Les effectifs du siège de l'Afpa réduits d'une centaine de personnes

Par - Le 16 avril 2013.

“Sur quoi voulons-nous être jugés ? En tant qu'association, nous voulons être jugés sur notre utilité sociale, tout comme une entreprise est jugée sur son résultat financier." C'est en ces termes que le président de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, Yves Barou, a débuté la présentation du point d'étape du
“plan de refondation" de l'association, le 26 avril dernier.

Réunis trois jours à Châtellerault (Vienne), le conseil d'administration et le conseil d'orientation (qui rassemble État, Régions et partenaires sociaux) de l'Afpa “sont parvenus à un consensus sur les divers sujets du plan de refondation", s'est félicité le
président, abordant celui redressement financier. “Nous avons terminé 2012 avec un déficit de 69 millions d'euros. L'essentiel pour nous est de retrouver une crédibilité et de réduire l'ardoise", a-t-il expliqué. Prévisions : - 68 millions fin 2013, - 46 millions fin 2014. Une trajectoire qui bénéficie du soutien de l'État, avec le déblocage annoncé en janvier dernier de 110 millions d'euros, auxquels s'ajouteront 110 autres millions sur la période 2014-2017. “Il ne s'agit pas d'une aide de l'État mais d'un prêt, et il faudra payer des intérêts", a rappelé le président de l'Afpa. Ce plan est accompagné d'une cure d'économie de 102 millions d'euros d'ici 2015, avec une rationalisation des centres de formation, sans pour autant remettre en cause le maillage territorial. “Un important travail a été lancé l'automne dernier pour renforcer nos équipes, notamment par le biais de recrutements, de manière à ne plus perdre d'appels d'offres, a souligné le président. Et nous avons un travail de co-construction à réaliser avec tous les prescripteurs de formation." D'ici l'été, une soixantaine de formateurs (mobiles entre les centres de formation) seront embauchés. Mais Yves Barou a aussi annoncé que l'Afpa avait ouvert un plan de départs volontaires, pour le siège de Montreuil, afin d'atteindre un effectif d'un peu plus de 400 personnes dans les dix-huit mois à venir (contre 516 fin 2012).

Fin de la “nomenklatura" ?

Sur ce dernier point, les réactions n'ont pas manqué. Déjà, le 14 mars dernier, Sud-FPA publiait sur son site un billet intitulé “L'Afpa traîne un boulet : sa hiérarchie", qui tirait à bout portant sur une “nomenklatura" accusée de représenter 20 % des rémunérations, pour 15 % de l'effectif. Dans ces conditions, “si ces sorties se font sur la base du volontariat ou des départs la retraite, c'est une bonne chose", estime ainsi François Duval, délégué syndical central dont l'organisation évalue le nombre de “surnuméraires hiérarchiques" à près de 300. Au siège de Montreuil, mais aussi dans les directions régionales. Mais l'absence de clarté sur l'identification exacte des postes destinés à disparaître inquiète. Pour la CGT Afpa, le recensement préalable n'a pas été fait en amont. Son secrétaire général, Jacques Coudsi, juge “irréalistes" les réductions d'effectifs envisagées, particulièrement à l'heure où le nombre de demandeurs d'emploi a dépassé les 3,2 millions : “Supprimer autant d'emplois à l'Afpa alors qu'il y a tant de chômeurs à former est à la fois paradoxal et scandaleux." Toutefois, il ne jette pas tant la pierre à Yves Barou qu'aux pouvoirs publics. En ligne de mire, les prêts promis pour 2014-2017, mais qui devront être remboursés à terme… “Réduire l'état-major pendant le processus de refondation constitue effectivement un risque", analyse pour sa part Alain Guillemot, secrétaire général de la CFDT-Afpa. Car davantage que les départs volontaires, c'est, à ses yeux, le sort des CDD évoluant au sein de l'association qui mérite une attention toute particulière. La diminution programmée du nombre de managers et personnels hiérarchiques (essentiellement cadres, donc) aurait pu entraîner une bronca au sein du Syndicat national du personnel des établissements
Afpa (SNPEA) affilié à la CFE-CGC, mais pour son président, Bernard Collot, la direction générale de l'association tend davantage à un redéploiement des effectifs en régions qu'à une suppression nette de postes. “C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les fonctions RH et ingénierie de formation, qui vont se voir dispatchées
dans les délégations régionales en vue de la décentralisation à venir et de ses conséquences sur la formation professionnelle." Une
situation stratégiquement compréhensible (“les compétences doivent
aller où le besoin s'en ressent"), mais qui risque d'amener ces collaborateurs à subir le poids d'une double hiérarchie, régionale et nationale, dont les orientations politiques pourraient ne pas concorder.

Philippe Grandin et B. d'A.

“RÉORIENTER L'OFFRE"

Depuis janvier, l'Afpa procède à des visites d'entreprises en régions
“de manière à réorienter son offre de formation et à mieux coller
aux besoins des entreprises (GPEC, mobilité, plans sociaux, etc.)", a
expliqué Yves Barou. “Nous allons aussi construire un second pôle
bancaire avec de nouvelles banques et retravailler avec l'État et les
Régions concernant l'immobilier de l'Afpa." L'État doit conclure avec
l'Afpa des baux emphytéotiques administratifs de longue durée
pour une mise en oeuvre de centres de formation, d'hébergement et
de restauration. Une phase d'études, recommandée par l'association
des Régions de France, est en cours dans trois régions (Pays de la
Loire, Paca et Nord-Pas-de-Calais).