Le Cedefop pointe le manque d'adéquation entre la demande de compétences et l'offre

Par - Le 01 avril 2012.

Quand la demande de compétences ne suit pas l'offre… C'est le diagnostic que dresse le Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle) dans une note sur “l'enjeu des compétences en Europe". Il parle d'une population active “plus hautement qualifiée", avec “un retard de la demande par rapport à l'offre de compétences, qui risque d'entraîner une surqualification à court terme".

D'après les dernières prévisions du Cedefop à l'horizon 2020, malgré “la persistance de difficultés économiques qui auront des incidences sur le nombre prévu d'offres d'emploi", il faut s'attendre au maintien des tendances dominantes, notamment des emplois exigeant des compétences plus poussées et un accroissement des emplois dans
le secteur des services.

Entre 2008 et 2010, l'Europe a perdu quelque 5,5 millions d'emplois en raison de la crise. Les projections macroéconomiques et les études démographiques d'Eurostat prévoient une “reprise économique modeste" jusqu'à 2020, selon un scénario de poursuite du “rééquilibrage budgétaire" dans les États membres. Ces prévisions font état de quelque 8 millions de créations d'emploi, mais avec dix fois plus d'offres, soit quelque 83 millions d'offres d'emploi, tenant compte des 75 millions de postes qui seront à pourvoir suite aux départs à la retraite ou “autres formes de sortie du marché du travail".

Besoin de “spécialistes"

À tous les niveaux de compétences, les emplois offerts impliqueront “des tâches non routinières, difficilement remplaçables par la technologie ou les changements organisationnels". C'est pourquoi
les prévisions du Cedefop indiquent qu'en dépit des forts taux de chômage actuels, il existe aussi “des signes de pénuries de compétences", les plus marquées étant observées dans les “secteurs et professions où les travailleurs doivent posséder des qualifications hautement spécialisées", comme les professions intermédiaires, la vente et les services. Afin de mieux appréhender ces déséquilibres de compétences, le Cedefop a élaboré un “indicateur des difficultés potentielles de recrutement" dans les professions, en analysant la probabilité de pourvoir un emploi avec un candidat possédant le niveau de qualification approprié.

Les risques de la “surqualification"

Parallèlement, “l'emploi hautement qualifié a augmenté d'une manière générale". La proportion de personnes hautement qualifiées devrait d'ailleurs dépasser le tiers de la population active. “Le manque de perspectives d'emploi incite certains jeunes à prolonger leurs études ou leur formation" et dans ces conditions, “il sera de plus en plus difficile pour les jeunes peu ou pas qualifiés de trouver un emploi satisfaisant".

Une telle situation renforçant la concurrence, “les individus sont parfois moins réticents à accepter un poste pour lequel ils sont surqualifiés", et ils “prennent parfois la place de travailleurs plus faiblement qualifiés". Dans un premier temps, une fois en poste, “ils peuvent faire preuve de davantage d'innovation et modifier la nature de l'emploi qu'ils occupent. En outre, les individus hautement qualifiés peuvent plus facilement transférer leurs compétences déjà acquises vers un autre secteur". Or, les études du Cedefop montrent que quand elle persiste, la “suréducation" devient “préjudiciable à la productivité, dès lors que les travailleurs éprouvent découragement et frustration et que leurs compétences, qu'ils ne peuvent ni pleinement mobiliser ni développer, deviennent obsolètes".

Et le Cedefop de conclure à la nécessité du développement de “services de conseil et d'orientation professionnels de meilleure qualité" pour “aider les individus à effectuer des choix plus éclairés en matière de carrière, d'études et de formation". Mais aussi tournés vers
les entreprises, pour les “aider à prévoir leurs besoins et à développer les compétences en conséquence".