Bernard Saint-Girons, délégué interministériel à l'orientation

“Nous sortons d'une vision segmentée de l'orientation"

Par - Le 01 novembre 2009.

Le délégué interministériel à l'orientation analyse les changements introduits par la loi sur l'orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie, envisage ses premières modalités d'application et précise l'évolution du rôle du délégué.

Quelles sont pour vous les principales avancées de la loi dans le champ de l'orientation ?

D'abord, le droit à l'orientation y est décliné en trois volets. Le droit à une information complète, comportant des éléments sur les filières, les prérequis, les taux de réussite, les débouchés et les niveaux de rémunération au terme de la formation. Ensuite, le droit à un conseil indépendant, objectif et autonome. Enfin, le droit à un accompagnement avec le concours de toutes les structures susceptibles d'aider à l'élaboration et à la mise en œuvre du projet. Ces trois volets : information, conseil, accompagnement, reprennent les termes de la résolution du Conseil européen intitulée “Mieux inclure l'orientation tout au long de la vie dans les stratégies d'éducation et de formation tout au long de la vie" adoptée le 21 novembre 2008 sous la présidence française de l'UE.
Second élément important : le droit à l'orientation s'inscrit dans la durée, “tout au long de la vie". Cela signifie qu'il existe une réversibilité de l'orientation : nul ne doit être enfermé dans des choix ni dans des parcours qui ne correspondraient plus à ses projets. Cela veut dire aussi que le développement de la capacité à s'orienter se poursuit au-delà du parcours scolaire et universitaire et constitue un facteur de sécurisation des parcours professionnels. Nous sortons ainsi d'une vision segmentée de l'orientation dictée selon le statut des personnes par le Code de l'éducation ou par celui du travail.

Quelles modalités de mise en œuvre de la loi ?

La loi affirme clairement que le droit à l'orientation est garanti. Il l'est en particulier par la mise en place d'une plateforme d'information et de conseil de premier niveau destinée à aiguiller l'usager vers l'organisme susceptible de lui rendre le service le plus pertinent. C'est un élément de clarification dans un contexte où les réseaux sont nombreux et imbriqués, mais aussi de modernisation du dialogue sur l'orientation, notamment auprès des publics les plus jeunes et, c'est une préoccupation majeure, des publics en situation de décrochage et de leurs familles.
Par ailleurs, des convergences méthodologiques sont à construire dans le recueil et la présentation des données disponibles si l'on veut disposer d'une vision prospective du marché de l'emploi par bassin. Un travail en ce sens est engagé avec les universités dans la cadre de la mise en place des bureaux d'aide à l'insertion professionnelle. L'enjeu est double : à la fois la transparence des informations données aux étudiants ou futurs étudiants et la pertinence de la mise en perspective des résultats observés par grand secteurs d'activité.

Quelles évolutions du rôle du délégué la loi introduit-elle ?

Le délégué à l'information et à l'orientation se voit attribuer une responsabilité dans la création, à partir des expériences existantes, d'un nouveau service dématérialisé d'information pour tous les publics. Il a vocation dans l'immédiat à mener la concertation pour définir des critères de référence en matière de qualité pour l'ensemble du service public de l'orientation. Il pourra s'appuyer sur ceux qui existent, notamment sur la charte des Cités des métiers ou celle du réseau Information jeunesse. D'autres réseaux se sont dotés de tels outils ; il convient donc avant tout de dresser un état des lieux et de mettre en perspective ce qui peut être envisagé en France avec les pratiques ayant cours dans d'autres pays. Le futur système instauré par la loi sera davantage piloté et garantira la qualité du service rendu.
Le délégué se voit confier par la loi un rôle de coordination, d'animation et d'évaluation. Il est là pour veiller à ce que l'orientation fasse bien l'objet d'une approche interministérielle et s'inscrive dans une dimension tout au long de la vie, conformément aux attentes du législateur. La délégation n'a pas vocation à devenir une administration à part entière : c'est un lieu d'analyse, de proposition et de suivi dont la mission est de faire évoluer les pratiques et d'identifier des priorités à partir d'évaluations fondées sur des indicateurs clairement définis.