L'économie sociale se prépare à former les jeunes recrutés en emploi d'avenir
Par Knock Billy - Le 01 février 2013.
Qu'il s'agisse des régies de quartier, des établissements mutualistes, des associations d'aide à domicile, des radios associatives, les acteurs de l'économie sociale ont des besoins en savoir-faire, avec des expertises spécifiques qui offrent l'opportunité aux jeunes d'acquérir des compétences... d'avenir. Le nouveau dispositif a été conçu pour les aider.
Pour un secteur qui représente 10 % du PIB national, 10 % de l'emploi salarié en France et qui devra faire face à près de 608 000 départs à la retraite d'ici à 2020, la formation professionnelle est un enjeu majeur, pour lequel il fallait mobiliser de la volonté et des fonds. C'est le message porté par la convention-cadre signée le 14 janvier dernier par Benoît Hamon, ministre délégué chargé de l'Économie sociale et solidaire et de la Consommation, Thierry Repentin, ministre délégué chargé de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage, et Alain Cordesse, président de l'Union des syndicats et groupements d'employeurs représentatifs dans l'économie sociale (Usgeres).
Cette convention, qui précise les engagements des employeurs de l'économie sociale et solidaire (ESS) en matière de formation des jeunes recrutés en emploi d'avenir [Cette convention-cadre concerne le volet formation professionnelle de la convention d'engagements emplois d'avenir signée le 30 octobre 2012 entre l'[Usgeres et l'État (représenté par le Premier ministre)[/footnote], entend mobiliser notamment 20 millions d'euros réservés par l'Opca Uniformation pour la formation de ces jeunes. “Notre Union a toujours été favorable au dispositif des emplois d'avenir, a rappelé Alain Cordesse. L'économie sociale et solidaire présente une particularité atypique, avec une courbe des âges qui montre des jeunes en nombre très insuffisant (les moins de 30 ans représentent environ 19 % des salariés, contre près de 30 % dans le secteur privé hors économie sociale) et un effectif de seniors plus nombreux que dans les autres secteurs d'activité (les 50 ans et plus atteignent 27 %, contre 20,3 % dans le privé hors économie sociale). La question de l'attractivité de notre secteur auprès des jeunes se pose en conséquence avec une acuité particulière dans les prochaines années."
Préparer le renouvellement de générations
Pour faire face à ces nouveaux enjeux, son organisation a engagé, outre la convention paraphée le 14 janvier, plusieurs actions. Elle a signé notamment une autre convention de partenariat avec le ministère chargé de l'ESS, prévoyant la création d'un portail de l'emploi et de la formation dans l'ESS, dont l'ouverture a été fixée au 29 janvier.
Toujours dans cette dynamique, un protocole de coopération sur le développement de l'emploi des jeunes est signé, également le 29 janvier, avec l'Union nationale des Missions locales (UNML, cf L'Inffo n° 826, p. 15). Il permettra de “mettre en dynamique les agences régionales des Missions locales et les délégations régionales de l'Usgeres autour de l'attractivité du secteur, les besoins des employeurs et l'accompagnement des relations jeunes-employeurs dans une logique de sécurisation des parcours professionnels", a précisé Alain Cordesse.
Son organisation a engagé une négociation sur l'insertion et l'emploi des jeunes avec les cinq confédérations syndicales de salariés du secteur. “Celle-ci sera achevée dans le courant du premier semestre", a-t-il indiqué.
Des métiers à “forte utilité sociale"
L'ESS, a rappelé Benoît Hamon, est un secteur qui concerne des “métiers à forte utilité sociale. Ceux-ci nécessitent des qualifications particulières. D'où l'importance de remplacer les salariés retraités par des jeunes bien formés". La convention vise à anticiper les difficultés à venir, mais surtout à “donner aux jeunes recrutés le maximum de chances de pouvoir intégrer un parcours de qualification".
Le ministre délégué chargé de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage a annoncé que l'État s'engageait à accompagner l'Usgeres dans cette ambition, notamment en cofinançant “une action de développement de l'emploi et des compétences (avec Uniformation) consacrée à de l'ingénierie", avec les Régions et le FPSPP. Ce dernier, a-t-il indiqué, “a d'ailleurs souhaité mettre en place dès 2013 un appel à projets de 30 millions d'euros, spécifiquement dédiés à la formation des jeunes en emploi d'avenir". Un engagement dont s'est félicité Alain Cordesse : “Nous nous sommes en effet mobilisés depuis le projet de loi pour que des moyens supplémentaires soient dégagés afin de répondre aux besoins de qualification des entreprises de l'économie sociale et solidaire. Sur ces publics, qui ne sont pas immédiatement opérationnels, il faut se donner du temps et aborder l'embauche avant tout par la formation."
Pour Benoît Hamon, la signature d'un troisième accord avec le syndicat des employeurs de l'ESS “est importante, car elle permet de mobiliser les moyens financiers nécessaires pour que les jeunes recrutés aient un point d'arrivée à l'issue de leur emploi d'avenir qui débouche sur un emploi tout court".
Les engagements de l'État
Le ministère délégué chargé de l'ESS, et celui chargé de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage signeront une convention avec Uniformation pour préciser les cofinancements État-Opca (avec une “action de développement de l'emploi et des compétences", Adec).
Ils “soutiendront le fléchage" d'une partie des fonds du FPSPP en faveur de la formation des jeunes en emploi d'avenir. Outre les 30 millions d'euros prévus dans l'annexe financière 2013 de la convention-cadre État-FPSPP 2013-2015, des financements du FSE pourront être mobilisés.
Et ils veilleront à ce que les engagements de l'Usgeres soient pris en considération dans les schémas régionaux d'orientation des emplois d'avenir.
Les engagements de l'Usgères
À travers la convention-cadre signée le 14 janvier, l'Usgeres entend :
encourager l'identification et l'analyse des activités, des métiers et des territoires susceptibles d'accueillir des jeunes en emploi d'avenir ;
orienter et soutenir l'action de son Opca, Uniformation, dans le cadre du collège employeurs, en faveur de la mise en place et du financement de parcours qualifiants ;
mettre en place les conditions d'une “intermédiation efficace" entre jeunes et employeurs, ainsi qu'un suivi sur la durée du parcours des bénéficiaires ;
alimenter la réflexion globale relative à l'anticipation des sorties des contrats et l'acquisition de compétences transférables.
Pour y parvenir, l'organisation patronale prévoit de mettre en œuvre quatre actions :
identifier les activités et les métiers porteurs ainsi que les territoires potentiellement en capacité de recruter (avec les observatoires de branche et les Oref) ;
“flécher des financements" (dans le cadre du collège employeurs d'Uniformation, qui, en 2013, réalisera un effort de 11 millions d'euros au titre de la professionnalisation et de 8,5 millions d'euros au titre du plan de formation, auquel s'ajoutera une enveloppe de l'ordre de 8,9 millions d'euros pour la fonction tutorale) ;
repérer les besoins de recrutement dans le secteur associatif, l'artisanat et les PME.