Formation en Europe : un “malaise français" persistant

Par - Le 16 mai 2013.

L'Observatoire Cegos a rendu publique son enquête annuelle [ 1 ]Enquête réalisée en février et mars 2013 auprès de 2 470 salariés et 600 DRH ou responsables de formation de ces cinq pays sur l'état de la formation professionnelle dans cinq pays d'Europe (France, Allemagne, Italie, Espagne et Royaume-Uni). Notre système est l'un des plus “construits" d'Europe, mais qu'en est-il de sa perception par les intéressés ?

Si la première conclusion est celle d'un plébiscite apparent de la part des sondés (95 % des DRH jugent les formations efficaces, 94 % des salariés se déclarent satisfaits de celles dont ils ont bénéficié !), une observation plus poussée permet de constater des disparités intra européennes, particulièrement en France, où s'exprime un certain malaise en la matière....

En effet, seuls 62 % des salariés français estiment que les apprentissages suivis ont contribué à les aider à mieux cerner les métiers pratiqués dans leurs entreprises (contre 76 % des Allemands). Les salariés français sont aussi ceux qui sollicitent le moins leurs managers dès lors qu'il s'agit de s'informer sur leur formation (41 %). Loin derrière les Britanniques qui, à 60 %, accordent leur confiance à l'encadrement. Et concernant la consultation de l'intranet de l'entreprise ou des collègues, les Français se classent, là encore, en queue de peloton, même si, paradoxalement, ils sont les premiers parmi les Européens (à 45 %, contre une moyenne générale de 39 %) à frapper à la porte de la direction des ressources humaines pour trouver l'information qu'il leur faut. “Pourtant, une grande partie de la formation échappe à la fonction RH, particulièrement dans les grandes structures", fait observer Mathilde Bourdat, spécialiste du management de la formation au sein de Cegos. Les salariés sondés dans l'Hexagone estiment naturel de solliciter leurs DRH, et ces derniers sont de moins en moins nombreux à faire confiance à la formation dans le développement des compétences… “Le total des DRH français « très satisfaits » de la formation pour développer
les compétences a perdu cinq points en cinq ans (23 %)… Voilà qui marque peut-être le début d'une désillusion des RH par rapport au système de formation à la française", indique Mathilde Bourdat. 40 % des DRH britanniques, 37 % de leurs homologues italiens, jugent la formation indispensable à l'accroissement des compétences.

Initiateurs de leur propre formation

En France, 56 % des salariés soient les premiers artisans de leur propre formation (moyenne européenne : 55 %), exactement comme les Allemands, loin derrière les Britanniques et les Espagnols (63 %), très loin devant les Italiens (37 %). Ce sont essentiellement les cadres qui tirent ces chiffres vers le haut (67 %), car ouvriers et employés ne sont que 42 % à se faire acteurs de leur propre formation.

S'il est un domaine où les Européens s'accordent, c'est pour préférer la bonne vieille salle de classe à tout autre mode de formation. Une modalité pédagogique à laquelle 95 % des Français et des Britanniques demeurent attachés, même si ces derniers se montrent, par ailleurs, plus ouverts à l'enseignement à distance (65 %) que les Français (33 %, loin derrière tous les autres Européens. Et c'est également en France, mais aussi en Espagne, que les salariés se montrent les plus hostiles au coaching et au tutorat.

En revanche, dès lors qu'il est question de formation au travers des médias sociaux, 31 % des DRH de l'Hexagone font le choix d'outils collaboratifs, contre 27 % de leurs homologues des quatre autres pays du panel. La préférence allemande va plutôt au e-learning (34 %), celle des Italiens à l'apprentissage par les blogs (15 % contre 12 % pour le reste de l'Europe). Par rapport à l'année écoulée, on constate une augmentation massive du recours au serious games (+ 25 %), ainsi qu'aux modules adaptés à des appareils mobiles, tablettes ou smartphones.

Notes   [ + ]

1. Enquête réalisée en février et mars 2013 auprès de 2 470 salariés et 600 DRH ou responsables de formation de ces cinq pays