Danielle Kaisergruber, nouvelle présidente du CNFPTLV
Par Béatrice Delamer - Le 16 janvier 2013.
L'expérience des dossiers sensibles
La nomination de Danielle Kaisergruber, consultante et experte auprès de la Commission européenne, le 28 novembre 2012 à la présidence du Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV), a satisfait le monde de la formation. Au sens large. “C'est quelqu'un de dialogue et d'ouvert qui cherche à trouver des
solutions. Sa nomination est une bonne chose. Elle fait partie des administrateurs qui ont joué un rôle positif dans notre crise, sous une forme pas tonitruante pour autant", pointe Jacques Coudsi, secrétaire général CGT des salariés Afpa, qui siège avec elle au CA de l'organisme de formation.
Après la longue vacance de la présidence du CNFPTLV, Françoise Amat, la déléguée générale, envisage aussi l'avenir sereinement : “Elle connaît toutes les cases du jeu. Le CNFPTLV est très large et traite de formation continue et d'emploi.
Ce qu'elle a pratiqué. Elle connaît parfaitement la formation continue, initiale et l'Éducation nationale."
Comme le prouvent ses nombreuses publications et son dernier livre en date [ 1 ]Formation : le culte du diplôme, Éditions de l'aube, 2012, 135 pages, 14,80 euros, où Danielle Kaisergruber déplore que la formation continue ne joue pas le rôle d'ascenseur social qui lui était assigné. En cela, le compte individuel de formation, dont le Conseil étudie différentes configurations, pourrait être un outil de continuité des parcours pour les moins qualifiés qu'elle a croisés dans les nombreuses restructurations sur lesquelles elle a travaillé.
Une passion pour les sujets sociaux
Car l'autre passion de cette normalienne, docteur en linguistique, c'est l'emploi. Assez rapidement dans sa carrière, elle a voulu “concrétiser l'intérêt" qu'elle avait pour les sujets sociaux. À la Direction de l'industrie, avec Louis Gallois, entre 1981 et 1987, elle a dirigé deux services, un qui traitait des “grands dossiers" des années 1980, comme la restructuration de la sidérurgie et un autre chargé de la formation et la qualification dans les entreprises, ainsi que les tutelles des écoles d'ingénieurs. Des sujets croisant la formation avec le monde du travail qu'elle ne quittera plus, même si elle les traitera depuis une position différente. Au Céreq, qu'elle rejoindra en 1987, elle sera chef du département Travail et formation. Éric Verdier, directeur de recherche au laboratoire d'économie et de sociologie du travail (Lest), se souvient d'avoir travaillé avec elle sur le programme Poete [ 2 ]Programme d'observation de l'emploi et du travail dans l'entreprise. : “Tant sur la méthode, que sur l'interprétation et la relation avec les entreprises, Danielle a été particulièrement entreprenante. Elle a une capacité à construire une relation de confiance, à dépasser les logiques de fonctions."
Terrain et réflexion
Conseillère technique au cabinet de Jacques Chérèque, alors ministre délégué à l'Aménagement du territoire et aux Reconversions, entre 1988 et 1990, elle sera au cœur de la restructuration, du textile cette fois, avec un “patron" passé de sidérurgiste à syndicaliste, puis ministre, qui force son admiration. Après une autre mission au ministère de la Recherche et de la Technologie (1990-1992), Danielle Kaisergruber passera au privé comme directrice des études chez Bernard Brunhes Consultants “C'était une volonté. Ma motivation pour quitter le public était d'aller sur le terrain tout en gardant la possibilité de réfléchir. Consultante sur le terrain et dimension étude : c'est bien ce qui me va !", constate-t-elle. Et de l'action il y en a eu pour cette femme blonde, menue mais loin d'être fragile, dans cette entreprise “très formatrice, très vive intellectuellement où il y avait du débat tous les jours".
Elle y a lancé toutes ses études européennes et conduit des expertises et des évaluations, notamment sur la loi Robien ou les aides aux entreprises. Se reconnaissant “une similitude ou un rapprochement avec Bernard Brunhes dans le goût de l'action et le goût de la réflexion", elle voit cette époque comme “une période très fructueuse", qu'elle a beaucoup aimée. Et cela malgré la fermeture du site de Renault à Vilvoorde sur la recommandation de son rapport d'expertise, remis en juin 1997, qualifiée à l'époque par le délégué central CFDT d'“expertise alibi". Un épisode “douloureux" pour Danielle Kaisergruber. “Tous ces dossiers sont complexes. Ce sont de multiples intérêts très différents qu'il faut essayer de reprendre en trouvant une solution qui fasse le moins de dégâts possibles." Présent à ses côtés, le jeune doctorant Guillaume Lainé, maintenant directeur de l'audit, de la maîtrise des risques et des affaires générales chez Gan Assurances, atteste de la sincérité et du style Kaisergruber, “quelqu'un de sympathique, convivial, curieux et très pédagogue et, en même temps, qui en impose de par son expérience. En toutes circonstances, elle a une grand maîtrise d'elle même, ne diffuse pas de stress aux autres, mais a toujours le souci de répondre pleinement au cahier des charges." Quitte à être “plus vive dans l'expression de ses exigences auprès de ses collaborateurs."
en cas d'accroc. Il estime qu'elle a “l'intelligence des situations, qu'elle privilégie l'échange et qu'elle n'est jamais dans la posture."
Une attitude qui lui sera de la plus grande utilité dans un CNFPTLV, où siègent tant de sensibilités.
1968 École normale supérieure
1981 responsable des affaires sociales au ministère de l'Industrie
1987 chef de département au Céreq
1988 conseillère technique du ministre de l'Aménagement du territoire
1992 Bernard Brunhes Consultants
2004 directrice de DKRC
2012 présidente du CNFPTLV
Notes
1. | ↑ | Formation : le culte du diplôme, Éditions de l'aube, 2012, 135 pages, 14,80 euros |
2. | ↑ | Programme d'observation de l'emploi et du travail dans l'entreprise. |