Afref - Les chemins de la “reconversion identitaire"

Par - Le 01 juin 2013.

L'Association française pour la réflexion et l'échange sur la formation (Afref) a abordé dans le cadre de son “Jeudi" du 16 mai dernier le thème de la reconversion professionnelle. “Aujourd'hui, nous demandons aux salariés d'envisager des reconversions tout au long de leur vie professionnelle. Cela va d'ailleurs devenir naturel et s'imposer à tous", a considéré Louisa Mezreb, du groupe Facem. Il faut cependant distinguer trois types de reconversion : “volontaire", “subie" (changement d'activité) ou “forcée" (disparition du métier, incapacité à exercer une activité suite à un accident, etc.).

“Cela dit, a poursuivi Louisa Mezreb, les salariés souhaitent se rendre employables dans des conditions qu'ils ont eux mêmes choisies, ils s'engagent dans ce processus pour s'orienter vers des métiers qui ont du sens."

Ce qui n'était pas le cas voici quelques décennies. À ce titre, Louisa Mezreb a rappelé qu'“on a commencé à parler de reconversion à partir des années 1950 avec l'industrie du charbon, puis avec la
conversion des industries sidérurgiques, et dans le cadre des politiques de l'emploi, avec la mise en place en 1963 du Fonds national de l'emploi. La première opération de reconversion date d'ailleurs de 1964 et elle concernait 1 700 salariés de
la sidérurgie. À partir de 1990, elle a répondu à l'impératif de transformer les systèmes de production, dans tous les secteurs". Au fil du temps, la notion de reconversion n'a cessé d'évoluer : “De 1960 à
1990, il s'agissait de reconvertir des dizaines de milliers de salariés qui perdaient leur emploi vers de nouveaux métiers ; de 1990 à 2000, c'était le temps de l'anticipation, avec la GPEC et l'adaptation aux exigences des emplois (passerelles entre les métiers) ; enfin, de 2000 à 2010, c'était celui du transfert des responsabilités de l'entreprise vers les salariés."

Certains participants ont souligné que lorsque la reconversion est volontaire, elle émane souvent d'un “ras-le-bol" ressenti par le salarié. Elle peut être aussi le résultat d'une nouvelle passion ou tout simplement d'une opportunité. Pour d'autres, elle passe par une “reconversion identitaire" (professionnelle et personnelle), qui implique un questionnement sur la place accordée au travail dans la vie personnelle.

Une réalité qui amène les accompagnateurs à réfléchir sur leur propre métier, centré sur l'accompagnement vers l'emploi, dans la mesure où les personnes engagées dans une reconversion remettent en cause le travail (ici redéfini par rapport à d'autres valeurs). Dans une reconversion, c'est le sens du travail pour soi qui prime, avec comme tendance le retour à des métiers manuels (dans l'Éducation
nationale, une reconversion sur trois est tournée vers les métiers de bouche), absents du secteur tertiaire.