Marie-Christine Soroko, déléguée générale de la FFP

“La transparence devra désormais être la règle"

Par - Le 01 novembre 2009.

À quelles conséquences sur l'offre peut-on s'attendre avec la nouvelle loi ?

Il y a plusieurs pistes intéressantes, et j'en retiendrais quatre. Tout d'abord, la Fédération de la formation professionnelle (FFP) est satisfaite des mesures qui permettent l'amélioration de la transparence du système. Selon nous, cette transparence devra désormais être la règle, notamment dans le cadre des actions collectives des Opca, qui devront faire l'objet d'appels d'offres. Par ailleurs, le fait que les délais de paiement des Opca soient désormais identiques à ceux de toutes les entreprises commerciales, en application de la loi de modernisation de l'économie, est une bonne disposition. C'est une des garanties nécessaires à la pérennité des structures de formation, et cela leur permet d'investir sereinement dans l'avenir.

Deuxièmement, les mesures relatives à l'élargissement de la portabilité du Dif sont intéressantes, car elles permettront aux demandeurs d'emploi de mobiliser davantage leur Dif. C'est donc une mesure qui contribue à renforcer la sécurisation de leurs parcours professionnels. Encore faut-il que les consultants en charge de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, et notamment les conseillers de Pôle emploi, incitent les personnes en recherche d'emploi à utiliser ce dispositif.

Troisièmement, la loi a précisé l'objet social des Opca. Elle leur a notamment confié un rôle d'ingénierie et de conseil auprès des TPE et PME, mais sans pour autant en spécifier la nature. Ce qui, à l'avenir, risque de poser problème. Si ces missions sont financées sur la collecte dédiée à la formation, ce sont autant de ressources en moins pour les actions de formation. Si ces missions s'avèrent être des prestations, attention aux atteintes à la concurrence du fait de la position quasi dominante des Opca.

Enfin, concernant le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), il y a encore beaucoup d'interrogations : à la fois sur son fonctionnement, sur le fléchage des financements et sur le choix des publics bénéficiaires. Faute de lisibilité actuellement sur l'organisation du FPSPP, certains s'interrogent sur le tarissement des fonds dédiés aux contrats de professionnalisation ou de ceux consacrés au plan de formation.

La loi renforce le contrôle de l'activité de prestataire de formation, notamment en interdisant d'activité toute personne ayant fait l'objet de condamnation. Ne faudrait-il pas instaurer une labellisation systématique ?

La labellisation permet de promouvoir efficacement le professionnalisme d'un organisme. C'est ainsi que nous demandons à nos adhérents de s'engager, dans les deux ans suivant leur adhésion à la FFP, dans une démarche de qualification auprès de l'ISQ-OPQF (Office professionnel de qualification des organismes de formation).
Cependant, c'est avant tout au commanditaire public ou privé d'être attentif, au moment de l'achat de prestation de formation, au professionnalisme de l'organisme de formation et, au besoin, d'exiger un label.

Nous ne sommes pas favorables à un label obligatoire ni à la multiplication de labels. Qu'il y ait quelques grands types de labels qui permettent de se repérer dans l'offre de formation, pourquoi pas ? Mais une multiplicité de labels, en fonction de la spécificité, du domaine de formation, de la région, etc., ne nous paraît pas pertinente. Car cela oblige les organismes de formation à une surcharge administrative qui impacte les efforts de construction et d'innovation pédagogiques dans les réponses qu'ils donnent à leurs clients.

La loi exige qu'à l'issue de la formation, le prestataire délivre une attestation mentionnant les objectifs, la nature et la durée de l'action et les résultats de la formation. Qu'apportera une telle généralisation à la qualité de l'offre ?

La plupart des adhérents utilisent depuis longtemps une “attestation descriptive de formation" – document élaboré en 1985 par la FFP avec la Délégation à la formation professionnelle [DFP, devenue depuis la DGEFP]. Ce document leur permet déjà de délivrer au stagiaire en fin de formation une attestation qui détaille les différents items énoncés dans la loi. Cette disposition ne nous pose donc pas de problème, et nous sommes satisfaits de la généralisation de cet outil.

Que pensez-vous du fait que le CNFPTLV évalue par bassin d'emploi et par région les actions réalisées par les structures de formation ?

Pour faire une évaluation pertinente et efficace, il est essentiel de mettre tous les acteurs autour de la table. Les organismes de formation doivent donc être associés à cette évaluation : il est, en effet, indispensable que l'appréciation des actions de formation réalisées soit faite par des personnes qui maîtrisent les processus d'ingénierie de formation et d'ingénierie pédagogique. Par ailleurs, il est également important que soient définis précisément en amont les objectifs et les critères de cette évaluation.