Un rapport de la CFDT sur le “malaise des deux côtés du guichet"

Par - Le 01 juin 2011.

Souhaitée par Nicolas Sarkozy alors qu'il était candidat à la présidence de la République, la fusion de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) et des Associations pour l'emploi dans l'industrie et le commerce (Assedic) a donné naissance à Pôle emploi en décembre 2008. Deux ans et demi plus tard, la CFDT, qui avait approuvé sa création, publie un rapport sur Pôle emploi, intitulé “Malaise des deux côtés du guichet".

La CFDT considère que “la mise en œuvre de mesures répondant plus à une logique administrative qu'à une logique de parcours pose la question de la gouvernance de Pôle emploi". Dans l'introduction, Laurent Berger, secrétaire national, parle d'une situation “contreproductive pour le service public", qui “génère un malaise, voire de la souffrance, aussi bien pour les usagers de Pôle emploi que pour ses salariés".

Parmi les missions principales, était prévu un suivi personnalisé : chaque agent devait prendre en charge soixante chômeurs par mois. D'emblée, il n'en a pas été ainsi, et la situation s'est aggravée depuis la naissance de l'établissement public à caractère administratif. “En 2008, chacun d'entre eux suivait 130 personnes. Actuellement, les conseillers ont plutôt en charge entre 150 et 250 personnes chacun. Très loin de l'ambition initiale", évalue la CFDT. Le syndicat regrette que “l'État ne semble préoccupé que par les questions budgétaires".
Il dénonce les effets d'une “logique de court terme", considérant que les mesures prises aujourd'hui pour amoindrir les charges “sont extrêmement coûteuses sur le long terme" : beaucoup de demandeurs d'emploi “s'enfoncent dans un chômage de longue durée, qui est plus coûteux pour la collectivité". Le rapport insiste sur le désengagement financier de l'État, ainsi que la suppression de 1 800 postes décidée par la dernière loi de finances.

Témoignages

Le rapport stigmatise aussi la rapidité avec laquelle surviennent les radiations. D'autant que, selon la CFDT, de nombreux témoignages attestent de complications administratives. D'abord du côté des inscrits : courriers non suivis ou contradictoires, difficultés à contacter et obtenir les informations souhaitées, erreurs dans le versement des indemnités, mauvaise articulation des services de l'emploi et de la formation, interminables démarches, etc. : des témoignages qui mettent l'accent sur la “précarisation des plus précaires".

Mais les personnels souffrent aussi de cette situation, poursuit le rapport. Le suivi mensuel personnalisé prévu serait rendu impossible par la charge de travail à laquelle sont confrontés les salariés des agences. Les nombreux témoignages rendent compte de manques de formation, de problèmes de sous-effectifs, de cas de difficile collaboration entre employés issus de l'ANPE et de l'Assedic, etc.

Le rapport de la CFDT, pour laquelle “le principe de fusion reste bon", s'achève par des propositions. Il appelle à sortir de la “logique industrielle", de ce qui ne tient pas compte de la diversité des cas : “Pourquoi attendre quatre mois dans certains cas, quand c'est dans l'immédiat qu'il faut agir ? Pourquoi faire système d'un entretien mensuel, alors que la distance à l'emploi est différente pour chacun en fonction de son cursus initial et de son parcours professionnel ?", interroge-il.