CPRDFP La Région Île-de-France refuse de signer
Par Aurélie Gerlach - Le 01 mars 2012.
“Nous ne signerons pas le CPRDFP (contrat de plan régional de développement des formations professionnelles)", a annoncé Emmanuel Maurel, vice-président PS en charge de la formation professionnelle, le 16 février.
“L'État multiplie les déclarations volontaristes en faveur de la formation professionnelle, mais nous, nous ne voyons pas de résultat. Nous n'avons pas réussi à négocier avec lui l'arrêt des coupes claires, des réductions des effectifs de fonctionnaires, notamment dans les lycées professionnels", a-t-il argumenté. Précisant à cet égard que plusieurs Régions, qui ont pourtant déjà signé leur contrat, “commencent à le dénoncer". Et de citer notamment l'exemple du Limousin. Par cette décision, la Région Île-de-France entend mettre l'État “devant ses responsabilités. Il n'est pas possible de dire : « On met le paquet sur la formation professionnelle, mais on mettra de l'argent quand on en aura. » Il n'est pas possible de fermer des sections de lycées professionnels et de demander aux Régions de développer l'apprentissage, qui est en grande partie financé par elles ! Cette situation est le résultat d'un blocage politique".
Face à cette “fronde" annoncée, la ministre en charge de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle, Nadine Morano, a réagi le 21 février en exhortant les Régions à “poursuivre les négociations dans un esprit républicain afin de permettre la signature des derniers CPRDFP le plus rapidement possible".
Et de “rappeler que les CPRDFP, prévus par la loi, d'une volonté politique forte", visent à “rassembler et coordonner les expertises en matière de formation professionnelle au niveau régional afin d'assurer, notamment, une meilleure prise en compte des besoins des territoires". Or, à ce jour, près de la moitié de ces contrats ont d'ores et déjà été signés. L'occasion, pour la ministre, d'en tirer un premier bilan “positif".
La démarche innovante ayant procédé à la conception et la signature de ces contrats “commence à produire ses premiers effets, a indiqué Nadine Morano. C'est le cas avec la mise en cohérence de la carte scolaire et de celle de l'apprentissage, avec celle des offres de formation de Pôle emploi et des Conseils régionaux en direction des demandeurs d'emploi ou, encore, avec les priorités de construction des contrats d'objectifs territoriaux ou des observatoires de branche."
Aux yeux de la ministre, la dynamique ainsi créée entre l'État, les Régions et les partenaires sociaux a pour ambition “de se voir pérennisée, afin d'améliorer le service rendu à nos concitoyens".
Une “fronde généralisée" ?
“C'est logique, puisque les Régions se retrouvent sans interlocuteur", commente Jean-Paul Denanot, président de la commission formation de l'Association des Régions de France et de la Région Limousin,
à propos du refus de la Région Île-de-France de signer le CPRDFP.
“Quel est l'intérêt de signer un document qui ne sera pas respecté par l'État ?", s'interroge-t-il. D'ailleurs, “nous avons prévu dans notre CPRDF une clause de caducité. Nous allons donc très certainement dénoncer ce contrat". Les autres Régions feront-elles de même ?
“Il y aura probablement une fronde généralisée. Nous en discuterons en commission formation de l'ARF", a précisé
Jean-Paul Denanot. Cette situation pourrait se débloquer après
les élections présidentielles : “Nous espérons qu'alors l'État respectera sa parole."