Les Universités réaffirment leur rôle central dans la formation professionnelle et l'apprentissage

Par - Le 15 décembre 2013.

En organisant un colloque sur la formation professionnelle et l'apprentissage [ 1 ]Le thème du colloque organisé par la CPU
les 28 et 29 novembre 2013 au Cnam
était : “Les Universités au coeur de la formation
professionnelle et de l'apprentissage.
", la Conférence des présidents
d'Université (CPU) a voulu rappeler que “le rôle central des Universités dans la formation professionnelle
ne peut être ignoré, que ce soit en termes de formation professionnelle initiale, continue, par alternance
ou apprentissage".

Associer Université et formation professionnelle
ou apprentissage peut encore
surprendre… À tort ! Les formations
des Universités visent bien, depuis
longtemps, à l'insertion professionnelle des
personnes qu'elles accueillent, et à la maîtrise de
nouvelles compétences." Or, l'offre de formation
professionnelle des Universités ne représente
que 10 % du marché de la formation continue.
“C'est trop peu et là encore injustifié et singulier
au regard de ce qui se fait dans d'autres pays",
a déploré Jean-Loup Salzmann, président
de l'Université Paris-XIII et président de la
CPU [ 2 ]La CPU comprend actuellement
une centaine de membres votants (présidents
d'Université, directeurs d'école normale
supérieure, etc.), mais également des
membres associés.
.

Un constat partagé par l'ancienne directrice
générale de l'éducation et de la culture à la
Commission européenne (2006-2010) Odile
Quintin [ 3 ]Elle est aujourd'hui professeure affiliée
à Sciences Po Paris et à l'ESCP Europe.
. Selon cette dernière, la formation
tout au long de la vie est très peu développée
en France, en comparaison avec les pays
nordiques. En Suède, a-t-elle indiqué, 42 %
des plus de 30 ans suivent une formation dans
une Université. La moyenne européenne est
de 10 %, et la France est en dessous. Un retard
qui s'expliquerait par l'importance accordée
à la formation initiale et aux diplômes. En
France, “chaque personne continue à être
marquée et définie, à vie, par la formation
initiale qu'elle a suivie lorsqu'elle avait 20 ans",
a reconnu Jean-Loup Salzmann. Il est, selon
lui, nécessaire de “changer de paradigme" en
donnant autant d'importance à la formation
continue et à l'expérience.

Partenariats et mutualisations

La technologie le permet. En effet, “les
possibilités ouvertes par le numérique pour les
enseignements à distance permettent de toucher
facilement des publics jusque-là trop éloignés
de la formation", a indiqué le président de la
CPU. Politiquement, “les responsables sont prêts
à accompagner ce changement de paradigme. Le
fait qu'un projet de loi sur la formation professionnelle
soit en discussion en témoigne". Et sur le
terrain, “le contexte est également favorisé par la
mise en place prochaine des communautés d'Universités
et d'établissements, qui vont permettre de
construire des stratégies de site pour la formation
tout au long de la vie".

Selon Olivier Faron, administrateur général du
Cnam, le développement de partenariats et de
mutualisations permettra aux établissements
d'enseignement supérieur de mettre en place
des parcours de formation tout au long de la
vie, de partager davantage leurs expériences
en matière d'innovation pédagogique, et de
construire une offre mieux adaptée aux besoins
des entreprises et des territoires.

“Le rapprochement entre les Universités et les
Régions est fondamental", a rappelé Jean-Paul
Denanot, président de la commission
formation professionnelle de l'ARF
(Association des Régions de France). Car,
a soutenu Laurent Beauvais, président de
la commission enseignement supérieur,
recherche et innovation de l'ARF, “ce partenariat
permet de renforcer la cohérence entre
l'offre de formation supérieure et les besoins
territoriaux".

Les deux responsables régionaux encouragent
les Universités à initier davantage de partenariats
afin de mieux affirmer leur rôle dans la
formation professionnelle et l'apprentissage.
Selon Odile Quintin, “contrairement aux
pays du Nord de l'Europe, les pays du Sud,
dont la France, sont en retard en matière de
coopération entre les Universités et les entreprises.
Ces dernières sont même représentées
dans les instances de direction des Universités,
dans les pays nordiques".

Bien que de plus en plus d'actions de
partenariat avec les entreprises soient
initiées, les présidents d'Université et les
responsables des Services universitaires de
formation continue (SUFC) reconnaissent
que beaucoup reste à faire pour rattraper les
grandes écoles. Ils affichent leur ambition de
doubler leur nombre d'apprentis.

Ils revendiquent que “les Universités puissent
disposer de la possibilité qui permet aux
établissements publics locaux d'enseignement
(EPLE, c'est-à-dire les collèges et les lycées)
de faire de l'apprentissage directement, sans
passer par un CFA".

“D'où l'importance de revoir la collecte
de l'apprentissage !", a déclaré Jean-Paul
Denanot. D'ailleurs, la CPU réclame
davantage de lisibilité et de transparence
pour les mécanismes d'affectation de la
taxe d'apprentissage. Et que, recentrée sur
le financement des apprentis, elle “retrouve
son caractère incitatif ".

Notes   [ + ]

1. Le thème du colloque organisé par la CPU
les 28 et 29 novembre 2013 au Cnam
était : “Les Universités au coeur de la formation
professionnelle et de l'apprentissage.
2. La CPU comprend actuellement
une centaine de membres votants (présidents
d'Université, directeurs d'école normale
supérieure, etc.), mais également des
membres associés.
3. Elle est aujourd'hui professeure affiliée
à Sciences Po Paris et à l'ESCP Europe.