“Retrouver l'espoir de rebondir"

Par - Le 16 janvier 2013.

“La Mission locale est une synapse entre le monde éducatif et le monde professionnel", a considéré Hervé Sérieyx , vice-président de l'Union des groupements d'employeurs de France (Ugef) et ancien délégué interministériel à l'insertion des jeunes (Diij). Il participait à la rencontre nationale des Missions locales, organisée à Lille les 17 et 18 décembre. Dans le cadre de la table ronde intitulée “Le regard des personnalités du mondé économique et de la société civile sur les Missions locales", Hervé Sérieyx a souligné : “Ces quinze dernières années, les Missions locales ont réalisé un vrai maillage avec leurs territoires, notamment en étant parties prenantes des stratégies territoriales. Cela a constitué un changement profond, relayé par un souci d'être en lien constant avec le tissu économique. Les Missions locales sont un levier de développement territorial très important."

Sourcing avec l'enseigne Carrefour


Depuis de nombreuses années, Carrefour entretient des relations privilégiées avec les Missions
locales. En 2009, l'entreprise a signé un accord avec le Conseil national des Missions locales (CNML) en faveur de l'emploi des jeunes. Dans le même temps, elle a créé un espace recrutement en interne afin d'embaucher davantage de jeunes en contrat d'alternance via les Missions locales. “C'est une grande réussite. Nous constatons une réelle efficacité en matière de sourcing", a déclaré Muriel Bolteau, directrice des politiques “emploi et carrières" chez Carrefour. Les conseillers des Missions locales ont en effet une bonne connaissance de “leurs" jeunes. Avant de les présenter au groupe, ils les ont accompagnés dans la construction de leur projet professionnel et savent donc les positionner sur des postes qui leur sont accessibles. “En 2012, nous avons recruté 3 000 jeunes en contrats en alternance, dont 25 % par le biais des Missions locales. Parmi ces derniers, 52 % ont obtenu un CDI à l'issue de ces contrats", a précisé Muriel Bolteau.

“Le tuteur du service civique"

De son côté, Martin Hirsch, président de l'Agence du service civique, et ancien haut-commissaire à la jeunesse, s'est dit “frappé de la manière dont les Missions locales, qui s'interrogeaient sur leur place par rapport au service public de l'emploi et aux organismes privés, se sont emparées de nouvelles pratiques via des expérimentations et le développement de projets d'insertion sociale et professionnelle". Ajoutant : “Par rapport au service civique, les Missions locales sont un partenaire essentiel à plusieurs niveaux."
En 2010, le service civique a commencé à prendre place au sein du réseau des Missions locales. Par exemple, ce dernier a la possibilité de mettre à disposition un jeune volontaire au sein d'une collectivité ou d'une association du territoire. Dans ce cas, la Mission locale reste la structure d'accueil : elle accompagne le jeune volontaire ainsi que la structure tierce tout au long du dispositif, en aidant cette dernière à définir la mission, et en veillant à son bon déroulement (mise en place du tutorat, de la formation civique et citoyenne, respect de la mission définie, etc.). Cette mise à disposition se formalise par la signature d'une convention entre le jeune, la Mission locale et la structure tierce. “Les jeunes qui sont venus, via les Missions locales, au service civique avaient peu de chance de s'insérer. Ils ont pourtant retrouvé l'espoir de rebondir sur d'autres dispositifs dont les Missions locales ont la maîtrise. À ce titre, la Mission locale est le tuteur du service civique", a considéré Martin Hirsch.

Redonner confiance aux jeunes

Au cours du mois de novembre 2012, une enquête de satisfaction a été menée auprès de 30 000 jeunes fréquentant les Missions locales. “L'orientation d'un jeune vers la Mission locale repose avant tout sur le bouche-à-oreille, la famille et les amis, mais aussi sur Pôle emploi", a indiqué Claude Fournet, président de l'Association régionale des Missions locales (ARML) de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et vice-président de l'UNML. L'enquête montre que la relation établie entre l'usager et un conseiller unique est considérée en majorité comme très satisfaisante, d'autant qu'elle redonne “confiance au jeune dans l'élaboration d'un projet de vie".

“La porte d'une Mission locale est toujours ouverte, a poursuivi Claude Fournet. En moyenne, 22 % des jeunes viennent à la Mission locale entre six et dix fois, et 60 % entre six et plus de vingt fois. Cette fidélisation s'explique en grande partie par la relation avec le conseiller." Il a également insisté sur la nécessité de travailler en créant les conditions de l'écoute des jeunes. Tel est l'un des principes d'action de l'Institut Bertrand Schwartz, créé le 10 novembre 2011 à la suite d'une décision prise lors d'une assemblée générale de l'UNML. La volonté de l'Institut est de développer une réflexion sur la prise en compte de la parole des jeunes d'une part, et de consolider la définition de l'accompagnement, d'autre part.