La formation continue des enseignants, levier du changement des pratiques pédagogiques

Par - Le 15 décembre 2013.

“La formation continue des enseignants est le thème le plus important et nous allons y consacrer
des moyens. Cela constitue une demande des professeurs." C'est la réponse de Vincent Peillon,
ministre de l'Éducation nationale au mauvais classement “Pisa", récemment rendu public.

La dernière édition du classement Pisa
(programme international pour le
suivi des acquis des élèves) organisé
par l'OCDE (Organisation de coopération
et de développement économiques)
situe le système éducatif français
à la 25e place sur 65 pays. Quelle réponse
apporter ? “Nous travaillons à la refonte des
programmes et si on ne forme pas les professeurs
à ces nouveaux programmes, alors
c'est l'échec." Le ministre a en effet saisi le
6 décembre dernier le nouveau Conseil
supérieur des programmes (CSP) pour les
“revoir" et pour “individualiser les parcours
des élèves et donner plus d'autonomie aux
équipes pédagogiques". Allant dans le sens
des recommandations de l'OCDE, qui
préconise davantage de formation continue
pour les enseignants, le ministre a assuré
qu'elle serait “un levier pour changer les
pratiques pédagogiques dans les classes".

Une formation “sinistrée"

À l'occasion d'un débat sur France Inter
le 4 décembre dernier, Philippe Meirieu,
professeur en sciences de l'éducation à
l'Université Lumière-Lyon 2, pédagogue et
vice-président de la Région Rhône-Alpes
(délégué à la formation tout au long de
la vie), assurait que “la formation continue
des enseignants est aujourd'hui complètement
sinistrée". Ajoutant : “Les résultats de Pisa le
disent : 17 % des enseignants français sont
aujourd'hui en formation continue une fois
dans l'année, alors même que la moyenne de
l'OCDE est de 61 %. Dans les pays les plus en
avance, 100 % des enseignants ont une formation
continue au cours de l'année. Notre
système souffre et s'effondre car il n'y a pas de
dynamique pédagogique."

Dans le cadre des questions au gouvernement
au sujet de l'enquête Pisa, le 3 décembre
à l'Assemblée nationale, Vincent
Peillon a énuméré plusieurs actions dans
le cadre de la “refondation républicaine de
l'école" destinée notamment à “réduire les
inégalités qui déchirent notre tissu social,
qui invalident notre tissu économique et qui
provoquent des blessures civiques. (...) Il nous
faut être capables de restaurer la formation
initiale et continue des enseignants, car l'effet
maître demeure le plus important : c'est ce que
nous faisons avec les Écoles supérieures du
professorat et de l'éducation", a fait valoir le
ministre de l'Éducation
nationale. Pour lui, “la
réforme devra se faire
dans la durée".

“L'effondrement
des crédits"

Un rapport de février
2013 intitulé “Actualisation
du bilan de la
formation continue des
enseignants" rappelle
que la formation des
enseignants est financée
sur le budget de
l'Éducation nationale
et fait état de moyens,
en prévision, de
“16,01 millions d'euros
(frais de fonctionnement
hors rémunération des
intervenants) en ce qui
concerne l'enseignement scolaire public du
premier degré, se déclinant entre la formation
continue stricto sensu (12,95 millions d'euros)
et la « formation continuée » des enseignants
stagiaires (3 millions d'euros). Ils étaient de
25,9 millions d'euros (de la même façon, frais
de fonctionnement hors rémunération des intervenants)
en ce qui concerne l'enseignement
scolaire public du second degré, se déclinant
là aussi entre la formation continue (20,68
millions d'euros) et la formation continuée
des enseignants stagiaires (5,31 millions d'euros)".

Le rapport note que les crédits sont
délégués globalement aux recteurs et “qu'il
n'est pas certain qu'ils consacrent entièrement
cette part des crédits hors titre 2 (dépenses de
fonctionnement) à la formation continue".

D'autre part, il met en évidence “une chute
sensible des moyens" et “l'effondrement des
crédits" prévus et consommés depuis 2006.
Pour l'enseignement scolaire du premier
degré, les dépenses de personnel sont passées
de 826,7 millions d'euros en 2006 à
276,9 millions en 2012 et de 642,1 millions
à 90,2 pour le second degré.
Du côté syndical, la FSU (première fédération
de l'éducation) indique que tout
doit être traité (formations initiale et
continue, reconnaissance du “travail invisible",
développement du travail en équipes
pluri-professionnelles, etc.) et “déboucher
sur des mesures concrètes qui ne doivent pas
faire l'impasse sur la revalorisation des métiers
de l'Éducation nationale et l'amélioration des
conditions de travail".