Air France : les complexités d'un plan pour 55 000 salariés

Par - Le 01 septembre 2012.

“Compte tenu de sa taille, notre entreprise s'est dotée d'un comité central d'entreprise (CCE) et de huit comités d'établissement (CE)", indique Christophe Dewatine, délégué syndical CFDT en charge des négociations des accords sur la formation professionnels. L'élaboration du plan de formation au sein de cette entreprise qui emploie près de 55 000 salariés est spécifique.

En effet, jusqu'à la fin 2011, “Air France fonctionnait sous un régime particulier, car notre plan de formation était calculée en « année IATA » [ 1 ]International air transport association (d'avril à avril). Depuis 2012, nous sommes passés à l'année civile (janvier à décembre). Ce qui nous conduit à suivre un calendrier des consultations conforme aux obligations légales", explique-t-il, avant de détailler les étapes de la construction du plan de formation 2012 : les huit CE ont été consultés en novembre-décembre 2011, sur le bilan de l'année IATA 2010-2011, avec un bilan partiel de l'année civile 2011 et le projet d'orientations générales de la formation pour 2012. D'autres consultations ont été organisées, en février dernier, sur les orientations définitives du plan 2012. Ces réunions ont été suivies, en mars, par celle du CCE afin d'examiner l'ensemble des orientations et le plan prévisionnel. À la suite des consultations et des débats au niveau des établissements, la direction de l'entreprise a rencontre, entre avril et août, les différentes directions des ressources humaines, “afin d'établir la préfiguration des orientations générales pour 2013". En juillet dernier, les comités d'établissement ont reçu le bilan 2011 et le bilan partiel 2012, ainsi que le pré-projet d'orientations 2013. La consultation du CCE est prévue en septembre pour délibérer sur le bilan des actions mises en œuvre en 2011, le bilan partiel de celles en cours en 2012, ainsi que le projet d'orientations pour 2013.

“Naturellement, avant chaque réunion des comités d'établissement et du comité central d'établissement, la commission emploi-formation organise, en amont, des séances d'explication et d'information destinées aux élus, dont certains ne sont pas tous des spécialistes de la formation professionnelle. En effet, ses membres étudient et commentent les documents remis aux représentants des salariés. Forts de ces éclairages ceux-ci peuvent alors participer efficacement aux réunions", indique Christophe Dewatine. Qui précise : “Nous restons vigilants, d'autant que l'entreprise prévoit d'importantes restructurations et modifications dans ses différents métiers. Les éclairages de la commission emploi-formation permettent aux élus de veiller à ce que le plan corresponde au projet d'entreprise. En général, nos observations sont prises en compte."

Cependant, rappelle Christophe Dewatine, il est arrivé que les représentants des salariés “votent contre des plans de formation, sur certains établissements. Mais souvent, nous nous abstenons sur le plan de formation global de l'entreprise, parce qu'il est difficile de corréler le plan avec les projets que nous savons devoir apparaître en milieu ou en fin de plan". Déplorant que “le plan de formation relève, jusqu'à présent, de la responsabilité de l'employeur", il souhaite que son élaboration “passe par une réelle négociation avec les organisations représentatives des salariés", voire, sur certains sujets, qu'“un veto puisse être opposé par les élus dans un comité d'établissement, comme c'est le cas dans d'autres pays européens, notamment aux Pays-Bas [ 2 ]Air France KLM est une holding franco-hollandaise.". Et de se demander comment transposer en France cette méthode sans risquer, en cas de désaccord entre les différentes parties, des blocages.

Christophe Dewatine reconnaît les efforts de formation d'Air France. Cette entreprise, qui “maintient, même dans les moments les plus difficiles, un effort important de formation professionnelle continue", dépense “entre 6 % et 7 % de sa masse salariale, au lieu des 1,6 % réglementaires". Il explique cet investissement par le fait que la compagnie aérienne “a des activités soumises à des obligations lourdes en matière de formations réglementaires (maintenance aéronautique et pilotes) et qui ne peuvent être prises que sur le plan".

Notes   [ + ]

1. International air transport association
2. Air France KLM est une holding franco-hollandaise."