Haute-Normandie et Guadeloupe : inciter les jeunes Ultramarins à se former en métropole

Par - Le 16 octobre 2013.

Région d'accueil des étudiants et des stagiaires de la formation professionnelle, la Haute-Normandie a
pris contact, via sa Cité des métiers, avec de jeunes Guadeloupéens pour les informer sur les perspectives
de formation et d'emploi sur son territoire. Explications.

A l'occasion des 20 ans du réseau
des Cités des métiers, la Cité de
Haute-Normandie a organisé
le 25 septembre, avec son
homologue de la Guadeloupe,
une visioconférence sur le thème
“Ultramarins : vous former en Haute-
Normandie". Il existe en effet dans cette
région de métropole plusieurs secteurs
porteurs, à savoir les secteurs sanitaire et
social, boulangerie-pâtisserie, industrie
et hôtellerie-restauration.

“Il est important de comprendre que, même
si notre région connaît un taux de chômage
des jeunes plus fort qu'ailleurs, le chômage
des jeunes diplômés est moins élevé que
dans les autres régions. De plus, il y a une
forte possibilité d'insertion professionnelle
quand on est diplômé dans notre région",
a avancé Vincent Fromager, conseiller à
la Cité des métiers Haute-Normandie.
“Notre région est la plus industrielle
de métropole (aéronautique, énergie,
agroalimentaire...) et les statistiques de
Pôle emploi montrent qu'il y a chez nous
des métiers en tension", a-t-il fait valoir.

Recherche candidats passionnés

À l'attention des jeunes Ultramarins,
Marius Sourdon, de l'Institut national
de la boulangerie-pâtisserie (INBP),
a rappelé que l'Institut, créé en 1974,
était initialement orienté “formation
continue" et concernait les professionnels.
“Nous avons ensuite ouvert des formations
à l'attention du public en reconversion
professionnelle, pour les secteurs boulangerie
et pâtisserie, et depuis deux ans pour le
secteur chocolaterie-confiserie. Dans ce
cadre, nous proposons une formation
intensive de quatre mois et demi, soit deux
sessions par an, qui prépare au CAP. Il n'y
a aucune obligation d'avoir un diplôme
quelconque pour entrer en formation. La
formation demande un investissement
physique et moral, car il faut parfois rester
debout pendant six heures. Elle reste ancrée
dans un cadre scolaire, mais plus avancée en
termes de rapprochement avec l'entreprise",
a expliqué Marius Sourdon. Et de
conclure : “Nous sommes dans un secteur
qui s'exporte beaucoup et en métropole,
nous recherchons des gens passionnés qui
ont envie de travailler un même produit
de manière régulière." À noter que dans le
cadre de l'alternance, la formation a une
durée de un à deux ans en fonction des
filières.

Des taux d'embauche de... 100 %

Du côté de la filière sanitaire et sociale,
“deux métiers de premier niveau de
qualification se développent actuellement,
ceux d'auxiliaire de vie sociale et d'aide
médico-psychologique", a indiqué Cécile
Foissard, de l'Institut de formation aux
carrières administratives, sanitaires et
sociales (Ifcass) de Dieppe. L'Institut
propose des formations menant
aux diplômes de ces deux métiers
(DEAVS et DEAMP). Ces deux
dernières années, les taux de réussite
aux examens et d'embauche s'élevaient
à 100 % pour la filière auxiliaire de
vie sociale, et respectivement 75 %
et 100 % pour la filière aide médicopsychologique.
“Le métier d'auxiliaire
de vie demande beaucoup de qualités, car
il s'effectue seul au domicile des personnes
âgées. Celui d'aide médico-psychologique
se réalise au sein d'institutions de
personnes handicapées (physiques ou
mentales) qui ont besoin d'une aide
quotidienne. L'aidant travaille donc
au sein de structures avec une équipe
pluridisciplinaire (éducateur spécialisé,
médecin, aide-soignant, infirmier,
etc.)", a exposé Cécile Foissard. La
formation à ces deux métiers, validée
par l'obtention du diplôme, s'étend sur
une année, soit 500 heures de cours
et autant d'heures de stages en milieu
professionnel.

“Former au plus près de l'emploi"

Concernant l'hôtellerie-restauration,
“nous sommes dans un secteur où il y a
vraiment du travail, mais là aussi, il faut
être passionné, car le métier est difficile
avec des horaires décalés. Ce qui pour les
jeunes peut poser la question d'une réelle
vie privée", a prévenu Huguette Kaiser,
de l'organisme Arc Formation, installé
à Sotteville-lès-Rouen. “Nos formations
s'inscrivent surtout dans le cadre du
contrat de professionnalisation, ce qui
constitue un avantage pour nos filières,
avec 75 % du temps de la formation
qui s'effectue en entreprise et 25 % en
centre de formation. Notre objectif
étant l'emploi à l'issue du cursus..." Les
formations en hôtellerie sont multiples,
car elles préparent aux métiers de
réceptionniste, de l'accueil, d'employée
d'étage, de gouvernante d'étage... tout
comme celles relatives à la restauration,
qui offrent un panel de fonctions
parmi lesquelles agent de restauration,
commis de cuisine, ou encore chef
gérant. “Nous voulons former au plus près
de l'emploi et à ce titre, nous travaillons
avec l'Opca Fafih qui a mis au point
les CQP-IH (certificats de qualification
professionnelle- industrie hôtelière) reconnu
par la branche professionnelle", a témoigné
Huguette Kaiser.

Le “Passeport mobilité
formation professionnelle"


Par ailleurs, Sabrina Valide, conseillère
en insertion professionnelle (CIP) au
sein de Ladom (Agence de l'outremer
pour la mobilité) Nord-Ouest,
a précisé que “l'engagement dans un
parcours de formation s'inscrit dans un
projet professionnel validé par différents
partenaires (Mission locale, Pôle emploi,
Cités des métiers, Ladom Guadeloupe,
etc.)". Dans le cadre du “Passeport
mobilité formation professionnelle",
les dispositifs mis en place par Ladom
répondent aux besoins en compétences
des partenaires locaux pour des projets
de développement territoriaux. Selon
les projets et les collectivités, Ladom
s'engage auprès des Conseils régionaux
et généraux, des chambres consulaires,
des entreprises locales, des entreprises
d'accueil (en métropole), mais aussi
des centres de formation. Pour le
recrutement, elle collabore avec Pôle
emploi, les Missions locales, les
régiments du service militaire adapté
(RSMA) afin de sélectionner les
candidats.

Puis Ladom accompagne en mobilité
les futurs collaborateurs des entreprises,
principalement demandeurs d'emploi,
dans le cadre de formations qualifiantes,
de contrats de professionnalisation et
de stages de perfectionnement. Charge
aux candidats-stagiaires de réussir leurs
parcours et de satisfaire aux critères de
recrutement des entreprises en outremer.
“La première étape du parcours de
formation en mobilité est la validation
du projet professionnel entre les différents
partenaires, y compris par le centre
de formation (entretien téléphonique
et test). La seconde étape débute par
l'accompagnement de la personne dès son
départ de Guadeloupe. En métropole, un
référent, un CIP de Ladom, prend le relais
pendant toute la durée de la formation et
à l'issue de cette dernière dans le cadre
de la recherche d'emploi. Dès le début de
la formation, il organise des entretiens
avec le stagiaire sur le déroulement de
la formation, et les conditions de son
hébergement. En milieu de formation, un
autre entretien permet de faire le point et
de se positionner par rapport à l'emploi",
a expliqué Sabrina Valide.

CONTRAT DE PERFORMANCE 2013-2015

Le contrat de performance pour la
période 2013-2015, signé entre l'État
(ministère de l'Outre-mer) et Ladom
le 15 avril 2013, confirme la nécessité
d'une formation hors de leur territoire de
jeunes Ultramarins afin de les conduire
vers une inclusion durable dans l'emploi.
Il met l'accent sur l'adéquation des
formations avec les besoins des secteurs
en tension et l'accompagnement des
bénéficiaires du passeport mobilité
formation professionnelle tout au long
de la vie. Il insiste aussi sur l'anticipation
des besoins en formation grâce aux
diagnostics territoriaux et aux contrats
de plans régionaux de développement
des formations professionnelles. Enfin,
le texte préconise de renforcer les
partenariats avec les collectivités locales
pour assurer une meilleure gestion du
dispositif de continuité territoriale.