Davantage de tutorat dans la FOAD pour “sortir du face-à-face homme-machine"

La réintroduction d'éléments humains dans les process e-learning semble constituer l'un des enjeux de la formation à distance. Si la FOAD n'a pas vocation à réintégrer la salle de classe, le “distanciel" tend tout de même à ramener les tuteurs au plus près des apprenants, fussent-ils devant leur écran.

Un sujet évoqué le 31 janvier, à l'occasion du salon iLearning 2012.
Le “boom du tutorat à distance" dans l'accompagnement des e-formations, Amaury Brabant, responsable vente indirecte chez MediaPlus e-learning, le constate depuis près de deux ans.

À tel point que “les Opca, jusqu'à présent peu concernés par le sujet, poussent les organismes et les entreprises à y recourir depuis 2010". Toutefois, son constat a été aussitôt suivi d'une mise en garde : “Il ne faudrait surtout pas que ce tutorat vienne compenser une éventuelle médiocrité des contenus." Perçu avant tout comme un moyen de “sortir du face-à-face homme-machine" et de replacer le stagiaire au cœur du dispositif de formation, ce mode d'accompagnement est susceptible de créer un effet retour aux sources… “celui d'un tutorat si
présent qu'il recréé les conditions de la formation présentielle !"

Où placer le curseur, alors ? Amaury Brabant a évoqué quelques éléments de réponse. “Accompagnement et suivi pédagogique constituent les deux finalités du tutorat. Le tuteur demeure un coach, mais aussi un accompagnateur qui veille à ce que la motivation du salarié qui se forme à distance ne s'émousse pas." Sans négliger la possibilité pour ce coach de développer des contenus complémentaires, voire de soumettre des cas pratiques à l'apprenant pour tester les connaissances acquises. Un “accompagnement technique" obligatoire pour que la formation à distance soit considérée éligible par les Opca. “Accompagnement technique… ce terme reste flou, a estimé Amaury Brabant, mais à force de travailler avec les organismes collecteurs, nous avons appris à en définir le contour." Car les Opca demeurent sensibles à la possibilité de disposer de statistiques relatives au suivi réel des formations, comme, par exemple, celles établissant les connexions effectives aux plateformes e-learning et le temps passé par le stagiaire.

Le distanciel pour rassurer

Mais si le tutorat à distance constitue
un dispositif de plus en plus sollicité, c'est également parfois pour des raisons davantage liées à la discrétion, comme l'a indiqué Guillaume Terrien, directeur général de Zeugmo. Ce champion d'orthographe ^{[ 1 ]}De France (2010), Suisse (2011) et Afrique (2011).est en effet bien placé pour savoir que les salariés utilisant son outil Orthodidacte.com ne tiennent pas nécessairement à “publiciser" les cours de remise à jour orthographique qu'il leur propose, tabou social oblige. “Un accompagnement distanciel, par téléphone, se déroulant donc dans un relatif anonymat, constitue un moyen de rassurer l'apprenant."

Des tuteurs qu'il faut former

“Réintroduire l'humain au cœur de plateformes", c'est précisément la démarche qui anime l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) qui propose actuellement sept offres à distance, destinées aux “préventeurs de sécurité" que sont, par exemple, les médecins du travail ou les élus des CHSCT. “Des parcours de formation ciblés en fonction des publics", a indiqué Franck Henry, chargé de mission FOAD au sein de l'Institut. Deployées par le biais de plateformes LMS, de serious games ou de dispositifs blended-learning, les solutions développées visent toutes à “faire glisser la formation à distance vers l'apprentissage accompagné". Néanmoins, de tels dispositifs exigent une qualité de niveau chez les presque trente tuteurs dont dispose le réseau. “L'animation de classes virtuelles et de formation en ligne est rarement leur métier premier", a rappelé Franck Henry, d'autant qu'en matière de santé et sécurité au travail, les évaluations finales de type quiz se révèlent peu appropriées. “Nous élaborons des évaluations par niveaux et, de fait, professionnalisons nos tuteurs non seulement à ces évaluations, mais aussi à leur rôle d'accompagnateurs et de correcteurs."