Julien Mokrani transmet les savoir-faire des métiers du cinéma

Par - Le 16 décembre 2011.

“La formation est un créneau que j'occupe depuis l'âge de 18 ans !" Réalisateur, photographe, auteur, dirigeant de sociétés audiovisuelles, Julien Mokrani s'avoue fier de son autodidaxie. Et à raison, puisque, outre les clips et spots publicitaires qu'il a réalisés au travers de ses associations ou entreprises successives (Gargoyle Films, Six pieds sur terre, puis Metatoy Films), ses deux courts-métrages de fiction fantastique, Batman ashes to ashes (2008) et Welcome to Hoxford (2011), diffusés via Dailymotion et d'autres sites de partage de vidéos, se sont révélés être des succès.

Julien Mokrani n'est pas seulement réalisateur, mais aussi formateur, et contribue activement à rapprocher ses apprenants des ténors du métier. Il n'a jamais eu à se plaindre de cette méthode : au total, ce sont quelques dizaines de techniciens que Gargoyle Films, Six pieds sur terre ou Metatoy Films ont contribué à former.

Ses courts-métrages ont récemment “tapé dans l'œil" de Louis Leterrier, le réalisateur des remakes de L'Incroyable Hulk et du Choc des Titans, lequel l'a invité aux États-Unis et lui a permis de faire le tour des studios. Désormais membre de la WME (une agence de réalisateurs), il s'est envolé fin novembre pour Hollywood et annonce son engagement sur un projet pour l'instant confidentiel. Il n'empêche qu'à Paris comme en Californie, il ne changera pas ses méthodes : “Associer des jeunes en formation à des professionnels blanchis sous le harnois demeure l'une des meilleurs façons de former les premiers et de les aider à gagner en vigueur, à faire face au stress d'un tournage ou de développer leurs compétences. Tout cela a fonctionné jusqu'à présent, pourquoi arrêter ?"

“Le cinéma ne s'apprend nulle part ailleurs que sur un plateau !"

Julien Mokrani, comment avez-vous lancé votre activité de formation ?

Je n'ai que le bac, j'ai moi-même dû me former seul, de stage en stage, de plateau en plateau. En commençant, comme tout le monde, par apporter le café... Je n'avais que 18 ans lorsque, assisté de Fabien Dubois, j'ai créé l'association Gargoyle Films, dédiée à la formation audiovisuelle de jeunes âgés de 16 à 25 ans. C'était amusant de former des personnes parfois plus âgées que nous !

Cette activité de formation à tous les métiers du cinéma était bénévole et concernait tous les métiers concernés par la réalisation cinématographique (réalisation, montage, maquillage, lumières, etc.). Durant ma brève carrière, j'ai tenu à conserver cet état d'esprit : transmettre le savoir-faire et mettre en relation des experts de chaque domaine, et les amener à enseigner leurs techniques à des novices.

Étant réalisateur vous-même, vous avez reçu l'appui d'autres professionnels...

Grâce au succès d'estime de Batman ashes to ashes, j'ai pu faire appel à de grands professionnels du 7e art français, tels que Thierry Arbogast (directeur de la photographie sur la plupart des films de Luc Besson) ou Jean-Christophe Spadaccini (responsable des effets spéciaux ou du maquillage sur plusieurs films de Jean-Pierre Jeunet, mais aussi sur Eden log, de Franck Vestiel, La mémoire dans la peau, de Doug Liman ou Immortel d'Enki Bilal).

Il en va de même pour les réalisateurs. Lorsque nous avons lancé l'agence de publicité audiovisuelle Six pieds sur terre, nous avons fait appel à des réalisateurs tels que Marc Caro (La cité des enfants perdus, Dante 01), Juan Antonio Bayona (L'Orphelinat) ou Mary Harron (American psycho) et nous en avons profité pour leur confier la formation de jeunes sortis d'écoles de cinéma, d'un cycle universitaire, d'un BTS, voire autodidactes comme je le suis moi-même.

Ainsi, l'un des collaborateurs de Thierry Arbogast sur le tournage de Welcome to Hoxford est un garçon ayant quitté l'école sans bagage, à 16 ans, et qui travaillait jusqu'alors dans le domaine du casting. Cette expérience lui a, par la suite, permis de travailler sur La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier.

Le cinéma ne s'apprend nulle part ailleurs que sur un plateau : c'est ce que j'ai appris et ce que je tente de transmettre.