Charlotte

Duda

“Raisonner sur le contenu et le sens des actions de formation".

Modernité, réactivité, efficacité, ce sont les principes du monde de l'entreprise que Charlotte Duda veut promouvoir. Des garde-fous cependant : un organisme “compétent" pour superviser la base sur l'offre, et un système d'attestation des acquis après stage – ne serait-ce que pour obliger à réfléchir sur le sens des actions de formation.

Par - Le 20 janvier 2009.

Inffo Flash - Vous avez opté pour une auto-déclaration libre et gratuite sur un portail-répertoire. Pourquoi ?

Charlotte Duda - Nous sommes partis du constat qu'aujourd'hui, de nombreux sites internet initiés par différents acteurs proposent de l'information sur l'offre. L'utilisateur doit pouvoir, à partir d'un répertoire unique, repérer facilement les prestataires quelles que soient leur situation géographique et la finalité de l'offre proposée (formations certifiantes et préqualifiantes, formations d'insertion et de réinsertion ou formation d'adaptation aux postes de travail et à l'emploi).

Un autre souci de notre groupe de travail a été de dissocier l'administratif et le qualitatif. Nous avons souhaité que cette auto-déclaration soit suffisamment riche, étoffée, avec une possibilité de mise à jour quasi en temps réel quand un organisme développe un nouveau produit ou modifie son spectre d'intervention. Il s'agit d'avoir un site vivant auto-déclaratif complètement dissocié de l'administratif, d'autant plus qu'aujourd'hui, la déclaration d'activité (purement administrative) est perçue par beaucoup comme un “agrément", une reconnaissance quasi officielle. Ce site pourrait également servir de base à la constitution par les financeurs et les utilisateurs d'autres sites dans lesquels les informations administratives seraient complétées par des données quantitatives et qualitatives, sous la responsabilité de ceux qui produisent ces informations.

IF - N'y a-t-il pas de risques de dérives ou de fausses informations ?

Ch. D. - Oui, mais ce n'est pas à l'avantage d'un prestataire que de donner de fausses informations. Il se ferait très rapidement sanctionner par les clients. Il n'est pas réaliste de dire que l'on peut garantir de façon absolue la qualité des prestations. Dans la mesure où le marché s'inscrit dans une logique concurrentielle, on sait bien que la marque “entreprise" est extrêmement importante. Un organisme qui ne respecterait pas cette logique ou ne travaillerait pas pour proposer une offre de qualité serait voué à l'échec. Ceci pousse à l'honnêteté et à la responsabilité. Cependant, nous pensons qu'il faut assurer une maintenance pour un tel site.

Nous pensons que la maintenance de ce portail-répertoire nécessite d'être confiée à un organisme compétent. Nous pensons, sans pour autant indiquer le nom d'un organisme, que la maintenance devrait être assurée par un organisme sérieux, neutre par rapport à l'enjeu et jouissant d'une reconnaissance nationale. Cela peut être une administration ou un organisme sous-tutelle ayant un savoir-faire dans le domaine. Aujourd'hui, peu d'organismes répondent à ces critères.

IF - Si les Opca assurent une “intermédiation" auprès des PME, n'y a-t-il pas de risques de conflit d'intérêts avec la gestion des fonds de la formation ?

Ch. D. - Nous ne limitons pas les intermédiaires aux seuls Opca. Il y a aussi les fonds de gestion du Cif, les compagnies consulaires, les Régions, etc.

Les PME et TPE sont parmi les plus déficitaires en termes de conseils et d'accompagnement. Certains organismes se proposent, au-delà d'une première information, de facturer leurs prestations à leurs adhérents. Nous pensons qu'il serait utile de considérer que le conseil en formation fait partie intégrante de leur mission, depuis l'aide au diagnostic préalable, le choix de l'organisme prestataire, jusqu'à l'appréciation du service rendu. Cette mission pourrait être supportée par les frais de gestion, à la condition de faire l'objet d'un décompte spécifique.

On évoque régulièrement la question de la concurrence que feraient certains Opca aux organismes de formation qui proposent dans leur offre une aide au diagnostic des besoins, excédant alors la mission d'information qui leur est confiée. On peut cependant difficilement considérer que les PME soient, pour les prestataires de formation, un véritable marché en matière de conseil, et le risque de mauvaise concurrence est assez minime. Dans cette perspective, nous pensons qu'il serait utile que la puissance publique précise la mission confiée aux organismes paritaires.

Nous avons proposé, pour éviter toute ambiguïté, que la fonction d'intermédiation soit clairement séparée de celle de la gestion de fonds, et, bien évidemment, de la vente de prestations de formation.

IF - Vous proposez d'introduire un “document d'engagement préalable à une action de formation". Ne serait-il pas plus simple de faire appliquer la norme Afnor sur l'achat de formation ?

Ch. D. - Il peut s'agir de la norme Afnor ou d'une autre. C'est le libre choix de chaque entité de choisir le prestataire certificateur ou le processus qui lui convient. Les acheteurs de formation de certaines entreprises disposent de procédures propres, comparables à la norme Afnor ou OPQF.

IF - Vous préconisez une attestation des acquis. Mais la plupart des actions de formation ne dépassent pas trois jours...

Ch. D. - Si l'on pense aux demandeurs d'emploi, aux publics en difficulté ou aux personnes en reconversion professionnelle, la question de la durée de l'action de formation ne se pose pas. Notre idée au sein du groupe de travail a été de pousser les entreprises, les personnes, bref, tous les acteurs concernés, à raisonner sur le contenu et le sens de l'action de formation et à ses résultats en termes d'employabilité (ce qu'elle vise, à quoi elle va servir, comment elle s'inscrit dans la vie professionnelle de la personne concernée, à quoi elle a abouti, la suite à lui donner, etc.).

Propos recueillis par Knock Billy