Bernard

Monteil

Pour Bernard Monteil (ISQ-OPQF), un observatoire de la qualité de la formation est souhaitable.

Il ne suffit pas de créer des observatoires, des répertoires ou des organismes d'“intermédiation", encore faut-il veiller à la qualité... de leurs travaux. Offre de service, par Bernard Monteil, président de l'ISQ (Intellectual services qualification) – OPQF (Office professionnel de qualification de la formation).

Par - Le 20 janvier 2009.

Inffo Flash - Laurence Parisot, présidente du Medef, a proposé le 16 décembre la création d'un observatoire d'évaluation de la formation, pour apprécier la qualité des formations et la satisfaction des besoins. Quel rôle l'ISQ pourrait-il y jouer ?

Bernard Monteil - La question de l'évaluation de la formation est fondamentale. L'Office professionnel de qualification de la formation, depuis sa création en 1994, a mis en place un processus d'évaluation dans le cadre de l'instruction des dossiers de qualification. Mais aujourd'hui, le déficit d'évaluation est encore très important, aussi bien pour les formations en entreprise, pour les dispositifs sur fonds publics, que pour les individus eux-mêmes. L'ISQ-OPQF est donc tout à fait favorable à l'initiative de création d'un “observatoire d'évaluation de la formation", à condition d'en décrire précisément les missions, le fonctionnement, les règles de gouvernance, et les garanties d'indépendance.

Notre rôle, dans un tel observatoire, est essentiel, car il apporte une expertise de l'évaluation de la qualité et du professionnalisme dans une perspective globale s'attachant à la qualité intrinsèque de l'action de formation, mais aussi à la mesure de ses effets en fonction d'objectifs spécifiques préalablement définis.

IF - Le groupe de travail sur l'offre recommande l'inscription des prestataires sur un “portail-répertoire" au lieu de l'enregistrement auprès de l'administration. Il souhaite que les organismes fassent l'objet de certifications ou de labels de qualité. Comment entendez-vous participer à cette démarche ?

B. M. - L'enregistrement actuel n'a pas beaucoup de sens, puisqu'il aboutit au constat d'existence d'un nombre très important de soi-disant organismes de formation, dont tout le monde sait que la grande majorité n'a pas ou peu d'activité. La taille, ou le niveau d'activité, ne sont pas en soi, bien entendu, un critère de qualité. Mais cette atomisation ne reflète pas la réalité de l'offre de formation et est nuisible à la visibilité et à la lisibilité de l'offre.

L'idée d'un portail, exprimée par le groupe de travail sur la qualité de l'offre, peut donc tout à fait être intéressante, si elle facilite la lisibilité grâce à une présentation simple, opérationnelle, facilement accessible, permettant une comparaison aisée.

L'ISQ-OPQF est particulièrement bien placé pour proposer un schéma de présentation, puisque nous demandons ce type d'information dans les dossiers de candidatures à la qualification. Ce portail devrait bien sûr afficher les labels obtenus par les prestataires et des exemples avec des références.

IF - Une des recommandations concerne la qualité des prestations assurées par les organismes d'“intermédiation". Comment l'ISQ pourrait-elle contribuer à la garantir ?

B. M. - Le principe de l'intermédiation peut apporter beaucoup d'aide pour certains destinataires. Je pense évidemment aux TPE et PME, et aux individus, qui sont souvent perdus dans un maquis d'informations parfois confuses.

Cependant, nous ne pouvons cacher un sentiment de grande méfiance, car l'intermédiation dans ce domaine manque souvent d'objectivité, de prise en compte de l'intérêt réel du destinataire (formé), quand ce n'est pas tout simplement de professionnalisme. Ceci est vrai tant pour certains Opca que pour des intermédiaires à visée plus mercantile.

Il serait donc nécessaire que la transparence du système d'intermédiation soit acquise, et que les règles de gouvernance garantissent l'indépendance des acteurs de l'intermédiation par rapport aux prestataires, quels qu'ils soient.

D'autre part, nous croyons qu'une “qualification" des acteurs de l'intermédiation devrait permettre d'attester de leurs compétences pour respecter ces règles. L'ISQ pourrait tout à fait proposer un système de qualification de ces acteurs de l'intermédiation.

IF - Le groupe n'évoque pas la simplification des labels et du dispositif de qualification existants. Pourtant, comme vous l'avez indiqué le 9 juillet dernier lors son lancement officiel, l'ISQ souhaite jouer un rôle, en lien avec la CNCP, au sein d'une “autorité indépendante d'évaluation de l'appareil de formation". N'êtes-vous pas déçu ?

B. M. - Nous n'avons aucune déception à exprimer sur ce sujet. Nous sommes convaincus que plusieurs systèmes de labellisation peuvent cohabiter, à condition de clarté et de lisibilité. Ils doivent donc évidemment être en nombre restreint, mais nul ne peut prétendre à la mise en place d'un système unique qui deviendrait vite technocratique. Il nous paraît essentiel de garder une grande capacité d'adaptation. Ce qui est essentiel c'est la finalité de toute approche de label et d'évaluation.

La finalité, c'est une valeur ajoutée permanente, pour favoriser l'amélioration de la qualité de la formation, du professionnalisme des formateurs et la mesure de ses effets. Tout autre résultat constituerait un échec.

Propos recueillis par Knock Billy