Paca - Le “pôle de référence" alimentaire de la future Université régionale des métiers et de l'artisanat

Appelée à constituer “un atout considérable" pour le développement de la filière alimentaire en Vaucluse, le pôle régional accueillera les jeunes et les salariés en formation, ainsi que les entrepreneurs.

Par - Le 16 novembre 2012.

La Chambre de métiers et de l'artisanat du Vaucluse (CMA 84) a présenté, le 22 octobre dernier, le projet de création d'un “pôle alimentaire régional de référence et d'excellence". Il sera intégré à l'Université régionale des métiers et de l'artisanat (Urma), elle-même portée par le réseau des CMA de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, avec le soutien du Conseil régional, et dont l'ouverture est prévue pour 2014. Ce projet d'Université régionale, destiné aux jeunes, aux apprentis et aux artisans, a notamment pour objectif de former les dirigeants et les salariés des “entreprises artisanales de demain", et de valoriser l'apprentissage.

Le futur “pôle alimentaire régional de référence" de l'Urma Paca associera formations initiale et continue, appui à la création-reprise d'entreprise artisanale, recherche et innovation. “Dans le cadre d'une concertation au sein de la Chambre régionale de métiers et de l'artisanat, chaque Chambre de métiers départementale s'est positionnée pour constituer, au plan régional, un pôle de référence dans un secteur donné. La CMA 83 (Var) a opté pour les métiers des services (coiffure, esthétique, etc.), et la CMA 04 (Alpes-de-Haute-Provence) pour les métiers de la bureautique, par exemple. Seule la CMA 06 (Alpes-Maritimes) a souhaité garder son indépendance. L'objectif est de mobiliser et de regrouper nos compétences au sein de pôles de référence car nos entreprises ont besoin de personnels qualifiés, avec un haut niveau d'employabilité. En créant un pôle référent, nous souhaitons élever les niveaux de qualification, ce qui présuppose de regrouper pour un même secteur d'activité des effectifs suffisants. Cela n'est pas possible au seul plan départemental", explique Yannick Mazette, président de la commission formation de la CMA 84, et président du Groupement des artisans boulangers et boulangers-pâtissiers du Vaucluse. “Notre département, ajoute-t-il, est très marqué par l'agroalimentaire, et il accueille d'ailleurs le Pôle européen d'innovation fruits et légumes (PEIFL). Notre CFA ne forme pas plus de jeunes dans ce secteur que dans les autres CFA de la région. Mais il a fallu faire un choix de manière à mailler le territoire à l'échelon régional."

Rareté des profils

Ce projet qui concerne la filière alimentaire (métiers de la boucherie, de la boulangerie, de la pâtisserie, de la charcuterie, etc.) s'inscrit dans un contexte précis : une étude menée par Pôle emploi montre que la quasi-totalité des métiers du secteur sont en tension en région Paca. Les entreprises sont confrontées à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée et le seul personnel qu'elles parviennent à trouver ne connaît pas le métier et son évolution (gestuelle, technique) et n'est pas en mesure d'assurer le suivi de la qualité de la production et du service. Les entreprises mettent en avant la rareté des profils de bon niveau et la concurrence forte pour ce type de candidats, très recherchés. “Chaque année, nous formons 400 jeunes sur les métiers de l'alimentaire et dans le cadre du futur pôle régional, nous souhaitons doubler les effectifs. Dans l'artisanat, le niveau IV (bac) est considéré comme un niveau d'excellence. Si les formations de niveau V (CAP) sont indispensables, elles ne sont désormais absolument plus suffisantes. Or, les seules formations proposées à ce jour dans l'alimentaire sont des formations de niveau V et IV. Il n'existe aucun diplôme ou titre d'excellence (niveau III-BTS, niveau II-Master). Ceci constitue une entrave forte au développement de ce secteur d'activité", considère Yannick Mazette. Le secteur de l'alimentaire connaît une importante mutation consécutive à plusieurs facteurs : évolution des besoins des consommateurs qui impose aux entreprises d'offrir de nouveaux produits et services (conseil nutritionnel, alimentation bio, plats à emporter, snacking, etc.) ; harmonisation réglementaire au plan européen qui implique une évolution permanente et de plus en plus exigeante, particulièrement en matière d'hygiène et de sécurité alimentaire ; intégration insuffisante des outils informatiques ; ou encore vieillissement de la population des chefs d'entreprise (25 % ont de plus de 55 ans).

Mutualisation des compétences

“Par conséquent, nous nous sommes entendus sur une nécessaire mutualisation des compétences par secteur et ainsi attirer les jeunes des autres départements pour ouvrir des sections à fort potentiel. Aujourd'hui, il ne suffit plus d'être un bon artisan boulanger, par exemple. Il faut aussi être un entrepreneur, ce qui englobe l'environnement de notre métier, la gestion des ressources humaines, la production, la gestion financière et commerciale, la politique achats, l'investissement... Avec une formation niveau V, on ne traite pas toute cette spécificité. Dans le Vaucluse, pour 50 jeunes de niveau V sur un métier, 20 % d'entre eux vont poursuivre leur formation alors que les autres disparaissent dans la nature. Or, l'entreprise artisanale de demain a besoin de jeunes qualifiés d'où la nécessité d'un pôle régional pour répondre aux problématiques que je viens d'évoquer", explique Yannick Mazette. L'objectif du pôle est double : former des collaborateurs qualifiés, employables, capables de suivre la qualité de la production et du service, d'apporter un conseil nutritionnel au client ou encore d'avoir une maîtrise technique suffisante pour innover ou même élargir leur palette de production ; et préparer les futurs chefs d'entreprise à une gestion de plus en plus complexe, à la nécessité de développer une démarche commerciale, de définir une stratégie financière, d'anticiper les évolutions du marché ou encore d'encadrer du personnel et animer des équipes.

Le financement

Le projet de pôle alimentaire, “le plus avancé aujourd'hui au plan régional, devrait être présenté en février 2013 à la Commission nationale des investissements d'avenir du grand emprunt national, et se concrétiser avant fin 2015 avec un rayonnement sur tout l'arc méditerranéen, tel est notre objectif", annonce Yannick Mazette. Le projet représente un coût global de 7,8 millions d'euros et est en attente d'engagement ferme pour certaines subventions : État (3 millions d'euros), Région Paca (1,8 millions d'euros), Confédération générale de l'alimentation en détail (CGAD, 110 000 euros), autofinancement de la CMA 84 (1,4 millions d'euros), CRMA (400 000 euros), emprunt (500 000 euros). L'espace formation du pôle s'installera dans les bâtiments du CFA de la CMA 84 à Avignon, qui sera totalement rénové afin de disposer de laboratoires (boucherie, charcuterie, boulangerie, pâtisserie, traiteur), et d'un magasin d'application qui devront répondre à des flux plus importants et des formations de plus haut niveau. Des partenariats avec les fournisseurs seront mis en place afin de toujours maintenir cet outil à la pointe des technologies et de l'innovation.