conducteurs de bus et de cars sont tenus réglementairement de suivre une formation tous les deux ou trois ans. Intégrer l'accessibilité au cœur du plan de formation ne sera donc pas une difficulté pour Transdev. Cependant, précise Pierre Moïse, « nos programmes de formation ont vocation à évoluer. Si nous revenons encore et toujours sur les mêmes sujets, nos conducteurs se lasseront des formations ». Si l'objectif du numéro 4 des transports publics en Europe est, à terme, de permettre une accessibilité maximale aux personnes en situation de handicap dans les réseaux français, il peut difficilement établir un programme de formation commun pour les 46 000 salariés de l'entreprise à travers le monde. « Les législations diffèrent d'un pays à un autre. Mais, dans certains d'entre eux, comme en Grande-Bretagne, leurs formations à la diversité sont très en avance sur les nôtres. Cela fait très longtemps qu'ils ont intégré l'accueil aux différences dans leurs politiques de sensibilisation. C'est un choix de vie sociétal, là-bas. » Après le succès de cette première session de formation, une deuxième sera organisée en juin.