Un pari en faveur des processus d'orientation individuelle

Par - Le 01 avril 2013.

“Si dans les grandes entreprises, la GPEC n'est pas une nouveauté, la loi de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005 a créé une situation nouvelle. La négociation est devenue une obligation. Elle fait entrer cette instrumentalisation dans le champ du droit et de la négociation collective obligatoire.

Huit ans après la loi, quel bilan peut-on tirer de ces accords conclus ? " À cette question posée lors du colloque, le 19 mars, le rapport “Accords d'entreprises sur la GPEC : réalités et stratégies de mise en œuvre", publié par l'IAE de Paris, la Dares et le Gregor [ 1 ]Groupe de recherche en gestion des organisations , apporte des éléments de réponse.

L'anticipation et la prévention

Selon Patrick Gilbert, professeur à l'IAE et responsable scientifique de ce colloque, qui a présenté les principaux résultats de cette étude, la GPEC dite “adéquationniste" n'est plus présente que dans les intentions des pouvoirs publics et dans les projets des représentants syndicaux : “Les accords de GPEC servent davantage l'anticipation et la prévention que la prévision. Ils traduisent et outillent un pari en faveur de processus d'information et de soutien à l'orientation individuelle. Ils sont à la fois utilisés comme vecteur de communication et comme outil d'accompagnement du changement, et de légitimation de la fonction RH et de ses pratiques." Un autre résultat marquant de cette étude est que malgré les intentions et les textes des accords, “la GPEC n'apparaît que très peu articulée aux processus de décision de GRH (gestion des ressources humaines) de l'entreprise, notamment la formation, le recrutement, la mobilité et, a fortiori, l'organisation du travail)".

Par ailleurs, a déploré Patrick Gilbert, “la plupart des outils figurant dans les accords sont sous-utilisés, leur finalité rarement explicitée et leurs effets guère perceptibles. De plus, les liens entre ces accords et les territoires sont très ténus, souvent inexistants, qu'il s'agisse de cartographie des compétences ou de suivi des parcours externes".

Conduite du changement

Pour Xavier Baron, enseignant à l'Université Versailles-Saint-Quentin-en- Yvelines, “la GPEC est bel et bien un support d'un dialogue". Les accords GPEC essaient de construire une “codétermination", c'est-à-dire, une “version française de la conduite du changement", a rappelé Frédéric Bruggeman, consultant chez [Amnyos Mutations économiques->www.amnyos.c om/-Gestion-anticipative
des-mutations-.html].

En effet, a-t-il expliqué, en France, “l'accord vaut engagement de l'entreprise d'éclairer l'avenir autant qu'il peut l'être et d'aider à construire des pratiques qui pourraient, en dernier recours, être externes. Il est une voie française d'association des salariés à la marche de l'entreprise". Pour l'économiste, “les
accords peuvent s'analyser comme une tentative de modernisation d'un compromis antérieur (salaire et loyauté/ carrière et ancienneté) proposant de nouveaux termes à l'échange (engagement des salariés/ sécurisation de l'emploi)".

Une “ressource utile"

Dans un environnement changeant, les accords de GPEC peuvent constituer une “ressource utile", en ce sens qu'ils “accroissent l'agilité de l'entreprise, en facilitant l'ajustement par la qualité, la polyvalence, les polycompétences, la capacité à apprendre, à changer de poste, voire de métier". De plus, “une information sur la stratégie et ses conséquences participe à la mobilisation du personnel et contribue à renforcer la cohésion interne de l'entreprise".

Aujourd'hui, les accords de GPEC participent “à la diffusion de dispositifs pariant sur un développement de l'appétence et des capacités à la mobilité et à l'acquisition de nouvelles compétences". La GPEC consiste donc à “armer le salarié individuellement, pour lui proposer des ressources, notamment l'information, l'orientation, la formation et la mobilité.

De sorte qu'il se gère plus aisément sur les marchés interne et externe". Mais il faut noter que “comme le droit à la formation ne déclenche pas l'appétence à la formation, l'obligation de
signer un accord GPEC ne donne pas l'appétence à la pratique de GPEC...", a rappelé Frédéric Bruggeman.

Notes   [ + ]

1. Groupe de recherche en gestion des organisations