Le tutorat en Allemagne, une tradition à moderniser

L'encadrement des apprentis dans les entreprises allemandes fait l'objet d'une réglementation stricte, avec formation obligatoire. Mais des marges de progrès existent, d'autant que ce ne sont pas toujours les personnes formées qui assurent la fonction sur le terrain...

Par - Le 01 octobre 2008.

“Mentor", “maître de stage", “spécialiste en formation" et, avant tout “formateur d'entreprise", ce sont les termes utilisés pour désigner le tuteur, absent en tant que tel du vocabulaire allemand. La formation professionnelle en entreprise est une tradition en Allemagne, mais qui varie selon le secteur et la taille de l'entreprise. La loi fédérale sur la formation professionnelle approuvée le 14 août 1969 établit une norme pour les cours de formation professionnelle qui sont obligatoires pour toutes les entreprises allemandes. Et une loi sur la capacité du formateur prévoit que celui-ci a suivi une formation et acquis les qualifications nécessaires pour devenir formateur (soit d'entreprise, soit de centre de formation).

“Les tuteurs bénéficient d'une formation de 120 à 200 heures qui s'appuie sur un référentiel fédéral officiel et d'une assistance complémentaire papier ou sur CD-Rom, mais ils ne perçoivent pas de rémunération spécifique à ce titre. En réalité, la formation du jeune n'est pas obligatoirement confiée à un formateur certifié. Le chef d'entreprise demande souvent à d'autres ouvriers – sans se soucier de leur certification – d'assurer une partie de la formation", constate Manfred Fischedick, directeur d'un centre BZB (établissement de formation initiale et continue du bâtiment) situé à Düsseldorf, et partenaire de CoPilote. “Un des axes de progrès, précise-t-il, est de former la personne qui concrètement effectue la formation."

Pour les chefs d'entreprise allemands, la mission la plus importante d'un tuteur-formateur d'entreprise est de transmettre la théorie et la pratique sur le chantier, de veiller à l'intégration professionnelle des apprentis et de servir d'exemple. Les deux tiers des employeurs considèrent que les tuteurs ont les compétences nécessaires pour remplir leur mission. Ils estiment que le tutorat constitue un investissement pour l'avenir, mais que les apprentis passent trop peu de temps sur le chantier. Les formateurs d'entreprise, interrogés sur leur motivation à exercer cette mission, expliquent que c'est d'abord une responsabilité qui leur a été confiée par le chef d'entreprise, mais aussi ils l'acceptent car “ils aiment transmettre leur savoir aux jeunes". Ils regrettent cependant la plus grande charge de travail que le tutorat implique et, parfois, “le désintérêt de la part de l'apprenti". Ils se déclarent majoritairement satisfaits, mais voudraient plus de temps et une meilleure collaboration avec le centre de formation et des réunions avec toutes les personnes concernées par la formation. Afin d'améliorer la situation existante, des cours de révision de courte durée seraient utiles, tout comme des réunions régulières entre les partenaires.

Pour Manfred Fischedick, le référentiel élaboré dans le cadre de CoPilote est un instrument très important qui permettra, entre autres, d'améliorer l'offre de formation pour les personnes non certifiées. Autre réalisation du projet qu'il juge très innovante : les ressources de la base de données ouvertes à tous les partenaires européens, “une dimension européenne qui n'existait pas auparavant", se félicite-t-il.