Régions, territoires et branches professionnelles : quelles convergences ?

Par - Le 01 février 2014.

En 2004, le deuxième acte de la décentralisation
venait consacrer l'échelon régional en tant que
pilote des politiques de formation sur les territoires.
Dix ans plus tard, en dépit d'un troisième
volet de la régionalisation qui se fait encore attendre,
le projet de réforme de la formation renforce
encore le pouvoir des Conseils régionaux en
la matière en intégrant les questions d'orientation
tout au long de la vie à leur portefeuille de compétences.
Depuis 2012, d'ailleurs, huit Régions
expérimentent déjà ce futur service public régional
de l'orientation (SPRO), dont l'Aquitaine qui
accueillait, cette année, l'Université d'hiver de la
formation professionnelle. L'occasion de dresser
un premier panorama prospectif de l'influence
de la formation sur la valorisation des territoires.
Car la mise en place d'un service public régionalisé
de l'orientation passe par la construction
de partenariats avec l'ensemble des acteurs impliqués
dans le circuit qui parfois tiennent leur gouvernance
de l'échelon national (Éducation nationale,
Pôle emploi) ou départemental (CIO).
C'est aussi l'occasion d'expérimenter des initiatives
sociales à périmètre régional. Ainsi l'Aquitaine
a instauré un “revenu social formation"
(RSF) sur son territoire, dévolu à l'accompagnement
des individus en situation d'insertion, de
formation ou éloignées de l'emploi et créé une
trentaine de postes de conseillers MFE (mission
formation emploi), chargés de mailler le territoire
aquitain en matière d'information sur la formation
et l'apprentissage. Des initiatives nées d'un
constat : “La mobilité géographique représente un
frein à l'entrée en formation ; alors, l'enjeu, c'est
d'amener la formation auprès de ceux qui en ont
besoin", a expliqué Thierry Alves, directeur général
adjoint éducation-formation-apprentissage
au Conseil régional [ 1 ]Table ronde “Les territoires et secteurs professionnels, créateurs
de valeur pour la formation…et réciproquement", le 30 janvier.

Clusters régionaux

Mais la valorisation des territoires par la formation
; c'est aussi la création de clusters regroupant
entreprises, organismes de formation, branches
professionnelles, financeurs et pouvoirs publics
autour de secteurs à fort potentiel économique
et créateurs d'emploi, à l'image de l'Aérospace
Valley, initiative transrégionale (Aquitaine et
Midi-Pyrénées) bâtie autour des sites industriels
de Toulouse (aéronautique civile) et Bordeaux
(aéronautique militaire). Un cluster dont le volet
“formation" a été confié à l'Aérocampus, groupement
de 21 organismes de formation fondé
en 2011 dont le savoir-faire s'exporte désormais
jusqu'à Dubaï, mais qui n'aurait jamais pu voir
le jour sans une solide prospective des besoins
en compétences sur le terrain. “La décentralisation
nous amène à territorialiser les politiques de
formation, alors que ce sont justement les territoires
qui expriment leurs besoins en compétences", a souligné
Jean-Louis Maurin, le directeur de l'Agefos-
PME Aquitaine, dont les services visitent
annuellement 2 500 entreprises régionales pour
sonder leurs besoins prévisionnels en matière de
formation.

Croiser les observatoires

Un travail qui nécessite une association étroite
entre tous les observatoires des compétences –
ceux des branches professionnelles, des Opca, des
Carif-Oref ou d'organismes de formation comme
l'Afpa – pour analyser les besoins en compétences
qui se feront ressentir demain. “Dans ces conditions,
le rôle des observatoires ne doit plus se borner
à répondre aux commandes, mais bien de les anticiper",
a résumé Charles Fournier, président de
l'Association nationale des Carif-Oref. À ce titre,
les 30 000 “formations d'urgence" programmées
l'an passé par Michel Sapin – qui seront 100 000
en 2014 – ont constitué un premier test pour
mobiliser les acteurs régionaux de l'orientation,
de la formation et de l'emploi.

L'échelon territorial

Régions chefs de file. Régions animatrices.
Régions coordinatrices, mais quid de l'échelon
territorial, où tout semble se jouer ? “La
décentralisation ne s'arrête pas à l'échelle régionale,
mais à celle des territoires", a noté Jean-
Louis Maurin. Opinion partagée par Charles
Fournier, pour qui la dimension opérationnelle
des politiques orientation-formationemploi
doit s'exprimer à l'échelle des bassins
d'emploi, fussent-ils transrégionaux. “Et cette
dimension, les cartes des formations devront en
tenir compte."

Notes   [ + ]

1. Table ronde “Les territoires et secteurs professionnels, créateurs
de valeur pour la formation…et réciproquement", le 30 janvier.