Didier

Cardon

La Région Picardie et la Fédération française de la formation professionnelle (FFP) ont signé en 2006 pour deux ans une charte de partenariat et d'engagement mutuel pour l'élévation du niveau de qualification des Picards. Premier bilan.

Par - Le 20 janvier 2009.

Inffo Flash - Quelle est la problématique en Picardie, au sujet des “personnes de bas niveau de qualification" ?

Didier Cardon - Le plan régional pour l'emploi et la formation (Pref) reflète l'attention particulière que nous portons à la situation des personnes de bas niveau de qualification. En Picardie, nous avons 6 % de plus d'ouvriers non qualifiés que la moyenne nationale, et ceci dans la deuxième région industrielle de France. C'est dire l'importance de la fragilité potentielle des personnes travaillant dans ses bassins d'emploi.

IF - Quels ont été à cet égard les objectifs du Pref et de la convention passée avec la FFP ?

D. C. - S'agissant du Pref, l'objectif était de diviser par trois le nombre de personnes sans qualification et de hisser cette population d'un niveau de qualification, sur dix ans.
S'agissant de la FFP, il est apparu que nous avions tout intérêt à nous fixer des objectifs communs, puisque les organismes de formation privés qui y adhèrent constituent 60 % de l'offre sur la Région.

IF - Quel premier bilan peut-on tirer de cette charte 2006-2008 entre la Région et la FFP ?

D. C. - Les parcours vers l'emploi couverts par cette charte ont été multipliés par trois, passant de 600 à 1 800 : un vrai succès ! La Région a soutenu financièrement les entreprises pour qu'elles achètent des formations d'adaptation à l'emploi.

Les parcours vers la qualification – contenus aussi dans les engagements de cette charte – ont été moins concluants. Difficile de trouver des entreprises prêtes à signer des contrats en alternance, pour les organismes de formation. Beaucoup plus difficile que pour les CFA, qui entretiennent davantage de liens avec les entreprises. Nous allons changer la formule de ces parcours et les concentrer sur les CFA.

IF - Cette charte portait également sur le développement de la VAE et du Dif. Quels sont les premiers résultats ?
_ D. C. - Les progrès sont insuffisants en matière de VAE, car les organismes de formation ont du mal à concevoir des modules appropriés aux compléments nécessaires demandés par le processus – comme pour le Dif, d'ailleurs. C'est pourquoi la Région bonifie ses prestations lorsqu'un effort d'ingénierie pédagogique est réalisé.
Un camion a circulé dans la Région pour faire la publicité de la VAE, embarquant des personnels de CIO, d'Opca et de Missions locales. Ils ont pu nouer ainsi 1 600 contacts, autant, sinon plus, qu'en une année.

IF - Avez-vous eu d'autres actions conjointes avec la FFP ?

D. C. - Oui, nous avons co-organisé nombre de rencontres thématiques, dont une sur le Code des marchés publics, pour les personnels des organismes de formation. Celles-ci ont connu un grand succès.

IF - Les Régions vont être de plus en plus encouragées à travailler avec les branches professionnelles dans le cadre de la réforme de la formation. Où en est votre Région, à cet égard ?

D. C. - Nous n'avons pas attendu la négociation des partenaires sociaux pour travailler avec les branches. La Picardie a signé un Edec (engagement de développement des emplois et des compétences) avec l'État et huit Opca de branche, pour former les personnels ayant des niveaux V et infra-V, proches de l'illettrisme.
Nous avons aussi passé un accord avec la branche transport et son Opca pour mettre en place des parcours qualifiants comprenant des contrats de professionnalisation à destination des demandeurs d'emploi.

Cette capacité de mobilisation devrait être mieux reconnue. Après tout, la Région a dépensé 90 millions d'euros pour les chômeurs en 2007, et l'Assédic, 9 millions.

Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann