Bientôt une norme spécifique au processus de réalisation d'une action de formation

Par - Le 01 avril 2012.

Après plusieurs années de travail, la commission Afnor Service formation a lancé, du 6 mars au 15 mai 2012 (voir L'Inffo n° 808, p. 7), une enquête publique destinée aux acteurs de la formation professionnelle, afin qu'ils donnent leur avis sur une norme en préparation.

Jean-Jacques Machuret La volonté d'actualiser les normes existantes tient à une “convergence de situations", explique Jean-Jacques Machuret, professeur à l'École de management Léonard de Vinci, président de l'ICPF-PSI et président du groupe de travail sur le processus de réalisation d'une action de formation[ 1 ]Il prépare un doctorat sur la commercialisation des formateurs-consultants par la normalisation. Un travail qui vise à démontrer que ces derniers pourraient se commercialiser très facilement en utilisant les normes.. Premier élément : “Lors des travaux sur la norme Iso 29990 [qualité des services de formation], nous avons abouti à la définition du processus de formation, mais d'une manière très simpliste. Il y a eu également le colloque organisé par la FFP [Fédération de la formation professionnelle] du 18 juin 2009[ 2 ]Voir L'Inffo n° 749, p. 23. sur la qualité, au cours duquel la plupart des prestataires de formation ont déclaré ne se faire payer que pour des prestations en face-à-face pédagogique. De même, les formateurs consultants se plaignaient de ce que leurs compétences et expertises élargies n'étaient pas reconnues".

En effet, confirme Marie-Christine Soroko, ancienne déléguée générale de la FFP et présidente de la commission Afnor Service formation, “jusqu'à présent, les prestations de formation ont toujours été rémunérées sur le seul temps du face-à-face pédagogique. Sans prendre en compte le temps aussi important consacré à l'analyse des besoins pour satisfaire le stagiaire, à l'ingénierie pédagogique, à la préparation de la formation, à son suivi et à son évaluation".

La Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle a également contribué à cette dynamique. En effet, précise Jean-Jacques Machuret, “la DGEFP a indiqué à l'Afnor la complexité et les difficultés à comprendre les normes sur la formation, et demandé une simplification et des modifications afin de les rendre plus opérationnelles". Une autre note[ 3 ]Note du 26 mai 2009 de Pierre Ledouaron (chef de mission DGEFP) à Pascal Gauthier, directeur du développement de l'Afnor. demandait “une valorisation des certificats et des labels obtenus par les prestataires" et que cette problématique “soit débattue dans le cadre d'une révision éventuelle des normes sur la formation professionnelle".

La décision a donc été prise de travailler à la construction d'une norme avec une ambition claire : “Si nous réussissons à définir, pour chaque phase du processus de réalisation d'une action de formation, des indicateurs précis, le profil des acteurs pour réaliser chacune des phases, nous aurons un outil permettant de satisfaire tous les acteurs (le législateur, les opérateurs et les clients)", résume le président du groupe de travail.

Un “rapport d'étonnement"

La première mission du groupe d'experts a été de produire, sur la base du paysage national et international des normes sur la formation professionnelle, un “rapport d'étonnement" permettant de définir les principaux axes de travail (analyse des normes existantes, amélioration ou élaboration de nouvelles qui répondent aux préoccupations actuelles, etc.), indique Jean-Jacques Machuret, dont le groupe a travaillé près d'une année pour élaborer le document de l'enquête publique en cours. Mais, précise-t-il, “avant celle-ci, une enquête a été réalisée en interne, en décembre 2011, afin d'évaluer le document et l'améliorer. Un document final a été ensuite soumis à l'appréciation de la commission générale qui a donné son accord". Celui-ci “décrit et fournit des recommandations pour les huit phases du processus de réalisation d'une prestation de formation et précise les rôles des différents acteurs. Il s'applique à tout type d'organisme de formation, ainsi qu'à toute forme d'organisation de la formation qu'elle soit interentreprises, intra-entreprise, externe ou interne, ou limitée à la fabrication de produits pédagogiques".

L'enquête publique

À présent, l'enquête publique ouverte jusqu'au 15 mai consiste à demander aux différents acteurs de commenter, amender et annoter la norme telle que proposée par le groupe de travail. “Le document est également soumis à l'appréciation de l'ensemble des ministères", précise Jean-Jacques Machuret.

Pour Marie-Christine Soroko, “cette enquête publique permettra de valider que tout ce qui a été écrit dans la norme correspond bien à ce que vivent réellement sur le terrain les acteurs de la formation professionnelle (opérateurs, clients, prescripteurs, les formés, etc.). Nous attendons qu'ils nous disent ce qu'ils en pensent et si cela correspond à la réalité du terrain. C'est une validation par une communauté beaucoup plus large des travaux techniques réalisés par un groupe d'experts. Tous les commentaires et objections seront examinés en détail, dépouillés et analysés avec minutie".

Homologuée avant l'été

La mission des experts, à la fin de l'enquête, sera donc de finaliser le document[ 4 ]Dans les deux mois suivant la fin de l'enquête publique. et de le proposer pour adoption “en tant que norme s'appliquant à tous les acteurs, dans un souci de qualité du processus de réalisation d'une action de formation professionnelle. La norme sera définitivement homologuée avant les vacances d'été", précise le président du groupe de travail. Celui-ci voudrait “insister auprès de tous les acteurs − la DGEFP qui définit les règles[ 5 ]Cf. la circulaire DGEFP n° 2011-26 du 15 novembre 2011 relative aux textes modifiant les droits et obligations des dispensateurs de formation et adaptant le contrôle. , les organismes de formation qui utilisent les formateurs et les clients −, que ce groupe a produit un document qui permet à chacun de légitimer sa position. C'est-à-dire, pour la DGEFP, demander la preuve de l'expertise des organismes de formation ; pour ces derniers, fournir une explication claire sur la nature de leur travail et de leur expertise ; pour les personnes physiques qui travaillent sur la formation, prouver leur expertise. Les clients doivent pouvoir vérifier la légitimité de ce qui leur est facturé. C'est un pas en avant dans l'univers de la formation professionnelle".

www.afnor.org

[(DEUX AUTRES GROUPES DE TRAVAIL

Piloté par Hubert Grandjean, président de l'Agence française pour le développement de l'emploi et des compétences (Afdec), le groupe de travail sur l'évaluation en formation a pour objectif de proposer un processus permettant de mesurer la finalité de la formation. “Ce groupe a mis en exergue la finalité de l'évaluation. Il y a nécessité d'impliquer toutes les parties prenantes dans l'évaluation : prestataire, client et bénéficiaire. Il s'agit d'en faire un outil de dialogue", précise Marie-Christine Soroko.

Un autre groupe de travail présidé par Françoise Gérard, directrice de la production et des partenariats de Centre Inffo, vise notamment à “faciliter la lisibilité de l'offre de formation (organisme, et action) pour les entreprises, prescripteurs, financeurs, bénéficiaires et conseillers dans un contexte de mobilité professionnelle, de reconnaissance des acquis et de la sécurisation des parcours". Les travaux de ce groupe ont consisté à “harmoniser tous les outils de lisibilité existants et à rédiger un document explicatif sur les différents items de présentation des organismes de formation et de leur offre". )] [(UNE NORME QUI REMPLACE PLUSIEURS AUTRES

Le projet de norme qui l'objet de la présente enquête a été élaboré par la commission de normalisation X0326 “Services de formation". Plus précisément au sein d'un groupe de travail spécifique créé dans l'objectif de décrire l'ensemble des phases du processus de réalisation d'une action de formation.

C'est en “objectivant" l'ensemble de ces processus que les professionnels de la formation professionnelle comptent valoriser les services de formation proposés. Cette norme remplacera les normes “formation professionnelle" suivantes :

 “Travaux de normalisation dans la formation professionnelle" (FD X 50-749:09-1999) ;

 “Demande de formation - Méthode d'élaboration de projets de formation" (NF X 50-755:02-1998) ;

 “Demande de formation - Cahier des charges de la demande" (NF X 50-756:11-1996) ;

 “Management de la qualité - Lignes directrices pour la formation" (FD X 50-757:07-1999).

 “Formation en alternance - Guide de lecture des normes de la formation professionnelle" (FD X 50-758:09:2000) ;

 “Demande de formation - Cahier des charges de la demande" (NF X 50-756:11-1996) ;

 “L'assurance qualité pour les organismes de formation - Guide de lecture" (FD X 50-764:08-1997).

Elle complètera trois autres :

 “Organisme de formation - Information relative à l'offre" (NF X 50-760:11-1995) ;

 “Organisme de formation - Service et prestation de service : spécifications" (NF X 50-761:02-1998) ;

 “Service de formation dans le cadre de l'éducation et de la formation non formelles - Exigences de base pour les prestataires de services"[ 6 ]Iso 22290:2010 (NF X 50-763:10-2010). )]

Notes   [ + ]

1. Il prépare un doctorat sur la commercialisation des formateurs-consultants par la normalisation. Un travail qui vise à démontrer que ces derniers pourraient se commercialiser très facilement en utilisant les normes.
2. Voir L'Inffo n° 749, p. 23.
3. Note du 26 mai 2009 de Pierre Ledouaron (chef de mission DGEFP) à Pascal Gauthier, directeur du développement de l'Afnor.
4. Dans les deux mois suivant la fin de l'enquête publique.
5. Cf. la circulaire DGEFP n° 2011-26 du 15 novembre 2011 relative aux textes modifiant les droits et obligations des dispensateurs de formation et adaptant le contrôle.
6. Iso 22290:2010