Nouvelle-Calédonie : l'IDC-NC rejoint le coeur de métier d'un Carif-Oref

Par - Le 16 avril 2013.

Depuis janvier 2013, l'Institut pour le développement des compétences en Nouvelle-Calédonie (IDC-NC) se retrouve peu ou prou dans le cœur de métier d'un Carif-Oref de métropole, avec un service d'information et d'orientation concernant l'ensemble des dispositifs de formation.

La Direction de la formation professionnelle continue (DFPC) de Nouvelle-Calédonie a orienté la formation sur les métiers pérennes du secteur minier de 2003 à 2008[ 1 ] Voir L'Inffo n° 815, du 1er juillet 2012.. L'objectif était de maintenir l'employabilité des salariés qualifiés compte tenu de l'accroissement considérable des technologies mises en œuvre dans les engins miniers et dans les process de transformation des minerais (nickel, cobalt, manganèse).

Avec le soutien des entreprises minières

À ce titre, la DFPC avait confié à l'Institut pour le développement des compétences en Nouvelle-Calédonie (IDC-NC) la mission de “ déterminer avec les professionnels et les entreprises quels étaient leurs nouveaux besoins et de quelle manière faire monter en compétences les salariés concernés pour qu'ils se saisissent des nouvelles technologies", rappelle Philippe Martin, directeur de l'IDC-NC. “Cela a été réalisé sans structure paritaire de formation
(Opca ou fonds interprofessionnel, etc.), mais avec le soutien des entreprises concernées, à savoir la Société le Nickel (SLN), Goro Nickel (au sud) et KNS (au nord). Ces entreprises sont assujetties à l'obligation légale, fixée à 0,7 % de la masse salariale, de financement de la formation professionnelle continue. Elles vont bien au-delà de cette obligation, puisqu'elles consacrent environ 4 % de leur masse salariale à ce financement", ajoute-t-il.

L'IDC-NC (de forme juridique établissement public), financé directement par le gouvernement de Nouvelle-Calédonie ou via la DFPC, n'a pas mis en place la formation des salariés dans ce dossier, mais son “ expertise en amont, indique Philippe Martin. Notre contribution s'est limitée à identifier les besoins par le biais d'études sectoriels orientées entreprises et formation jusqu'en 2011. Nous avons ainsi travaillé avec les salariés sur leurs profils, leurs points forts et faibles, sur leur capacité à changer de métier ou à évoluer". Jusque fin 2012, l'IDC-NC a été prescripteur de formations tout en procédant au positionnement des demandeurs d'emploi (évaluation par rapport à des formations).

“Animer et professionnaliser le réseau"

À partir du 1er janvier 2013, la structure s'est positionnée sur le cœur de métier d'un Carif-Oref, en se dotant d'un observatoire de la formation et de l'emploi, et par la mise en place d'un service d'information et d'orientation concernant tous les dispositifs et à destination de tous les publics.“ Nous avons également pour mission
d'animer et de professionnaliser les partenaires du réseau insertion-formation de Nouvelle- Calédonie (comparable au réseau de l'accueil, information, orientation en métropole). Cette mutation de notre structure a commencé fin 2011, suite à une décision politique qui s'est traduite, pour nous, par un projet d'établissement" , explique Philippe Martin.

Étape suivante : la prescription de formations

“ La DFPC, poursuit-il, a intégré la partie prescription de formations et nous nous sommes donc positionnés sur l'orientation de tous les publics vers tous les dispositifs pertinents, en fonction des projets de chaque personne. Nous avons pour rôle d'accueillir du public.

Cela consiste, par exemple, à donner aux jeunes le goût d'une intégration dans le monde du travail, c'est-à-dire à leur expliquer l'intérêt d'exercer un emploi et d'être salarié. Car notre rôle va bien plus loin qu'un simple rôle d'aiguillage des jeunes.
La difficulté réside dans le peu d'intérêt que peuvent manifester
les jeunes pour les métiers porteurs. C'est une réalité sociale : convaincre les jeunes de l'importance de la formation dans une perspective d'insertion professionnelle n'est pas gagné d'avance. Cette perspective n'est pas vécue comme un aboutissement par ces mêmes jeunes."

L'IDC-NC tente ainsi de développer l'acquisition de compétences par l'emploi, dans le cadre de contrats dits d'intégration. “L'emploi serait privilégié dans le cadre d'un contrat ad hoc et la personne pourrait
acquérir des compétences pour ensuite suivre une formation. Nous sommes en train de finaliser les outils juridiques et nous devrions déployer ce type de démarche ou produit dans le courant de l'année 2013, annonce le directeur de l'IDC-NC. Nous faisons un peu office de laboratoire, mais nous nous inspirons aussi des produits nationaux
que nous adaptons à nos besoins."

Pour les jeunes Océaniens

Le public cible du dispositif de formation professionnelle est constitué pour une bonne part de jeunes Océaniens (Kanaks, Wallisiens, etc.) demandeurs d'emploi. Ces derniers sortent du système scolaire très tôt et sans qualification professionnelle. Ils retournent ensuite chez eux ou au sein de la tribu à laquelle ils appartiennent. Ils ne reviennent en tant que demandeurs d'emploi dans le système économique de type occidental que trois à quatre
ans après leur sortie de l'école. “Notre appréciation des parcours
tient compte du fait que ce public en grande difficulté est de plus en plus loin de la cible. Il s'agit de lui fournir des modalités d'intégration professionnelle loin du schéma ou cadre scolaire. La consigne du
gouvernement de Nouvelle- Calédonie est de s'occuper de ce public. À nous d'essayer de faire preuve d'imagination pour apporter à ces jeunes le background nécessaire à cette intégration professionnelle",
conclut Philippe Martin.

LE GOUVERNEMENT NÉOCALÉDONIEN REVOIT SON MODE DE FINANCEMENT DES FORMATIONS

Par l'arrêté n° 2013-553/GNC du 5 mars dernier, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a révisé ses modalités d'achats des formations auprès des organismes qui en assurent la mise en oeuvre. Le texte modifie le mode de financement des actions de formation professionnelle continue. Innovation majeure : une partie du financement repose désormais non plus sur le niveau des formations, mais sur le niveau d'expertise technique et pédagogique du formateur.

Le niveau d'expertise du formateur pris en compte

En effet, les formateurs intervenant sur les formations agréées par la Nouvelle- Calédonie sont classés en cinq catégories, selon le diplôme détenu et l'expérience professionnelle dans le domaine technique dans lequel ils assurent l'enseignement, ainsi que la détention d'une certification professionnelle relative à la formation des
adultes inscrite au Répertoire national des certifications professionnelles ou au Répertoire de la certification professionnelle
de la Nouvelle-Calédonie.

Évaluation qualité

Une autre partie du financement repose sur la qualité des prestations de formation proposées aux stagiaires
et l'incitation des organismes à respecter leurs engagements tant sur le plan quantitatif (nombre de stagiaires, taux d'abandon, etc.) que
qualitatif (absentéisme, taux de réussite, taux d'insertion après formation, etc.). Le respect des objectifs est évalué par le biais d'indicateurs de performance posés tout au long du déroulement de la formation. Leur non-respect entraînera une sanction financière pour l'organisme dans la limite maximale de 30 % du coût de l'action.

FONDS PARITAIRE : LA NÉGOCIATION SE POURSUIT

L'accord interprofessionnel relatif à la création d'un Fonds de formation interprofessionnel, tel que prévu à l'article Lp. 544-7 du Code du travail de Nouvelle-Calédonie, n'a toujours pas été signé.
Sous l'égide du Conseil du dialogue social, qui regroupe toutes les
organisations patronales et syndicales, les discussions qui avaient
débuté en octobre 2011 se poursuivent, compte tenu des enjeux
stratégiques liés à la création de ce fonds paritaire.

Notes   [ + ]

1. Voir L'Inffo n° 815, du 1er juillet 2012.