Les partenaires sociaux invités à s'investir davantage

Par - Le 16 janvier 2013.

À Lille le 18 décembre, dans le cadre d'une conférence-débat intitulée “Partenaires sociaux et insertion des jeunes", Patrick Vassallo, président de la Mission locale Objectif emploi Île-de-France et vice-président de l'Union nationale des Missions locales (UNML), a rappelé que “le rapport à l'insertion des jeunes n'est pas une histoire très simple". Poursuivant : “La bataille syndicale s'est priorisée sur le maintien des emplois au regard de la politique d'insertion. Du côté patronal, il faut également se rappeler que le Conseil national du patronat français (CNPF) puis le Mouvement des entreprises de France (Medef) considéraient les animateurs socioculturels des Missions locales comme de joyeux fifrelins, ou représentants d'une police sociale de la jeunesse."

Michel Abhervé, professeur associé à l'Université de Paris Est Marne-la-Vallée, a rappelé les prémices de cette situation : “Quand naissent les Missions locales en 1981, le monde est simple. L'Éducation nationale a pour métier la formation des personnes qui entrent dans le monde du travail et les partenaires sociaux gèrent la formation des personnes qui y sont déjà entrées. La mise en place des Missions locales s'inscrit dans une politique de la parenthèse, c'est-à-dire que cette présence devait être la plus courte possible." En octobre 1983, les partenaires sociaux, à l'exception de la CGT, signent un texte qui organise pour les jeunes trois modes de formation en alternance : le contrat de qualification professionnelle, le contrat d'adaptation à l'emploi et le SIVP (stage d'initiation à la vie professionnelle). L'accord demande aux pouvoirs publics de prendre en compte ces trois contrats et d'en organiser le financement, tout en souhaitant qu'y soit affecté le 0,2 % de la masse salariale au profit des actions d'insertion des jeunes par les entreprises. “À côté, se trouve un autre dispositif d'entrée des jeunes dans l'entreprise, le contrat d'apprentissage, avec une grande différence : il reste l'affaire des employeurs", comme l'a pointé Michel Abhervé, mais ce dispositif reste dans l'ensemble ignoré des partenaires sociaux. L'accord de 1983 a tout de même le mérite de supprimer une partie des blocages politiques et psychologiques vis-à-vis de l'alternance, et, indirectement, de l'apprentissage.

“Peu présents, peu représentés"

Aujourd'hui, les partenaires sociaux se préoccupent de plus en plus de l'insertion des jeunes, ce qui les a conduits à s'engager dans la négociation d'accords nationaux interprofessionnels. Ainsi, l'Ani signé en avril 2011 (sur l'accompagnement des jeunes demandeurs d'emploi) marque une étape importante dans l'appropriation des enjeux par les organisations salariales et patronales à l'échelle nationale, déclinée au plan territorial. Marquant aussi un pas dans le développement du partenariat engagé avec les Missions locales, ainsi reconnues comme acteurs centraux de l'accompagnement des jeunes vers et dans l'emploi. Cependant, “au sein des instances des Missions locales, les partenaires sociaux sont peu présents ou peu représentés, a considéré Michel Abhervé. Quand les postes sont occupés, ils le sont par des personnes qui s'intéressent à l'insertion et qui représentent moins l'organisation dont elles sont issues. À ma connaissance, seule la CFDT a organisé une rencontre des administrateurs des Missions locales pour une meilleure harmonisation. Les partenaires sociaux ne sont pas invités à prendre part à ce qui constitue encore une politique publique. Il s'agit d'inventer une forme d'institution publique, de manière à ce que les partenaires sociaux s'investissent davantage dans le pilotage du réseau des Missions locales".

“Prendre la main"

Il faut effectivement, a confirmé Michel Julita, animateur régional de l'Association régionale des Missions locales (ARML) du Languedoc-Roussillon, que “le réseau réfléchisse aux relations avec les partenaires sociaux au plan régional, via les Commissions paritaires interprofessionnelles régionales pour l'emploi (Copire), et au plan local, dans la mesure où les partenaires sociaux ont la capacité d'être présents au sein des conseils d'administration des Missions locales". Il reste donc du travail “pour établir une relation équitable avec les partenaires sociaux, qui vont prendre un poids de plus en plus important dans l'insertion des publics".

Reste qu'au regard de la signature des Ani, Patrick Vassallo a fait remarquer que les partenaires sociaux “ont bien la main" concernant l'insertion des jeunes. “L'une des originalités des Missions locales est de ne pas être le bras armé de la puissance publique. Le réseau et les partenaires sociaux ont la capacité de travailler ensemble et de manière autonome", a-t-il conclu.