Agefos-PME “dans une dynamique de compétitivité et d'emploi"
C'est un importante période de transition qui s'achève, pour tous les Opca, et particulièrement pour Agefos-PME, qui, à la suite de la réforme, a accueilli dix nouvelles branches et 66 000 entreprises supplémentaires. Portant le total à 370 000, dont 88 % de moins de 10 salariés, plus d'une TPE française sur quatre. Des chiffres détaillés lors de la présentation du rapport d'activité de l'Opca, le 27 septembre dernier.
Par Knock Billy - Le 16 octobre 2012.
Les entreprises adhérentes d'Agefos-PME emploient plus de 56 000 salariés (y compris ceux du particulier employeur et les gardiens concierges). La collecte 2012 sur la masse salariale 2011 a atteint près de 905 millions d'euros, soit une hausse de 11 % par rapport à l'année précédente.
57 % de cette collecte globale (518,9 millions) concernaient le plan de formation des entreprises de 10 salariés et plus, 12 % (107,8 millions) le plan des moins de 10 et 31 % la professionnalisation.
Avec la réforme de 2009, qui a entraîné des rapprochements entre Opca et l'accueil de nouveaux secteurs professionnels, la part des branches dans la collecte totale d'Agefos-PME, en 2011, était de 39 %, soit près de 353 millions d'euros. L'ensemble de sa collecte fait d'Agefos-PME le premier réseau gestionnaire des fonds de la formation professionnelle en France. “Aujourd'hui, nous accompagnons 50 branches et secteurs professionnels dans leurs politiques emploi-formation, a indiqué Laurence Carlinet, directrice développement et branches d'Agefos-PME. Nous couvrons un champ professionnel touchant tous les secteurs de l'économie française, notamment les services à la personne, la filière mer, les banques et assurances, le tourisme et loisirs et le commerce de proximité. Les entreprises relevant d'une branche professionnelle représentent plus des trois-quarts (77 %) des entreprises adhérentes en 2011. Elles ont versé 76 % du total de la collecte professionnelle, contre 72 % l'année d'avant", a-t-elle précisé.
En ne prenant pas en compte notamment les nouvelles branches, l'Opca a engagé, au titre des dépenses de formation, plus de 980 millions d'euros, dont 46 % ont été consacrés au plan de formation pour les entreprises adhérents de 10 salariés et plus (plus de 447 millions d'euros soit 7,1 % de plus qu'en 2011), 10 % pour celles employant moins de 10 salariés (plus de 100 millions d'euros, soit + 6,8 %), et 44 % (plus de 432 millions d'euros, soit + 8,7%) aux actions de professionnalisation.
Plus de 285 000 actions de formation ont été proposées aux salariés des entreprises de 10 salariés et plus dans le cadre du plan de formation, soit 60 000 actions de formation de plus en un an (+ 27,4 %). 44 % des bénéficiaires sont des employés majoritairement des hommes. Dans un souci constant de réduction des coûts et d'amélioration des prestations pour les entreprises adhérentes, l'Opca a réussi à baisser le coût de l'action de formation de 300 euros, le faisant passer de 1 864 euros en 2010 à 1 567 euros en 2011. Proposant ainsi plus de 13 millions d'heures stagiaires de formation.
Agefos-PME a indiqué avoir engagé, dans les entreprises de moins de dix salariés, plus de 100 millions d'euros pour 83 616 actions de formation, soit 9 000 actions financées supplémentaires (+ 12,2 %) au profit de 138 198 stagiaires (soit + 8,4%). Une augmentation due à “l'arrivée massive des TPE, surtout de 1 à 5 salariés, dont sont issus 84 % des stagiaires", a expliqué Laurence Carlinet. Contrairement aux dix et plus, les stagiaires envoyés par les TPE sont majoritairement des femmes (61 %) et sont ont entre 25 et 44 ans (62 %). Pour ces entreprises, l'Opca a réussi également à réduire le coût moyen de l'action de formation de 1 265 euros en 2010 à 1 204 euros en 2011.
Si, avec près de 278 millions d'euros (+ 10,3 % en 2011), la professionnalisation représente 31 % de la collecte totale d'Agefos-PME, 44 % des engagements de dépenses de formation de l'Opca (432 millions d'euros, soit + 8,7 %). “En 2011, les deux-tiers, soit 67 % des engagements professionnalisation de l'Opca, ont été consacrés à l'insertion professionnelle, dont plus de la moitié (53 %) au contrat de professionnalisation et 14 % aux dispositifs Emploi. Ce qui représente quelque 61 millions d'euros", a indiqué Joël Ruiz, directeur général d'Agefos-PME, qui a mis en œuvre 181 431 actions de professionnalisation (+ 6,3 % par rapport à 2010), dont 37 157 contrats de professionnalisation (+ 13,5 % en 2011). “Nous finançons 21,5 % des contrats de professionnalisation signés en France", a rappelé le directeur général d'Agefos-PME. 84 % des contrats sont destinés aux mois de 26 ans (contrats “jeunes") et se déroulent en CDD, avec pour objectif, dans près de sept cas sur dix (68 %) un diplôme d'État ou un titre inscrit au RNCP. Laurence Carlinet a annoncé le lancement, “très prochainement, d'une « enquête de trajectoires » pour savoir ce que deviennent ces jeunes après avoir terminé leur contrat de professionnalisation".
Répondre aux enjeux de l'emploi
“En période de crise, comme actuellement, deux dispositifs constituent des amortisseurs. Ce sont la période de professionnalisation et le Dif", a rappelé la directrice développement et branches d'Agefos-PME. En 2011, l'Opca a financé 31 641 périodes de professionnalisation (- 7,4 % par rapport à 2011), surtout (48 %) dans les entreprises de moins de 50 salariés, dont 22 % dans des TPE, pour des salariés de “qualification insuffisante". Laurence Carlinet observe que ces dispositifs “ont explosé en 2009 et sont de nouveau en progression en 2012", car “ils peuvent remplacer les périodes de chômage partiel". Ainsi, Agefos-PME a financé en 2011 92 445 (- 4 % en 2011) Dif, dont 72 % de “prioritaires", ceux financés sur la professionnalisation. Ce sont les entreprises de 50 à 499 salariés (31 %, contre 20 % pour les TPE) qui y recourent davantage. Également en baisse, quelque 4 000 contrats de transition professionnelle (CTP) ont été financés par Agefos-PME. 78 % des bénéficiaires sont des employés de 35 à 44 ans ayant majoritairement un bas niveau de qualification (de niveau bac ou infra). Mêmes caractéristiques pour les bénéficiaires des 16 433 conventions de reclassement personnalisé (CRP) financées par l'Opca, et qui représentent “11 % du total des engagements de formation de l'activité professionnalisation". Ces initiatives en faveur de l'emploi se traduisent également par des actions de préparation opérationnelle à l'emploi (POE) Au total, 1 334 POE individuelles ont été financées en 2011. “Pour les six premiers mois de cette année, nous avons financé 3 283 POE, dont 917 individuelles et 1 366 collectives", a précisé Joël Ruiz. Son Opca avait annoncé, début 2012, vouloir financer 5 000 POE individuelles et 10 000 collectives, “à condition d'avoir les ressources financière nécessaires".
Pour Jean-Philippe Leroy (président) et Philippe Rosay (vice-président), “2011 se termine sur de beaux succès. Alors que 2012 se déroule dans la même lignée, nous souhaitons que 2013 et le cycle qui s'ouvre devant nous se traduisent par le franchissement réussi d'un nouveau palier de croissance. Forte de notre réactivité, de notre expérience et des actions menées qui nous placent dans une situation d'exemplarité, notre Opca porte une l'ambition d'un service renforcé aux TPE-PME et à leurs salariés de même que la conscience d'un destin commun pour développer la politique Emploi-formation en France".
Errata
Deux erreurs se sont glissées dans le portrait de Joël Ruiz publié par L'Inffo, n° 818 p. 28.
Agefos-PME compte 1 300 collaborateurs, et non pas 300 ;
le président d'Agefos-PME qui a rappelé Joël Ruiz en 2003 n'était pas François roux, mais bien Bernard Capron.
“La réforme de 2009 a confirmé le modèle de gouvernance que nous défendons depuis longtemps"
La réforme de 2009 a élargit le champ d'Agefos-PME, avec l'arrivée de nouvelles branches et secteurs. Comment se passe leur intégration ?
Jean-Philippe Leroy - En effet, notre champ professionnel, depuis le 1er janvier 2012, est plus large. Nous accueillons 10 nouvelles branches professionnelles ou secteurs et, en 2012, c'est plus de 50 branches qui font confiance à Agefos-PME pour leur politique emploi-formation. Pour autant, la réforme de 2009 n'a pas eu véritablement d'impacts sur notre fonds ! Le processus de rapprochement, entamé avec d'autres Opca et branches, s'est inscrit, presque naturellement, dans la continuité de notre travail quotidien auprès de nos clients. Nous étions déjà le premier Opca interprofessionnel et interbranches, et nous le demeurons.
Philippe Rosay - Il faut dire que la réforme de 2009 a, pour une bonne part, confirmé le modèle de gouvernance que nous défendons depuis longtemps, basé sur un réseau d'Agefos-PME délégataires très impliquées dans la vie des territoires et sur une gestion paritaire à tous les échelons qui fait quotidiennement ses preuves depuis quarante ans. Certes, les dévolutions d'Opca n'ont pas toujours été simples et ce fut parfois un long processus, mais aujourd'hui, la situation est stabilisée. Depuis de nombreux mois, nous travaillons avec toutes les branches qui nous ont rejoints pour offrir à ces 70 000 nouveaux adhérents une qualité d'accompagnement sans aucune rupture et la valeur ajoutée renforcée de nos services.
Les Opca sont de plus en plus sollicités pour financer la réinsertion des demandeurs d'emploi. Quelles sont les limites, pour votre Opca ?
Ph. R. - Nous nous sommes largement investis pour l'insertion et la réinsertion dans l'emploi et ce, depuis de nombreuses années. Depuis les premiers dispositifs d'alternance, le réseau Agefos-PME a toujours été mobilisé. Depuis plusieurs années, nous finançons plus d'un cinquième des contrats de professionnalisation. Nous avons également été le premier Opca à nous engager avec les pouvoirs publics, en 2006, pour expérimenter le contrat de transition professionnelle (CTP), avant la convention de reclassement personnalisé (CRP) puis le contrat de sécurisation professionnelle (CSP). Un chiffre pour illustrer notre engagement : un tiers de nos engagements de dépenses 2011 ont concerné des dispositifs d'insertion ou de réinsertion dans l'emploi.
J.-Ph. L. - Au regard de la situation de l'emploi, se pose la question d'investir davantage. Pour nous, l'une des solutions consiste à mutualiser les investissements pour ces publics prioritaires. Mais il ne faut pas oublier les salariés. Il nous semble nécessaire de capitaliser sur la formation des personnes en situation d'emploi tout au long de leur parcours. C'est un facteur-clé pour la compétitivité des entreprises. Si nous ajoutons à la réflexion le différentiel de 1 à 3 qui existe entre l'investissement nécessaire pour former un salarié tout au long de son parcours et un demandeur d'emploi, c'est une question qui est au cœur des prochaines orientations en matière de formation ! Agefos-PME continuera de tout mettre en œuvre pour soutenir les politiques emploi-formation, notamment en recherchant à développer des partenariats concrets avec les Régions et les grands partenaires institutionnels.
Vous avez été reçus récemment par Thierry Repentin. Que lui avez-vous demandé et quels engagements a-t-il pris ?
J.-Ph. L. - Nous avons détaillé notre politique actuelle et notre vision sur la place de la formation dans les années à venir. C'est à cette occasion que nous lui avons présenté notre projet stratégique “Impulsion 2016". Il a beaucoup question de la situation de l'emploi et des réponses formation actuelles ou à imaginer. Le ministre a également évoqué le troisième acte de la décentralisation et nous lui avons confirmé notre présence active. Les Agefos-PME ont des partenariats avec toutes les Régions et la plupart des acteurs régionaux. Nous allons, selon les orientations portées par le conseil d'administration national et aux côtés des Régions, poursuivre et renforcer l'accompagnement du développement des politiques emploi-formation des entreprises et des branches professionnelles adhérentes dans tous les territoires.
Sur quels principaux chantiers travaillez-vous ?
Ph. R. - “Impulsion 2016" permet une réelle vision à long terme. Sa mise en œuvre est à ce jour effective et opérationnelle, au travers de différents grands chantiers comme la déclinaison de la convention d'objectifs et de moyens au niveau régional, le développement de notre offre de services, le renforcement du service de proximité pour les TPE-PME et la poursuite de notre engagement pour l'emploi. Sur ce dernier chantier, nous sommes mobilisés depuis l'année dernière pour mettre en œuvre la POE, qu'elle soit individuelle ou collective. Nous présenterons prochainement des résultats de cette mobilisation.
Propos recueillis par K. B.