Faire de l'éducation pour tous une réalité tangible

Analphabétisme, inégalités d'accès à la formation, importance de l'information, risques et opportunités de la formation tout au long de la vie… Tous ces points ont été évoqués lors de la séance de clôture du 1er Forum mondial, le 29 octobre à Paris.

Par - Le 16 novembre 2008.

“On peut avoir appris les savoirs de bases et être amené à les oublier lorsqu'ils ne sont pas sollicités", a rappelé Marie-Thérèse Geffroy, directrice de l'ANLCI (Agence nationale de lutte contre l'illettrisme)[ 1 ]http://www.anlci.gouv.fr . Ainsi, en France par exemple, “9 % des 18 à 65 ans ayant été scolarisés sont en situation d'illettrisme. Cela représente 3 100 000 personnes, dont 49 % vivent dans une zone rurale ou une petite agglomération. 57 % ont un emploi, et 74 % parlaient uniquement français avant l'âge de cinq ans", avec des conséquences sur la vie quotidienne, professionnelle, sociale et citoyenne. Marie-Thérèse Geffroy a insisté sur le fait qu'il fallait rendre “l'alphabétisation durable" et ne pas oublier la notion de “réappropriation des connaissances".

Du 11 au 13 février 2009, a-t-elle annoncé, l'ANLCI et l'Unesco organisent la Conférence de Lyon, qui réunira des représentants de 54 pays industrialisés, émergents, en voie de développement dans le cadre de la francophonie, et qui préparera Confintea VI[ 2 ]Conférence internationale de l'Unesco sur l'éducation des adultes, qui se tiendra au Brésil en 2009. en analysant les problèmes et en mettant en place “des solutions adaptées après avoir cherché, trouvé et fait connaître ce qui marche".

Compétitivité et compétences

“Alors qu'en trois semaines de crise financière, des centaines de milliards de dollars ont été envoyés aux banques, nous, nous attendons toujours les six milliards de dollars que nous avons demandé au titre de l'éducation pour tous dans le monde", a, quant à lui, déploré Paul Bélanger, président de l'ICAE[ 3 ]International council for adult education (Conseil international de l'éducation des adultes). http://www.icae.org . Revenant sur la crise financière actuelle, il a noté que “le capital a eu tendance à oublier l'économie réelle, le travail, et les femmes et les hommes qui travaillent. Il n'y a pas de compétitivité sans un accroissement des compétences, qui passe, notamment, par la formation tout au long de la vie – un droit fondamental pour tous". Or, aujourd'hui, a-t-il insisté, les inégalités sont encore très prégnantes : 135 millions d'enfants âgés de 7 à 18 ans ne reçoivent aucune instruction. Selon lui, le Forum est “un plaidoyer pour un droit à la formation tout au long de la vie" et les acteurs concernés doivent veiller à “la réalisation des engagements des États, des entreprises, et de la société civile".

Le partenariat, clef de la réussite

Pour Louis-Charles Viossat[ 4 ]Louis-Charles Viossat, inspecteur général des affaires sociales, est également ambassadeur chargé de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles. , président du Centre Inffo, “nous avons devant nous un formidable défi commun : faire que l'éducation pour tous en 2015 ne soit pas un simple objectif, mais une réalité tangible, partout dans le monde". Constatant que, près de dix ans après, le Forum de Dakar, des efforts considérables ont été réalisés. Toutefois, a-t-il regretté, il reste “de très fortes inégalités". Pour atteindre l'éducation pour tous, l'action de terrain est primordiale, ainsi qu'une mobilisation de tous les acteurs. Les rencontres internationales, comme le Forum, sont également indispensables, pour “faire le point, faire mûrir les idées novatrices et faire grandir une dynamique collective sans laquelle rien n'est possible".

Cependant, a relevé le président du Centre Inffo, le défi de l'éducation pour tous doit aujourd'hui être surmonté dans un contexte particulièrement évolutif et complexe. Les modalités de l'éducation et de la formation changent rapidement et modifient radicalement les conditions où elles seront mises en œuvre. Mais, pour Louis-Charles Viossat, “elles constituent aussi de véritables opportunités pour parvenir à un saut qualitatif et quantitatif sans précédent".
Autre point évoqué par le président du Centre Inffo, “le partenariat entre l'État, les collectivités locales, les ONG, les partenaires sociaux, entre le public et le privé", qui est “une des clefs de la réussite". Et de souligner que ceci est particulièrement vrai dans le domaine de l'information sur les métiers, les qualifications et les formations : “C'est d'ailleurs dans cet esprit de partenariat très étroit et très confiant que s'est développée en France avec succès jusqu'à présent la mission publique d'information du Centre Inffo."

Risques et opportunités de la FTLV

Françoise Bouygard, déléguée adjointe à l'emploi et à la formation professionnelle, intervenant au nom de Laurent Wauquiez, secrétaire d'État chargé de l'Emploi, s'est interrogée : “Face aux mutations contemporaines, que deviennent l'éducation et la formation, quelles sont les opportunités, mais aussi les risques – pour les personnes, les entreprises, nos sociétés – que font courir les systèmes éducatifs « formels » et « informels » actuels ?" Pour mieux préciser ce que sont les opportunités, elle s'est référée aux termes de la stratégie définie par les États européens en 2000. Quant aux risques, a-t-elle analysé, ce sont ceux de l'inégalité d'accès à la connaissance, entre les entreprises, entre les territoires – et d'avoir “des systèmes trop compliqués pour nos concitoyens comme pour les entreprises, opaques et, donc, peu efficients". Le système de formation français, a-t-elle relevé, n'est pas exempt de ces critiques.
“Le changement à conduire est donc considérable, si l'on veut donner corps aux engagements européens de Lisbonne (...), aux objectifs que poursuit l'Unesco et qu'illustre ce 1er Forum mondial."
Elle a souligné que le président de la République, Nicolas Sarkozy, avait rappelé le 28 octobre “l'importance et l'urgence qui s'attachent à améliorer notre système d'éducation et de formation tout au long de la vie". Et a conclu : “Les échanges qui se sont tenus ici, au cours de ce 1er Forum, apportent leur pierre à ce chantier."

Notes   [ + ]

1. http://www.anlci.gouv.fr
2. Conférence internationale de l'Unesco sur l'éducation des adultes, qui se tiendra au Brésil en 2009.
3. International council for adult education (Conseil international de l'éducation des adultes). http://www.icae.org
4. Louis-Charles Viossat, inspecteur général des affaires sociales, est également ambassadeur chargé de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles.