L'alternance, arme anticrise

Par - Le 16 novembre 2011.

En ciblant les jeunes n'étant pas passés par l'apprentissage ou n'ayant pas reçu un enseignement technique, la notion d'alternance apparaît formellement pour la première fois dans la loi du 16 juillet 1971 relative à l'organisation de la formation professionnelle. Dans un contexte d'augmentation du chômage, l'alternance devient alors le principal instrument de la politique d'insertion des jeunes.

Le tout sur fond de vive concurrence avec l'Éducation nationale. « L'alternance se développe ainsi comme contournement de fait du système scolaire et comme moyen pour l'État de rétablir l'engagement des employeurs en direction des jeunes que l'école n'arrive pas à qualifier", analysent Raymond Poupard, Yves Lichtenberger, Jean-Marie Luttringer et Christian Merlin“Construire la formation professionnelle en alternance", Raymond Poupard, Yves Lichtenberger, Jean-Marie Luttringer, Christian Merlin, éditions d'organisation, [ 1 ]1995.

Il faudra néanmoins attendre le début des années 80 pour que l'alternance prenne rééellement son essor. Chargé fin 81 par le nouveau gouvernement socialiste d'un rapport sur “l'insertion sociale et professionnelle des jeunes", Bertrand Schwartz préconise la mise en place d'un dispositif massif de qualification par l'alternance des jeunes chômeurs rejetés par l'école : “Il ne s'agit plus de confier à l'entreprise ceux pour lesquels l'école n'a pas su trouver de pédagogies adaptées. L'alternance est vue comme un processus exigeant une coopération suivie du jeune, des formations et de l'entreprise "[ 2 ]Op.cit.

Un changement de paradigme qui se traduit dans l'accord national interprofessionnel du 26 octobre 1983 sur les formations en alternance, repris sous forme de loi l'année suivante. L'alternance est désormais reconnue par l'ensemble des organisations patronales et syndicales comme une voie légitime d'insertion et de qualification en direction des jeunes en difficulté. Deux nouveaux contrats de travail -assortis d'un temps de formation et d'une aide de l'État-, voient le jour: le contrat d'adaptation et le contrat de qualification. Auquel s'ajoute le stage d'initiation à la vie professionnelle (SIVP), remplacé en 1991 par le contrat d'orientation. Les branches professionnelles déterminent dorénavant le contenu et les modalités de financement des formations, par l'intermédiaire de leurs organismes collecteurs.

Ces trois contrats seront fondus dans le contrat de professionnalisation, issu de l'Ani du 5 décembre 2003 et de sa transposition législative, la loi du 4 mai 2004. Le contrat de professionnalisation s'adresse aux jeunes de 16 à 25 ans et aux chômeurs de plus de 26 ans. Autre innovation concomittante, la période de professionnalisation, qui vise à maintenir dans leur emploi les salariés de plus de 45 ans.

Notes   [ + ]

1. 1995
2. Op.cit