Réforme : les conditions de la réussite

Par - Le 01 février 2014.

Reconnaissance de la
formation dans l'entreprise,
développement
des services de proximité
auprès des TPEPME,
meilleure prise
en compte de l'intérêt
des salariés… La table
ronde d'actualité intitulée
“Compétences et
formation : comment
les mettre en œuvre",
le 30 janvier, a permis à
plusieurs représentants
syndicaux – signataires
ou non de l'Ani du 14 décembre sur la formation –
et à Carine Seiler, directrice formation, économie,
emploi au cabinet Sémaphores, de mettre en avant
les leviers qui permettront à la réforme de la formation
de porter ses fruits.
Pour Jean-Pierre Therry, conseiller confédéral à la
CFTC en charge de la formation, l'un des points
centraux de la réforme est le CPF (compte personnel
de formation), dans la mesure où celui-ci “met
au coeur la personne humaine". En revanche, pour
Jean-Michel Pottier, président de la commission
formation-éducation de la CGPME, qui a refusé
de signer l'Ani, le CPF “déporte le système de formation
à l'extérieur de l'entreprise". “Tout le monde
s'esbaudit sur cette réforme, y compris le ministre [du
Travail, Michel Sapin] en se réjouissant que l'on
baisse les charges. Or, si cela signifie que l'on va vers
une pénurie des moyens alloués à la formation, cela
ne nous convient pas", a-t-il ajouté. La CGPME
regrette en effet que l'Ani ait supprimé la contribution
des entreprises au titre du plan de formation.

Valoriser l'“investissement formation"

Pour Mohammed El Barqioui (UPA), le renforcement
des fonctions des Opca qui doit découler
de la réforme est une bonne chose. “Le paysage des
organismes collecteurs est stabilisé. Ils vont chercher les
petites entreprises pour les accompagner." Le représentant
UPA s'est réjoui de ce qu'avec la suppression
du 0,9 % “plan de formation", les entreprises
soient appelées à passer “d'une obligation de payer à
une obligation de faire. À cet égard, l'entretien professionnel
obligatoire est positif."
Reste que pour Carine Seiler, il est nécessaire de
“penser dès maintenant à l'après. Il faut réfléchir à
ce qu'est l'investissement formation, à ce que cela
veut dire, et à comment le valoriser à l'intérieur de
l'entreprise, auprès des CA, des Comex, des Codir…
Comment justifier le maintien de la formation en
entreprise ? L'Ani, ainsi que la loi, créent un intérêt
commun entre le responsable de formation ou le DRH,
et les partenaires sociaux de l'entreprise : ils doivent
démontrer l'intérêt de former", a-t-elle exposé.
“La notion de reconnaissance est importante", a renchéri
Dominique Jeuffrault, déléguée nationale en
charge de la formation à la CFE-CGC : “L'entretien
professionnel doit être formalisé. C'est une véritable
démarche de sécurisation des parcours."

Donner “envie" aux salariés

Jean-Marie Truffat (secrétaire national en charge
de la formation professionnelle de l'Unsa) a pour
sa part souligné qu'il était nécessaire d'aller vers les
salariés, qui n'ont pas forcément envie de se former,
l'idée de formation étant souvent connotée
négativement. “Il faut qu'une rencontre se fasse entre
l'intérêt de l'entreprise et l'intérêt du salarié", a-t-il
poursuivi, invoquant la responsabilité de tous les
acteurs. “Le chef d'entreprise doit, dans le cadre de
l'entretien professionnel, faire connaître au salarié le
positionnement stratégique de l'entreprise, pour que ce
dernier puisse lui-même se positionner par rapport à
son parcours professionnel et de formation", a enchaîné
Jean-Michel Pottier.
Dans ce cadre, l'intérêt du développement du
CEP (conseil en évolution professionnelle) qui
doit être créé par la réforme est aussi conçu
comme une avancée positive. “Cela permettra au
salarié d'être mieux guidé dans son parcours", a expliqué
Jean-Pierre Therry, qui a plaidé également
pour un développement de la GPECT : la gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences...
territoriale.