La formation, priorité pour le développement du secteur tourisme

Par - Le 01 décembre 2013.

Développer l'alternance sous
toutes ses formes, généraliser
le tutorat et la transmission du
savoir, encourager la validation
des acquis de l'expérience et les
formations bi-qualifiantes… plusieurs
pistes sont recommandées
pour accélérer la montée en compétences
de l'industrie du tourisme
par le rapport de François
Nogué “Le tourisme, filière d'avenir",
remis le 7 novembre dernier
à Michel Sapin, ministre du
Travail, et à Sylvia Pinel, ministre
de l'Artisanat, du Commerce et
du Tourisme.

Qualifiée de levier “central" du
développement durable de l'emploi,
la formation professionnelle
est même le premier axe d'intervention
envisagé par le rapport
pour permettre au secteur de
faire face à une concurrence internationale
accrue et un manque
de compétences qui est apparu
comme “un frein structurel au
développement et à la compétitivité
touristique".

Le secteur fait illusion de bonne
santé : si la France est la première
destination mondiale,
avec 83 millions de visiteurs,
elle n'est que la troisième en
termes de recettes et a été
reléguée à la septième place
en termes de compétitivité touristique.
Alors que le secteur
revendique 2 millions d'emplois
directs et indirects [ 1 ]1,12 million d'emplois directs
dont 857 700 emplois salariés,
selon l'édition 2012 du Mémento du
tourisme (ministère de l'Artisanat, du
Commerce et du Tourisme).
, ses métiers
manquent d'attractivité du fait
des conditions de travail contraignantes,
de la saisonnalité des
emplois, du faible niveau de
qualification requis et du “sentiment
de ne pas pouvoir s'intégrer
ou faire carrière dans ces
métiers", comme le précise le
rapport. Parallèlement, indiquet-
il, “tous les professionnels se
plaignent du manque de compétences
professionnelles, et
de l'inadéquation sur le marché
du travail entre leurs besoins et
les qualifications ou l'expérience
des demandeurs d'emploi". On
estime à 50 000 le nombre d'emplois
pas pourvus, ou qui le sont
avec difficulté.

Offre de formation
disparate


Il faut dire que le secteur est éclaté
en une quinzaine de branches,
dont certaines dominent, comme
la restauration traditionnelle, où
travaille la moitié des salariés,
l'hôtellerie (25 % des salariés),
la restauration collective (13 %).
L'emploi est inégalement réparti
sur le territoire, l'Île-de-France
concentre 30 % des salariés,
Rhône-Alpes et Paca chacune
10 %. Autre caractéristique :
l'emploi saisonnier, évalué à
700 000 emplois, dont 300 000
l'été et 100 000 l'hiver.
Le tourisme recouvre donc une
grande variété de métiers permettant
une intégration professionnelle
allant du niveau CAP, bacs et
brevets professionnels, certificats
de qualification professionnelle
(CQP) de l'hôtellerie-restauration,
diplômes de l'enseignement supérieur
pour le management et l'ingénierie
du tourisme. Or, note le
rapport : “L'offre de formation est
disparate, notamment en dehors
du secteur HCR [ 2 ]Hôtellerie, commerce, restauration.. Elle est souvent
peu adaptée aux besoins réels
de la profession. Par ailleurs, les
professionnels eux-mêmes sont
encore peu investis dans la formation
professionnelle et les demandeurs
d'emploi très peu qualifiés
ont peu de moyens d'accéder à
une qualification professionnelle
reconnue du fait de la complexité
ou de la difficulté d'accès aux
mécanismes existants." Les professionnels
notent par ailleurs un
manque de compétences dans
des domaines comme le sens du
service, la connaissance et la valorisation
des terroirs, le service et
savoir-faire comportementaux et
techniques, les langues vivantes,
l'utilisation des nouvelles technologies,
l'hygiène et la propreté.

Davantage de tutorat

“Je souhaite que nous puissions
agir rapidement en mêlant
traitement de l'urgence et préparation
de l'avenir", a déclaré
Michel Sapin en recevant le rapport,
indiquant que des actions
seraient prises à court terme et
que d'autres résulteraient des
“Assises du tourisme". Selon le
ministre du Travail, elles devront
permettre à la filière de dessiner
une stratégie commune et
d'avancer sur des sujets “nécessitant
une expertise approfondie",
notamment le développement de
la VAE, “mais aussi sur des sujets
qui impliquent directement les
organisations professionnelles ou
syndicales : développement de
l'alternance, reconnaissance des
compétences, déploiement du CDI
intermittent".

Concernant les actions à court
terme, il a assuré les organisations
du tourisme de son soutien
pour les accompagner à développer
la GPEC et a indiqué que le
gouvernement cofinancerait le
travail prospectif sur les métiers
recommandé par le rapport que
ses services doivent initier. Sur
l'adaptation des compétences, le
ministre voit deux leviers prioritaires
: le recours à l'alternance
– qu'il renvoie à la réforme
en cours – et, parallèlement,
“comme l'appelle de ses voeux le
rapport, je souhaite que le Fonds
paritaire de sécurisation des parcours
professionnels puisse voir
son rôle renforcé en matière de
tutorat. C'est pourquoi il a été
inscrit dans la nouvelle convention
triennale État-partenaires sociaux
qu'un appui du Fonds paritaire au
développement des activités de
tuteur pouvait être envisagé", at-
il indiqué.

Formation
des chômeurs


Le deuxième levier est la formation
des demandeurs d'emploi,
qu'il relie au plan des “formations
prioritaires pour l'emploi"
devant combler les postes non
pourvus. À cet effet, il a indiqué
qu'il demandait à Pôle emploi
et aux organisations professionnelles
du secteur de faire “un
travail spécifique sur le secteur
du tourisme pour identifier les
métiers sur lesquels des efforts
supplémentaires sont à faire".
Ce qui se traduira par un accroissement
du nombre de préparations
opérationnelles à l'emploi [ 3 ]POE.
“Je souhaite que ce travail soit
enclenché rapidement avec les
Opca et Pôle emploi, en coordination
avec les Régions et les partenaires
sociaux", a-t-il ajouté.

D'autre part, le secteur étant
composé de 90 % d'entreprises
comptant moins de 10 salariés,
Michel Sapin a déclaré qu'il
était “impératif" que Pôle emploi
adapte son offre à leurs spécificités.
L'opérateur expérimente
d'ailleurs un service dédié sur
huit territoires. “Je demanderai
à Pôle emploi que les évaluations
de cette expérimentation
s'appuient, comme le propose
le rapport, sur un retour d'expérience
spécifique concernant les
entreprises touristiques", a-t-il
indiqué.

CINQ LEVIERS FORMATION

François Nogué veut activer cinq leviers formation pour accélérer
la montée en compétences du secteur :

 renforcer l'alternance Alors que l'artisanat enregistre 120 000 contrats d'alternance par an et le BTP 60 000, l'hôtellerie-restauration plafonne à 20 000.[ 4 ]Alors que l'artisanat enregistre 120 000 contrats d'alternance par an et le BTP 60 000, l'hôtellerie-restauration plafonne à 20 000., le tutorat et la “formation informelle" ;

 développer le recours à la validation des acquis de l'expérience ;

 créer un contrat de génération au niveau interprofessionnel dans
le cadre d'un “contrat de filière" ;

 lancer un contrat d'études prospectives pour mettre en oeuvre
la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC)
dans le secteur ;

 favoriser l'apprentissage des langues et l'ouverture des formations
à l'international ;

 introduire l'anglais professionnel dans les sections “HCR" en
lycée professionnel.

LES ASSISES
DU TOURISME


Lancées courant novembre,
les Assises s'achèveront au
printemps 2014. Objectif :
“Arrêter un programme
d'actions précis et ambitieux
pour dynamiser le tourisme
et renforcer l'attractivité
de la France." Il s'agit de
mobiliser les acteurs,
publics et privés, du secteur
et de monter des groupes
de travail et d'échanges
sur tout le territoire, en y
associant les collectivités
locales. La réflexion portera
sur une diversification plus
forte de l'offre touristique
française et son adaptation
aux demandes des
nouvelles clientèles, mais
aussi sur l'amélioration de
la compétitivité de l'offre
“que pourraient apporter un
travail sur l'investissement,
l'organisation de l'accueil, la
formation professionnelle"

Notes   [ + ]

1. 1,12 million d'emplois directs
dont 857 700 emplois salariés,
selon l'édition 2012 du Mémento du
tourisme (ministère de l'Artisanat, du
Commerce et du Tourisme).
2. Hôtellerie, commerce, restauration.
3. POE
4. Alors que l'artisanat enregistre 120 000 contrats d'alternance par an et le BTP 60 000, l'hôtellerie-restauration plafonne à 20 000.