“Refondation" de l'Afpa : l'État chiffre son soutien
Par Béatrice Delamer - Le 01 février 2013.
Lors d'un déplacement à Caen, le 14 janvier, Jean-Marc Ayrault a confirmé le soutien du gouvernement à l'Afpa. L'État versera 110 millions d'euros en 2013. Avec l'appui de partenaires et de banques, l'aide se montera à 430 millions d'euros, d'ici 2017.
Rappelant que la politique d'emploi et de formation de l'État s'était “toujours appuyée sur l'Afpa, depuis sa création, en 1949, même si le nom d'Afpa date de 1966" et soulignant que l'association rendait “un véritable service d'intérêt général", le Premier ministre a annoncé la recapitalisation de l'organisme de formation, en déficit de quelque 75 millions d'euros fin 2012, lors d'un déplacement dans un centre de formation de l'association.
“Nous l'avons trouvée dans une situation tellement dégradée que son existence était menacée." Alors que le gouvernement précédent “laissait mourir l'Afpa à petit feu, mon gouvernement s'est mobilisé, aux côtés des salariés de l'Afpa et de leurs représentants", a-t-il déclaré, saluant l'action de Michel Sapin, Thierry Repentin et la “nouvelle dynamique" impulsée par la nomination d'Yves Barou, le nouveau président de l'Afpa. Jean-Marc Ayrault a réaffirmé sa confiance dans son plan de refondation. “Sa mise en œuvre s'accompagnera de mesures de réorganisation, de réduction des coûts de fonctionnement et de réduction des effectifs", a-t-il cependant prévenu. Mais il a pris l'engagement qu'il n'y aurait pas de licenciement économique à l'Afpa.
Financer la “refondation"
Le Premier ministre a annoncé que l'État allait aider l'Afpa à se doter de fonds propres pour qu'elle puisse emprunter à moyen terme, financer sa refondation, et procéder aux investissements qui permettront la remise à niveau de son patrimoine. “Nous souscrirons une participation permettant de consolider le bilan de l'association : dès cette année 2013, l'État investira 110 millions d'euros." Ce soutien devra être aussi accompagné du soutien des banques. “Ces efforts de tous se prolongeront sur les années suivantes. Les établissements bancaires, par leur financement régulier de la vie de l'Afpa. L'État, en souscrivant à nouveau sur la période 2014-2017, avec d'autres partenaires, un montant global équivalant à celui de la souscription de 2013. Au total, c'est un besoin de financement de près de 430 millions d'euros que l'État, les partenaires qu'il réunira et les banques devraient financer", a-t-il promis.
D'autre part, il a annoncé que des baux emphytéotiques administratifs concerneront une première vague “significative" de centres de formation, d'hébergement et de restauration dans deux régions, pour en valider la faisabilité. Il a indiqué que d'autres solutions complémentaires étaient à l'étude et que la gouvernance de l'Afpa serait “ajustée, afin de permettre aux différents partenaires, dont l'État, de mieux suivre la mise en œuvre du plan de refondation et le devenir de l'association".
La CGT se félicite de la recapitalisation
Le lendemain, 15 janvier, la CGT des salariés de l'Afpa reconnaissait que le “Premier ministre [n'était] pas venu les mains vides", jugeant : “Il s'agit-là d'un pas important dans la bonne direction, celle d'une sécurisation de l'Afpa."
Mais aux yeux du syndicat, ce sont bien les salariés qui ont rendu possible cette nouvelle situation, “en tenant bon pendant dix ans, malgré les difficultés, et en portant à bout de bras un outil de travail que d'autres s'acharnaient à démolir". Et de mentionner la mobilisation unitaire du 22 novembre 2012 (voir L'Inffo n° 823, p. 3).
Pour autant, la CGT Afpa, invoquant la volonté de la direction d'accueillir davantage de demandeurs d'emploi en formation, a d'ores et déjà qualifié d'“irréaliste et inadaptée" la perspective de réduction des effectifs également évoquée par le Premier ministre dans son discours de Caen.
La CFDT approuve le réengagement de l'État
La CFDT a également salué l'annonce du déblocage des 110 millions d'euros en 2013, puis de l'effort équivalent sur la période 2014-2017, pour contribuer au redressement de la situation financière de l'Afpa. “Cet apport va lui permettre d'assurer sa mission de formation, qui contribue au service public de l'emploi", s'est-elle félicitée, le 15 janvier. Une contribution financière qui “concrétise l'engagement de l'État" et doit être interprétée “comme un signe de confiance en l'avenir de l'Afpa. Elle est décisive pour appeler d'autres partenaires financiers à s'engager à leur tour".
Cette décision du gouvernement “conforte également les chances de réussite du plan de redressement présenté mi-novembre par la présidence de l'Afpa. La CFDT y apporte son soutien, ainsi qu'à tous les personnels". Également, le syndicat “prend acte de l'engagement de l'État de prendre rapidement des initiatives pour résoudre la question de l'immobilier de l'Afpa". Insistant : “Dans une période de forte dégradation de la situation de l'emploi, l'Afpa est un outil indispensable qui doit pouvoir être mobilisé pour favoriser la qualification ou la requalification des salariés et des demandeurs d'emploi."