Marie-Christine

Dalloz

Le deuxième rapport de Marie-Christine Dalloz[[Voir Inffo Flash n° 743, p. 4. ]], présenté le 24 mars à l'Assemblée, préconise une fusion “obligatoire" des Comités de bassin d'emploi et des Plie au sein des Maisons de l'emploi, un contrôle accru de leur financement et une évaluation externe de leurs activités. Explications.

Par - Le 22 mai 2009.

Inffo Flash - La préconisation phare de votre rapport consiste en une “fusion obligatoire" des CBE et des Plie, et le cas échéant des Missions locales, au sein des Maisons de l'emploi, le refus de fusion pouvant être sanctionné par une perte ou une diminution de subventions. Pouvez-vous nous expliquer le sens de cet avis ?

Marie-Christine Dalloz - Dans mon premier rapport[ 1 ]“Les Maisons de l'emploi, une dynamique territoriale au service de l'emploi et du développement économique", juin 2008. , je préconisais déjà l'intégration des Plans locaux d'insertion par l'activité économique dans les Maisons de l'emploi. Aujourd'hui, je provoque une réaction en demandant le caractère obligatoire de cette intégration des Plie, mais aussi des Comités de bassin d'emploi.

Forte du soutien de Laurent Wauquiez, qui trouve une logique à cette intégration, je ne peux que constater que ces trois instances sur les mêmes territoires font souvent le même travail avec des financements de l'État. Il y a donc un premier problème d'optimisation de l'utilisation des deniers publics.

Je les vois donc resserrer leur activité sur ce terrain avec les CBE et les Plie, qu'il s'agisse d'une véritable fusion avec disparition des entités juridiques ou de mutualisation de moyens. Je souligne à cet égard que nombre de Maisons de l'emploi intègrent déjà des Plie ou des Missions locales.

IF - Quel devrait être donc selon vous le partage des tâches entre les Maisons de l'emploi “fusionnées" et Pôle emploi ?

M.-Ch. D. - Le métier des Maisons de l'emploi n'est pas d'accompagner les personnes en recherche d'emploi, mais d'anticiper les mutations territoriales en termes d'activités et de compétences requises, grâce à leurs réseaux d'entreprises.

Leur mission devrait, à mon sens, être la réflexion en amont de l'accompagnement. Elles devraient fonctionner comme des observatoires voués à l'anticipation, à la stratégie avec la mise en place de GPEC territoriales. L'ingénierie devrait aussi constituer une activité importante en termes de développement territorial, notamment en matière de formation.

IF - Les Missions locales se spécialisent dans un accompagnement renforcé de publics jeunes et, qui plus est, dans une approche globale alliant en particulier le logement et la santé. De ce point de vue, le travail d'anticipation ne semble pas être leur priorité…

M.-Ch. D. - La question peut se discuter. C'est pourquoi je ne vois pas de caractère obligatoire à leur intégration dans les Maisons de l'emploi. En termes d'accompagnement renforcé, je les vois plus en effet travailler en synergie avec Pôle emploi, comme le préconise le rapport rendu public le 24 mars sur les relations entre les deux instances[ 2 ]“Une nouvelle coopération entre le réseau des Missions locales et Pôle emploi", mars 2009. CNML..

IF - La reconduction des financements d'État des Maisons de l'emploi ne semble pas acquise. Quels vont être les principaux critères retenus ?

M.-Ch. D. - La population du bassin d'emploi sera une base importante de calcul. Je propose le financement d'un poste de salarié par 20 000 habitants. Or, nous constatons des dérives ou abus avec des Maisons de l'emploi comportant 36 salariés pour 320 000 habitants comme à Dijon, et 3 pour 500 000 à Strasbourg.

L'Igas, qui a été missionnée pour revoir le cahier des charges des Maisons de l'emploi, devrait intégrer des effets pondérateurs à ce calcul, tels que les facteurs environnementaux ou d'infrastructures.
En tout cas, je ne suis pas favorable à ce qu'on intègre la variable chômage, qui est à mettre en relation avec d'autres initiatives financées par l'État, comme des plans de revitalisation.

IF - On constate une forte implication des élus locaux dans la mise en place des Maisons de l'emploi, d'aucuns parlent de “politisation"...

M.-Ch. D. - Il faut voir que la politique de l'emploi est, comme le rappelle toujours Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi, une politique nationale avec ses déclinaisons territoriales, assurant ainsi une égalité d'accès au service public de l'emploi.

Partant de là, il apparaît pour le moins curieux que les Maisons de l'emploi comportant des agents payés par
l'État se livrent à une concurrence en termes de prestations avec Pôle emploi, situé au cœur du service public de l'emploi.

IF - Votre rapport préconise la création d'un comité national de suivi des Maisons de l'emploi, comportant dix parlementaires, des représentants d'associations de collectivités territoriales et du ministère de l'Emploi. En quoi est-ce nécessaire ?

M.-Ch. D. - À l'heure actuelle, les Maisons de l'emploi s'auto-évaluent via Alliance villes emploi[ Dont Marie-Christine Dalloz est d'ailleurs vice-présidente (comme présidente de la Maison de l'emploi du Haut-Jura). [www.ville-emploi.asso.fr [/footnote] et envoient un bilan de leur activité au préfet, mais on sait que le rôle des élus est crucial en matière de labellisation et que le respect du cahier des charges peut varier d'une Maison de l'emploi à l'autre. Je pense qu'on rendra un grand service aux Maisons de l'emploi si l'instance d'évaluation devient la DGEFP, par l'intermédiaire des DDTEFP.

Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann

Notes   [ + ]

1. “Les Maisons de l'emploi, une dynamique territoriale au service de l'emploi et du développement économique", juin 2008.
2. “Une nouvelle coopération entre le réseau des Missions locales et Pôle emploi", mars 2009. CNML.