Les enjeux stratégiques de l'achat de formation
Par Knock Billy - Le 16 mars 2013.
“D'ici à 2020, près de 6 millions de personnes, soit 600 000 en
moyenne par an, devraient partir en retraite. Sur la même période, environ 1,5 million d'emplois seraient créés, soit une moyenne de 150 000 par an. Le niveau de création d'emplois serait proche de celui atteint entre 2005 et 2010", a annoncé Tristan Klein, chef de projet “Prospectives-métiers-qualifications 4" au Centre d'analyse stratégique (CAS), qui a présenté “Les grandes tendances du marché : les métiers et les secteurs en croissance à l'horizon 2020", lors de la matinée d'actualité organisée par Centre Inffo, le 28 février.
Selon l'expert, il faudrait s'attendre à de “fortes créations
d'emploi dans des métiers hautement qualifiés", notamment les cadres des services administratifs, les comptables, financiers, les créateurs d'entreprise et les cadres administratifs de la fonction publique. De même, a-t-il relevé, l'on devrait connaître une forte dynamique en termes d'emploi dans les métiers du bâtiment, de
la logistique, de soins et aide aux personnes fragiles, ainsi que d'employés de maison et d'agents d'entretien.
Enfin, la féminisation des métiers se poursuivra, surtout dans les métiers qualifiés.
“Renouer avec une formation plus responsable"
Pour Fabrice Gutnik, chercheur au Conservatoire national des arts et
métiers (Cnam) et président de l'Association française de réflexion et d'échange sur la formation (Afref), “cette tendance a des impacts sur les enjeux stratégiques de l'achat de formation et les dépenses des entreprises". En effet, a-t-il rappelé, “nous sommes dans une situation de transformation profonde de nos économies" qui oblige à “revoir les orientations au niveau de la stratégie de l'achat de formation". Il préconise de “passer de la logique de coût, donc de la maîtrise des charges financières de formation à une logique de compétitivité et de développement de l'employabilité". Car plutôt que d'être considérée comme une dépense, la formation doit être avant tout un investissement.
“Il y a donc lieu de renouer avec une formation permanente plus solidaire et plus responsable", et Fabrice Gutnik a plaidé pour de nouvelles “politiques d'achat de formation professionnelle comme investissement social, économique et culturel". Il a invité l'ensemble des acteurs de la formation professionnelle, notamment les associations, en premier lieu l'Afref, à “permettre le développement de la formation autonome et réfléchi qui puisse contribuer précisément
au renouveau de la formation des adultes, placer l'exigence éthique
au coeur des politiques d'achat de la formation, et faire en sorte que cette exigence soit une affaire de tous les acteurs de la formation.
Telles sont les conditions de réussite d'une réforme de la formation professionnelle pour les entreprises qui se veulent désormais des institutions de vie".