CGT - Plusieurs dossiers brûlants, pour Thierry Lepaon
Par Benjamin d'Alguerre - Le 16 mars 2013.
Le 50e congrès de la CGT se tient du 18 au 22 mars à Toulouse. Plusieurs dossiers brûlants l'attendent. La confédération est plus que jamais vent debout contre l'Ani relatif à la sécurisation de l'emploi du 11 janvier dernier. Parallèlement, ses deux leaders (l'actuel et le futur) demeurent vigilants quant aux contenus de l'acte III de la décentralisation et de la prochaine réforme de la formation.
Deux cents manifestations ont eu lieu à travers toute la France le 5 mars, pour faire pression sur les députés avant l'examen à l'Assemblée de la transposition de l'Ani du 11 janvier 2013. C'est ce qu'avaient promis la CGT et FO (les deux organisations syndicales représentatives non signataires), rejoints, pour l'occasion, par la FSU et Sud- Solidaires. “Selon la lettre de cadrage gouvernementale, cet Ani devait sécuriser l'emploi et faire reculer le chômage… au final, le
Medef aura suffisamment bien manoeuvré pour faire de cet accord un texte qui ne sécurise que le licenciement…", témoignait, le 27 février dernier, Bernard Thibault, invité à l'un des rendez-vous de l'Ajis [ 1 ]Association des journalistes de l'information sociale.. Accompagné de Thierry Lepaon, son successeur, le n° 1 de la confédération cégétiste s'est montré particulièrement virulent à l'encontre des organisations syndicales signataires, et plus particulièrement de la CFTC et de la CFE-CGC, “dont l'influence sur les salariés est inférieure à celle des organisations non signataires et qui, si la négociation avait eu lieu huit mois plus tard, n'auraient pas été jugées suffisamment représentatives pour signer l'accord, ou alors juste pour représenter les cadres, dans le cas de la CFE-CGC".
Contre l'Ani, le recours aux tribunaux n'est pas exclu
La CGT, pour sa part, a d'ores et déjà rencontré les parlementaires socialistes pour les sensibiliser sur les risques que la transcription de
l'accord dans la loi pourrait faire courir sur le CDI, même si Bernard Thibault ne s'avoue que modérément convaincu par la capacité des
élus à voter contre ce que leur dictera la discipline parlementaire : “Peu de députés connaissent le droit social, a-t-il regretté, peu d'entre eux ont eu à vivre un licenciement ou un plan social dans leur carrière. Je ne condamne pas, je constate !"
Et en cas de vote favorable à l'Ani, la confédération n'exclut pas d'aller porter l'affaire devant les tribunaux européens, puisqu'à en croire son leader, le texte constituerait une violation de la résolution 158 de l'OIT (Organisation internationale du travail) sur le licenciement, mais aussi de la Charte des droits fondamentaux (notamment en matière de conciliation entre le temps de travail
et la vie privée) ou encore des décisions du Conseil constitutionnel relatives à la remise en cause des clauses d'un contrat (ici, le contrat
de travail). Bernard Thibault, toutefois, espère ne pas être obligé d'en arriver à cette extrémité. “Ce serait tout de même un comble que la CGT assigne un gouvernement de gauche devant un tribunal international pour non-respect du droit social."
“Beaucoup de réformes successives de la formation"
Si la lutte contre la transcription de l'Ani dans la loi demeure la priorité calendaire de la centrale de Montreuil, d'autres dossiers sont à l'agenda pour l'année en cours, dont deux impacteront directement
le monde de la formation professionnelle : l'imminent acte III de la décentralisation et la future réforme de l'apprentissage. Une réforme qui surviendra quatre ans après celle du 24 novembre 2009, consécutive à une précédente négociation dont le chef de file cégétiste n'était autre que Thierry Lepaon. “Il y a eu beaucoup de réformes successives. Une nouvelle est en cours alors que les
effets des précédentes n'ont pas encore été mesurés ou stabilisés", a asséné ce dernier. Autant de réformes qui, à ses yeux, persistent
à tenir les fonds de la formation professionnelle comme “un gâteau à se partager", alors que, sur les fameux 31 milliards, “les partenaires sociaux n'en gèrent que huit".
Disparités régionales : la politique du pire
Quant à la régionalisation accrue des compétences formation, elle suscite de la méfiance. “On ignore encore si ce troisième acte consistera en une décentralisation ou une déconcentration, avec quelques conventions d'objectifs et de moyens articuleront les compétences des acteurs sur les territoires…" Sans, compter, dixit Thierry Lepaon, les inégalités sociales qui pourraient en découler.
“Quelques présidents de Région ont d'ores et déjà exprimé leur volonté de créer des normes sociales spécifiques aux territoires. D'autres Conseils régionaux ne financent
plus l'hébergement et la restauration pour les stagiaires qui vont se
former hors de leur région de résidence. Cette « politique du pire » ne pourra conduire qu'à des disparités entre territoires et fragiliser les candidats à la formation. Un pilotage national doit être maintenu."
Notes
1. | ↑ | Association des journalistes de l'information sociale. |