“Le conseil en orientation dans son environnement : réalités et perspectives"
Les 5es Rencontres régionales des professionnels de l'orientation tout au long de la vie organisées par le Prao (Pôle Rhône-Alpes de l'orientation) se sont tenues à Lyon le 21 avril dans un contexte marqué par la volonté de l'État comme des régions de faire de l'orientation une “priorité commune", le décloisonnement des services dédiés étant reconnu comme le vecteur d'une information plus complète et plus pertinente (voir aussi notre article).
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 mai 2011.
Concluant ces 5es Rencontres régionales, Jean-Robert Pitte, délégué à l'information et à l'orientation, a précisément salué les différentes convergences entre acteurs de la formation, de l'insertion et de l'orientation qui s'étaient succédé à la tribune tout au long de la journée. Saluant les initiatives, les partenariats engagés et les rapprochements développés en fonction des politiques territoriales.
Le DIO a toutefois pointé du doigt l'un des principaux problèmes de l'orientation en France : “Cela fait presque un an que j'ai été nommé aux fonctions qui sont les mienne et il existe encore beaucoup de sigles que j'ignore ! Heureusement que je dispose de bons conseillers, très bien informés", a-t-il lancé en forme de boutade.
Boutade ? Pas si sûr, car Jean-Robert Pitte n'a pas caché que la profusion d'organismes pouvait se révéler source de confusion, voire de découragement, chez les publics les plus en difficulté : “Prenons l'exemple d'un jeune décrocheur habitant en zone urbaine sensible. Comment peut-il s'y retrouver parmi tous les acteurs de l'orientation ? Doit-il se diriger vers Pôle emploi ? La Mission locale ? Un CIO ?"
Volontiers critique sur le système dans son ensemble, le DIO a reconnu que l'État devait, le premier, effectuer sa propre introspection. “Parmi les décrocheurs, beaucoup disparaissent dans la nature. Nous le savons. Malheureusement, en France, lorsqu'un problème se présente, notre réflexe est souvent de constituer une commission pour en discuter, ce qui aboutit à la création d'un véritable mille-feuilles administratif." Et de s'exclamer : “Actuellement, le territoire national compte près de 8 500 lieux d'accueil labellisés AIO (accueil, information, orientation), soit 70 à 80 par département… Cette situation est invraisemblable !"
“Lieux uniques d'orientation ?"
La loi du 24 novembre 2009 a, toutefois, instauré le “lieu unique d'orientation". Pour Jean-Robert Pitte, l'expression est “quelque peu malheureuse, car elle donne l'illusion que ce lieu unique va s'imposer à tous les acteurs de l'orientation sur un territoire, balayant leur histoire, leur spécificité".
En bon géographe, le DIO a tenu, justement, à apporter des précisions quant à cette unicité : “Ce lieu est un espace de vie. Pas au sens géographique du terme, bien entendu, mais il doit illustrer la synergie entre les acteurs de l'orientation sur un même bassin de vie. Un chômeur doit pouvoir entrer dans un CIO et se voir guidé vers un organisme susceptible de lui apporter des réponses. Un lycéen décrocheur doit pouvoir entrer dans une agence Pôle emploi et se faire orienter vers le bon interlocuteur. Évidemment, les personnels d'un CIO n'auront pas pour tâche de trouver un emploi à quelqu'un, mais ils doivent néanmoins pouvoir l'accueillir, l'orienter, voire, le cas échéant, le suivre pendant une partie de son parcours."
Au moment où s'exprimait Jean-Robert Pitte, le décret d'application de la loi sur ce “lieu unique d'orientation" était à la signature, de même qu'un décret portant sur la labellisation. Il sera bientôt communiqué aux préfets, couplé à une circulaire comprenant son champ d'application. Ce décret permettra aux services de l'État de déployer le lieu unique sur le modèle des Cités des métiers. Actuellement, a expliqué le DIO, “nulle part ailleurs, une personne en difficulté ne peut se présenter et se voir accueillie par un conseiller qui ne porte ni de casquette Pôle emploi ni de casquette CIO, mais qui écoute et peut renseigner. J'imagine le lieu unique de la même façon, même si les conseillers conserveront leur casquette, leur appartenance et leur spécificité !"
Autre grand chantier de l'orientation : la coordination et l'homogénéisation du système d'orientation dématérialisé. “Il ne s'agit pas de créer plus de sites internet qu'il n'en existe déjà, mais de simplifier leur consultation par les internautes", a estimé le DIO. Par ailleurs, le délégué a également annoncé qu'une plateforme téléphonique consacrée à la formation professionnelle devrait voir le jour sur le 39 39, numéro des services de l'État.