Publication - Le Grand livre de la formation, compendium du pilotage des politiques de formation en entreprise
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 avril 2012.
“Autrefois, un ouvrage concernant le droit social était un fascicule très fin… Aujourd'hui, si un tel livre vous tombait sur le pied, vous risqueriez l'accident du travail !" C'est sur le ton de l'humour qu'Izy Behar, DRH d'Eurelsat et rédacteur en chef de Personnel, la revue de l'ANDRH, a présenté Le Grand livre de la formation [ Le Grand livre de la formation, sous la direction de Michel Barabel, Olivier Meier, André Perret et Thierry Teboul. Éditions Dunod. Préfaces de Catherine Carradot, Gérald Lefèvre et Jean-Pierre Willems. [Editions Dunod[/footnote] , un compendium ambitionnant de devenir une référence en matière d'information sur la formation.
Né de la collaboration entre l'ANDRH, le Garf, le groupe IGS et les éditions Dunod, il est construit en dix-sept chapitres consacrés, entre autres, au pilotage d'actions de formation en entreprise, aux moyens de financement d'un plan, à la formation à distance, à la VAE, au tutorat ou encore à l'accompagnement des actions de formation. “Ce projet a pris naissance voici bientôt deux ans et demi", a expliqué Michel Barabel, maître de conférences à l'Université Paris-Est, membre de l'Institut de recherche en gestion et coordinateur de l'équipe rédactionnelle. Et justement, le paysage de la formation a grandement évolué ces dernières années. Directeur francilien de l'IGS et coordinateur du livre, Thierry Teboul a évoqué une “mise à plat" de l'environnement.
“Construire un plan de formation est une chose, le piloter en est une autre", a souligné André Perret, ancien DRH et psychologue, ciblant notamment les PME “bien moins renseignées sur le possibilités de financement induites par les Opca que les grands groupes qui en demeurent les principaux bénéficiaires." Une solution ? La réponse pourrait bien passer par “une sortie de la logique d'exclusivité", a-t-il avancé, citant l'exemple de PME s'associant afin de co-construire en commun les formations de leurs collaborateurs.
Quant à l'évaluation de la formation, obligatoire depuis la loi de 2009, elle demeure “primordiale" pour Jonathan Pottiez, directeur de recherches au sein du cabinet Formavea. “Mais comment la réaliser ? À chaud, alors que seuls certains formateurs expérimentés savent orienter un questionnaire de satisfaction ? À froid, alors que des études démontrent que seuls 10 à 30 % du contenu de la formation demeurent en mémoire ? En réalité, l'efficacité d'une formation s'évalue en situation de travail, lorsque le collaborateur s'approprie naturellement les enseignements dispensés et les utilise dans son quotidien."
Thierry Teboul, pour sa part, est formel : l'avenir tend vers une individualisation croissante des formations et de l'appropriation de leur contenu par les salariés. “Et cela, les formations des managers doivent en tenir compte, notamment lorsque sont évoquées les fonctions tutorales dans l'entreprise." Et pourtant, en tant que directeur d'une école formant des responsables RH, ce dernier est conscient de la difficulté de l'exercice : “Comment apprendre le management à des jeunes de 20 ans qui n'ont jamais managé ou été managés ?", a-t-il demandé. La réponse pourrait être celle suggérée par Denis Cristol, directeur du département d'Executive education de Novancia : “Il faut apprendre à sortir des grilles et des modèles préconçus et partir des situations réellement vécues par les individus. Les ingénieurs de formation évoluent d'ailleurs de plus en plus dans un écosystème où ils sont – et seront – amenés à encourager les salariés à apprendre seuls plutôt qu'à utiliser des méthodes toutes faites." La formation professionnelle : un enjeu que doivent s'approprier les services RH et les managers ? Le Grand livre de la formation répond par l'affirmative.