La parité dans les CA des Opca : une volonté politique… et une importante marge de progrès

Par - Le 16 mars 2012.

Les femmes sont-elles bien représentées dans les CA des Opca ? Le 8 mars, Journée internationale des droits de la femme, constitue une bonne occasion de poser la question à des administratrices, mais également aux instances dirigeantes des syndicats de salariés.

Et la réponse est sans appel : “Dans les Opca que je côtoie, la représentation est essentiellement masculine, tant côté employeurs que salariés. Beaucoup de femmes sont engagées, mais de là à ce qu'on leur laisse de la place au sein des CA, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir", déclare Joëlle Loussouarn, représentante CGT aux conseils d'administration de l'Opca PL et d'Unifaf, et administratrice suppléante du FPSPP (Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels).

“Le monde syndical compte moins de femmes que d'hommes, ajoute Marie-France Perrot-Guthey, administratrice FO à l'Opca PL. De nos jours, ce sont encore les femmes qui, le plus souvent, prennent soin des enfants, aussi, elles hésitent à s'engager. J'ai moi-même un détachement au niveau national, mais je ne suis pas sûre que j'aurais pu le faire si j'avais eu des enfants." Pourtant, ajoute Joëlle Loussouarn, “les femmes savent prendre leur place lorsqu'elles sont administratrices, et sont écoutées autant que les autres membres du CA".

“La représentation féminine dépend aussi de l'Opca et du champ d'activité. Pour ma part, je siège dans des organismes dédiés à la formation dans le secteur de la santé et de l'économie sociale, qui sont très féminisés. Ce qui se retrouve dans la composition du CA, tout du moins côté salariés. Côté employeurs, la représentation reste très masculine. J'imagine que cela est corrélé avec le fait que les postes à responsabilités dans les entreprises sont essentiellement occupés par des hommes", déclare Joëlle Loussouarn. Une opinion partagée par Marie-France Perrot-Guthey.

Des politiques volontaristes

“À la CFTC, nous faisons en sorte que les désignations dans les Opca se fassent à parité, explique Jean-Pierre Therry (chargé de mission FPC-GPEC. Quand nous nommons un titulaire, son suppléant doit être de l'autre sexe. Bien sûr, ce n'est pas toujours possible, car beaucoup de mères de famille ne souhaitent pas forcément s'engager dans un mandat lourd." Il souligne cependant que la CFTC compte des femmes vice-présidentes. “À Agefos-PME, la première vice-présidente est une femme, nommée par la CFTC." Pour Jean-Pierre Therry, il “serait de mauvaise foi de dire que la parité est parfaite, mais nous tentons de faire de mieux en mieux, y compris en ce qui concerne le fonctionnement interne de la confédération. Par exemple, beaucoup de femmes sont coordinatrices de la formation professionnelle continue, et notre secrétaire générale est une femme".

De son côté, François Hommeril, secrétaire national en charge de la formation tout au long de la vie à la CFE-CGC, affirme que la parité “est une politique constante" dans son organisation. “Même si ce n'est pas écrit dans les statuts, il existe une forte pression pour que des femmes soient nommées dans les instances paritaires. En ce qui concerne la formation professionnelle, j'essaie à cet égard de faire un maximum de nominations qui vont dans le sens de la parité. Il faut admettre que dans les Opca interprofessionnels, la mixité n'est pas encore implantée. En revanche, dans de nombreux gros Opca, comme Uniformation, de nombreux chefs de file sont des femmes."

En définitive, il chiffre la proportion de femmes à 30 % de l'effectif des représentants CFE-CGC. “Il y a une volonté politique, des actes, et encore des résultats à attendre", résume-t-il.